Première randonnée des Two Swiss Hikers dans les montagnes surplombant Leysin. Partis ce matin de la maison, sur place vers 10h, le tracé du jour nous balade, par monts et par vaux, dans le secteur de la Tour d’Aï.
Nous quittons la maison un peu après 8h en direction de Leysin. Une première. Stefano nous a trouvé un petit appartement pour deux nuits et, en comptant cette journée, nous avons trois randonnées possibles à choisir parmi un panel préparé amoureusement par Stefano.
Pour aller à Leysin, il faut longer le lac en direction de Montreux. L’autoroute est en travaux (comme toujours me direz-vous) et il y a même des sections sur lesquelles la vitesse est limitée à 60. Autant dire qu’on mettra un peu plus que les 1h14 annoncées par Google Maps. Les ralentissements me permettent de contempler le lac, les montagnes qui le surplombent et les coteaux de vignobles. Ces coteaux là-même, dits de Lavaux, inscrits sur la longue liste de sites placés sous la protection de l’UNESCO. Qu’elle est belle la Suisse quand même !
A cause d’une sortie d’autoroute fermée (pour cause de travaux, évidemment), nous arrivons à Aigle par des petites routes. S’ensuit une belle montée, délicieusement chaloupée et mon estomac est bien content lorsque nous arrivons au parking, situé à proximité d’une vieille carrière : la carrière des Chamois. Il faut imaginer un petit cirque d’une cinquantaine de mètre de diamètre, entouré de falaises d’une quinzaine de mètres de hauteur, toutes équipées pour l’escalade. Le sol est rough, entre cailloux et rochers. Deux tas imposants de tronc d’arbre limitent la capacité du parking.
Du côté de la vallée, je distingue l’autoroute et quelques petits plans d’eau en bordure qui doivent faire le bonheur des véliplanchistes et autres amateurs de sport nautique.
Nous voilà partis pour notre première randonnée de notre weekend de l’Ascension dans les Alpes vaudoises. Stefano me parle d’une tour, la Tour d’Aï, qui semble être l’objectif de la journée.
Une route goudronnée, montant progressivement, nous amène près d’un chalet buvette, Le Temeley.
L’air est frais mais le soleil devient insistant et notre température corporelle ne tarde pas à s’élever. A moins que ce ne soit la montée que nous avalons d’un pas rapide. Allez savoir.
Le Temeley.
La végétation dans les prés est incroyablement dense. Les herbes sont hautes, d’au moins 30 centimètres. Le bétail a de beaux jours devant lui.
Nous quittons le confort de la route et partons en direction de La Berneuse, un restaurant circulaire vitré érigé sur un sommet.
Berneuse que nous ignorons pour rester à flanc de montagne avant de redescendre vers le lac d’Aï.
Nous sommes au col du Luissel, à 1835 mètres d’altitude. Et la balade ne fait que commencer.
Cette pointe s’appelle La Riondaz. En contrebas, le col du Luissel.
Nous avons hâte de contempler la vue qui nous attend, devant. Néanmoins, nous avançons prudemment, car le sentier est étroit, et la pente prononcée. Pas sûr qu’en cas de glissade inopinée nous puissions nous arrêter rapidement.
Derrière, la vallée où on distingue un des plans d’eau dont je parlais précédemment. Les anémones pulsatilles bordent le chemin.
En voici une, photographiée vite fait. Elle est encore toute humide de rosée.
Au détour du chemin, la Tour d’Aï se dévoile : un énorme bloc rocheux, incliné.
La voilà dans son entièreté. Je ne crois pas que l’objectif de la journée soit d’y monter vraiment. Elle semble inaccessible, en tout cas pour des randonneurs de pré à vache comme nous.
La descente vers le lac est délicate. Les ratracks ont laissé de profondes ornières sur le chemin que les récentes pluies ont remplies d’eau et de boue.
La balade prend alors un ton que je n’avais pas du tout prévu. Au lieu de monter et de nous diriger vers la Tour d’Aï, nous virons sur la gauche, vers une retenue d’eau vraisemblablement utilisée pour alimenter les canons à neige. Il reste quelques névés.
Le sentier descend sèchement, dans les prés, et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, nous passons de 1905 mètres à 1533 mètres. Autant de mètres que nous devrons remonter. Mes jambes ne s’en réjouissent guère car aujourd’hui, elles sont remarquablement inefficaces. Mon mental se concentre sur la suite. Stefano s’étonne de mon mutisme.
La descente se termine et nous traversons les pâturages pentus surplombant le hameau de Luan.
La montée reprend et nous amène au col de Tompey. Le voici, alors que nous venons de le passer.
Devant, une montagne au nom improbable : Sex du Parc aux Fayes. Autrement dit, le Le Rocher du Parc des Brebis (le sex = le rocher = la pare et fayes = feyes = brebis – du latin feta). Le lac que l’on voit n’est autre que le lac Léman.
