Alors que nous avions prévu une balade tranquille de quelques kilomètres sur du plat autour du Lago Morasco, au fond du Val Formazza, nous profitons d’une éclaircie pour pousser jusqu’au Lago del Sabbione puis nous rendre au Rifugio Città di Busto et redescendre ensuite à l’Alpe Bättelmatt. Le retour au point de départ se fera par la route.
Aujourd’hui, c’est jour de repos. Jour de repos ? Késako ? Lors de la préparation de nos vacances, nous prévoyons toujours un jour avec des activités physiques moins intenses, question d’éviter de trop tirer sur la corde et ne pas parvenir à réaliser tout ce qui est prévu.
Pas pressés de quitter San Rocco ce matin, nous arrivons au parking situé après Riale, à environ 10h15. Le temps est couvert, il fait 4° C à la sortie de la voiture et il y a une petite brise fraîche.
Que trois voitures sur le parking : peu de téméraires osent braver le froid ce matin.
Oui, ça pince vraiment et Stefano a mis quatre couches, ainsi que les gants !
Nous montons vers le barrage par la route goudronnée. Un panneau indique le but de notre randonnée, à savoir le Giro del Lago di Morasco (tour du lac de Morasco).
Vue sur le barrage depuis le sentier. La Diga di Morasco a été construite entre 1936 et 1940, l’année où l’Italie entre en guerre aux côtés de l’Allemagne.
À noter que sous le lac, il y a les restes du hameau de Morasco, ou Moraschg en langue Walser, comprenant un peu plus de vingt maisons en pierre et en bois. L’église jaune que l’on voit à Riale, celle qui se trouve au sommet de la colline au-dessus du village, a été construite en mémoire de la petite église de Morasco engloutie par les eaux, et est dédiée à Sainte Anne.
Contrairement à ce que Stefano avait « vendu » à Marie-Catherine, il y a bien une (toute petite) montée. Damn it!
Vue depuis l’endroit où le Rio di Morasco se jette dans le lac. Nous marchons depuis une heure.
Une petite plage avec quelques rochers. Un endroit idéal pour prendre quelques photos du lac.
Vous aurez remarqué qu’un peu de lumière filtre à travers les nuages.
Nous arrivons à proximité de la centrale électrique de Morasco, dédiée à Piero Ferreiro, ancien président de la société Edison, disparu en 1957, l’année même de l’inauguration de la centrale.
Cette passerelle est malheureusement fermée au public.
À noter que la centrale est entièrement située dans une grotte creusée dans la montagne et exploite les eaux de la Diga del Sabbione. Il s’agit de la première centrale électrique où l’automatisation a été largement exploitée. Elle est en effet entièrement contrôlée depuis la centrale de Ponte, également située sur la commune de Formazza (référence : Wikipédia).
Le temps s’est légèrement arrangé et nous décidons de monter un peu, au moins jusqu’aux constructions que l’on voit en bas à droite sur la photo.
Non, nous n’avions pas prévu de passer par là de toute façon. C’est un sentier « non officiel » qui longe les falaises du Rio del Sabbione, à priori réservé aux casse-cous.
Le soleil se montre de moins en moins timide. Nous sommes ici sur un ancien bout de la Route du Sbrinz, que nous avons eu l’occasion de mentionner maintes fois dans nos billets.
Décidément, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond aujourd’hui, car nous continuons de monter alors que nous étions censés faire le tour du lac…
La faute à ce panneau annonçant le Lago del Sabbione à moins de 2 heures de marche. Marie-Catherine fait des pieds et des mains pour qu’on y aille.
Au grand dam de Stefano, qui pensait pouvoir se la couler douce aujourd’hui, nous entamons la montée vers le « canyon ».
Pour rappel, nous étions descendus par ce chemin en 2022, lors de notre randonnée intitulée Lago del Sabbione et Alpe Bättelmatt.
Allez savoir si ce chemin était autrefois aussi fréquenté par le bétail. En tout cas, au jour d’aujourd’hui, ce serait impensable.
Vue sur la belle route plate qui fait le tour du lac, celle qui aurait pu (et dû, insiste Stefano) être notre seul effort physique de la journée. Aussi, les montagnes surplombant Riale sont au soleil, alors que nous sommes encore partiellement sous les nuages.
Le premier « canyon », et la montée la plus raide, sont derrière nous.
Le deuxième « canyon » est devant nous, tout comme les nuages par ailleurs.
Après quelques efforts supplémentaires, nous arrivons à la sortie du deuxième « canyon ».
Devant nous, un pierrier. Difficile à croire mais un sentier se faufile parmi les rochers et les cailloux. Ce qu’il y a de réjouissant, c’est que le soleil pointe son nez à l’horizon.
Parviendra-t-il à traverser la rivière ?
Visiblement oui, car nous franchissons ensuite sans difficulté le pierrier. En haut à gauche sur la photo, le Rifugio Città di Busto, avec ses volets rouges.