Nous arrivons sur la crête. Côté nord-est, un nouveau monde se dévoile. Une vallée, des routes, des montagnes et quelques chalets d’alpage. Tout un nouveau terrain de jeux à explorer.
Gros plan sur le fameux Sex du Parc aux Fayes.
Devant nous, une crête que le sentier semble suivre sur le fil du rasoir mais qui se perd dans la luxuriance de la végétation. Néanmoins, trace ou pas trace, il y a une constante : une belle pente, bien raide. C’est décidé : ce soir, je vide mon sac de tout chose non essentielle et mon appareil photo restera dans la voiture.
Encore un peu plus haut… Nous cherchons vainement à apercevoir la boule de La Dôle. Elle est là, quelque part, mais absorbée par la brume ambiante. A gauche, Le Bouveret.
Encore un petit effort. La croix de la Chaux de Tompey nous attend. Mais elle se mérite, la bougresse.
Arrivés sur le petit dôme, nous nous y installons pour piqueniquer. Le soleil joue à cache-cache et un petit vent faisant office de climatiseur naturel sèche nos tee-shirts trempés en nous faisant frissonner.
La suite de la balade se continue sur la crête. Parfois si étroite que Stefano s’en éloigne d’un mètre ou deux, dans la pente, pour éviter la vision du néant sur notre droite. Notre prochain objectif est la Chaux de Mont, où arrive la remontée mécanique aperçue plus tôt, celle-là même qui longue les contreforts de la Tour d’Aï.
De la croix de la Chaux de Tompey, il y a d’abord une petite descente histoire que le sang descende bien dans l’estomac pour contribuer à la digestion. Puis, traitreusement, la pente s’inverse et s’intensifie et le sang, bien occupé, oublie de venir nourrir en oxygène les jambes.
Que voit-on ici ? Au centre, ce petit téton abrite La Berneuse. Sur sa droite, le col du Liussel et le prochain pic est La Riondaz. La descente dont je parlais s’est faite dans la belle pente recouverte d’herbe. Puis, partant du coin inférieur gauche, la crête qui monte qui monte (comme la petite bête) pour arriver à la Chaux de Mont, hors cadre.
Quelque part, entre les deux chaux.
En cas de doute, suivre les flèches… Les structures métalliques du télésiège sont visibles.
La Chaux de Tompey, le Sex du Parc aux Fayes, Le Bouveret et le Léman. En suivant la ligne de crête, sur la gauche, d’autres pics : Sex des Paccots, Sex des Nombrieux. Un troisième, peut-être masqué, le Sex de la Sarce.
Nous y sommes ! La Tour d’Aï.
Une peu noyée dans les nuages. Un gros bloc de de roche calcaire, imposant, presque intimidant.
Plutôt que de redescendre par le pré, nous décidons de suivre le sentier qui longe la paroi.
Il promet d’être fun.
La Berneuse, en face.
Effectivement, le sentier s’avère être agréable et relativement facile. Il suit fidèlement la falaise et nous fait contourner le lac d’Aï.
Sur la gauche, le half-pipe. Au centre droit, la Chaux de Mont.
Quelques grimpeurs s’exercent sur des voies équipées.
Entre la falaise et les mélèzes…
Nous voici en bas, près du lac, dans un petit hameau constitué exclusivement d’étables fermées. Qui, l’hiver, sont converties à d’autres fonctions, si on en croit quelques panneaux comme « WC ».
Ayant ignoré La Berneuse à l’aller, nous nous devons d’aller y faire un tour. Ce sera l’ultime montée, me promet Stefano. Derrière la Tour d’Aï, deux autres tours se dévoilent : la Tour de Mayen et la Tour de Famelon. Les trois tours emblématiques de Leysin.
La Berneuse.
Une oeuvre d’art, sur fond de monts et de vaux.
Nous devons rejoindre le col du Liussel.
Un petit sentier part de La Berneuse et zigzague entre les falaises.
Très vite, nous voilà au chalet Le Temeley.
Le retour à la voiture se fait par la même route que celle suivie ce matin. Il fait délicieusement bon, et notre première journée à Leysin nous laissera de très bons souvenirs.
Avant de découvrir l’appartement, nous faisons un petit détour par un partenaire Migros où nous avons la bonne surprise d’y trouver des bières, et du jus de pommes, en plus des victuailles pour le dîner. L’appartement a été refait à neuf et sa terrasse est au moins aussi grande que la partie couverte. Nous nous y installons confortablement, sous une couverture (car il fait frisquet et nous sommes à l’ombre), nous sirotons nos bières-jus-de-pomme en contemplant une montagne dont nous ignorons le nom mais où arrive une remontée mécanique. Peut-être s’agit-il du Roc d’Orsay car la rue où nous logeons porte le même nom.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Flore du jour
Autoportraits du jour
A la Chaux de Tompey, à l’heure du pique-nique.
En pied, au même endroit.
Au retour, près du lac d’Aï.