Arrivés sur le replat, nous regardons la montagne en face de nous, là où le 24 septembre dernier, un glissement de terrain s’est produit autour de 17 heures et a emporté deux jeunes randonneurs de la région de Novara, qui ont eu l’infortune de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Nous avons une pensée émue pour Marilena (31 ans) et Matteo (34 ans), les deux disparus. Nous imaginons la douleur des deux familles, en particulier celle de Matteo, dont le corps n’a pas pu être récupéré.
Nous étions passés par ce même chemin il y a un an environ. De l’aveu de Stefano, la pensée que les victimes ça aurait pu être nous, le hantera plusieurs nuits.
Nous avançons, le cœur rempli de tristesse, et arrivons à proximité de constructions surplombant le barrage et le lac.
Barrage et lac que voici, par ailleurs.
Marie-Catherine, intriguée par une sculpture se trouvant à proximité, va regarder de près de quoi il s’agit.
C’est un monument à la mémoire de Massimo, un garçon disparu à l’âge de 17 ans. À son pied, se trouve une inscription qui dit plus ou moins ceci (traduit de l’italien) :
Massimo, je t’ai ramené dans les endroits que tu aimais tant.
De là-haut, avec ton ange gardien, guide-nous sur le chemin ainsi que tous ceux qui viendront ici pour profiter des merveilles de la Création.
Ton ami Giancarlo
Vue sur le lac.
Nous avançons encore quelques dizaines de mètres.
Bravo à Marie-Catherine pour cette belle photo avec ce long câble en acier qui traverse le lac.
Zoom sur le glacier (mourant) du Sabbione.
Il est déjà 14h30 et la faim nous tenaille. Un petit air frais s’est par ailleurs levé et nous allons nous réfugier contre le mur d’un ancien bâtiment de chantier transformé en colonie de vacances.
Alors que nous sommes sur le point de repartir, deux messieurs, un jeune et un moins jeune arrivent, habillés avec de vestes arborant le logo Enel. La conversation s’engage. Il s’agit des deux gardiens du barrage qui font leur tournée d’inspection des vannes de la conduite d’eau qui alimente la centrale de Morasco.
Nous demandons comment sont les conditions de vie ici et l’un d’eux nous dit que la cuisine ici est bien mieux équipée que la sienne ! Ils ont Internet et tout ce qu’il faut pour occuper leurs soirées. Bref, ils ont l’air super heureux.
Le plus jeune nous montre le côté de la montagne sous le Corno di Ban qui a été raboté pour récupérer le matériel nécessaire pour la construction du barrage. Le ciment était préparé sur site et les trous que nous voyons sur les flancs de la montagne opposée sont des restes d’ancrage pour les nacelles qui acheminaient le béton.
Il est 15h passées et nous quittons les lieux, en suivant le même sentier qu’à l’allée. Il y a encore une brise froide et nous gardons la couche que nous avions ajoutée tout à l’heure.
Chouette, les montagnes sont presque toutes dégagées.
Le haut du pierrier.
Vue depuis le pierrier : en bas, le Rio del Sabbione et à mi-côte l’on devine l’étable de l’Alpe del Sabbione.
Arrivés en bas du pierrier, Stefano propose de monter au Rifugio Città di Busto par le sentier raide que l’on avait repéré lors de notre première visite.
L’idée est de redescendre ensuite à l’Alpe Bättelmatt par le sentier que nous avions parcouru l’année passée. Bon, yaka monter alors !
Il n’y a que 250 mètres de dénivelé à franchir, mais que c’est long et raide ! Nous voici en vue du refuge.
À croire que les volets ont été repeints juste avant la fermeture hivernale du refuge.
Les nuages sont « gentiment » de retour, mais une vierge vieille sur nous afin que nous rentrions au sec.
Quelques mètres à côté du refuge, l’on trouve ce joli autel.
Pendant que Marie-Catherine prend la photo de l’autel ci-dessus, le brouillard arrive.
C’est un signal : il nous faut partir, car la descente sera longue.
Au revoir joli refuge, à une prochaine.
Après une longue descente, nous approchons de l’Alpe Bättelmatt, où est produit le fromage qui porte le même nom (parfois écrit Bettelmatt ou Battelmatt).
Le Passo del Gries n’est pas loins, mais ce sera pour une prochaine fois. Il est déjà 17h30 et il nous reste encore une heure de marche jusqu’à la voiture.
Puisqu’il est tard, plutôt que de passer par le sentier, nous prenons la route, qui a l’avantage de moins solliciter notre attention.
La route est sans fin mais tout est une question de temps, comme dirait Marie-Catherine.
Nous sommes maintenant en bas, au bout du lac. En face de nous, l’on voit la conduite forcée, protégée par un revêtement en béton, qui achemine l’eau du Lago del Sabbione à la centrale.
Il est déjà 18:30 lorsque nous arrivons au barrage.
Notre fidèle monture nous attend patiemment sur le parking, esseulée mais pas triste. Ce sera la dernière photo de notre journée de repos.
Conclusion : une belle randonnée de 20 km pour aller redécouvrir le Lago del Sabbione.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
Au pied de la Diga di Morasco.
Cette fois, sur la Diga di Morasco.
Au Lago di Morasco.
Quelque part en montant vers le Lago del Sabbione.
A la Diga del Sabbione.
Et enfin, de retour au parking, à Riale.