Retour à Sevenmile Canyon

Dernier jour à Moab sous une lumière maussade et avec une jolie couche de neige. Prudents, nous renonçons à la découverte du panneau Comet Thrower et partons nous balader dans Sevenmile canyon.

Le temps est à peu près similaire à celui d’hier. Il a un peu neigé cette nuit et une fine poudre blanche recouvre Moab et les environs.

Le programme du jour nous conduit sur la route de Canyonlands à l’entrée de la piste qui mène un panneau qui répond au nom évocateur de Comet Thrower. La neige est immaculée. Personne n’est passé. Nous regardons ce long ruban blanc qui se perd à l’horizon. Que fait-on ? On y va ? On n’y va pas ? Moi j’aurais tendance à être un peu plus audacieuse que Stefano. Mais il me rappelle que, de toute manière, pour aller voir le panneau, il faut se faufiler et ramper sur un ledge étroit. Ce qui suffit à calmer mes ardeurs.

Nous redescendons donc vers Moab et nous arrêtons non loin de Intestine Man panel.

Nous commençons par retourner voir TV Sheep panel. Toujours aussi sympa, ces 3 chèvres (ou plutôt 2 chèvres et demi) au corps rectangulaire comme un écran de télévision. Sans parler des pieds très minimalistes de ces télés, représentés par quatre pattes disproportionnées par rapport à la taille des écrans. Sur les coins supérieurs gauches, un prolongement pour la queue et à l’opposé des têtes cornues – les antennes de réception – , elles-aussi sous-dimensionnées.  Les stries horizontales de la roche ajoutent un effet particulier. Il rappelle les lignes qui défilaient lorsque, pour une raison ou une autre, la réception télé était coupée.

Le ton de la journée sera terne. Ocre et grisaille au programme. Mais il ne pleut pas, ne neige pas, ne vente pas.

Un peu plus loin, sur le même pan de falaise, Intestine Man panel. J’ai un petit peu (un peu plus qu’un peu, aux dires de Stefano) trafiqué les couleurs pour faire ressortir les détails de ce panneau exceptionnel pour de multiples raisons.

D’abord, il y a la finesse des traits.

Commençons par les trois lignes de la « chevelure » de l’anthropomorphe de gauche. D’un côté, elle se termine par des poils ou des plumes. Un oiseau, dont la queue est délicatement représentée, s’en approche. De l’autre côté, quatre formes y sont accrochées. Difficile à dire. Oiseaux ou insectes, à l’image de celui qui vole, à droite de l’anthropomorphe central.

Puis, au centre, l’anthropomorphe qui donna son nom au panneau. Un large torse, dans lequel sont dessinées ce qui semble bien être les circonvolutions d’un intestin. Un écorché vif d’avant l’heure. Ce n’est bien sûr qu’une présomption, mais la représentation est très proche de la réalité. A part peut-être le fait qu’il occupe tout le torse, au lieu de la partie inférieure seulement. De longues franges terminent la silhouette.

Enfin, la créature ailée, qui est peut-être ma préférée. Un homme-oiseau. Trois lignes, également, pour représenter les ailes, donc chacune d’elle contient une plume. Au niveau des épaules, à gauche, deux formes ailées s’en détachent. Les membres supérieurs et/ou inférieurs accrochés sont sous-dimensionnés.

La ribambelle de six oiseaux nous avait déjà laissés bouche-bée, lors de notre première visite. D’une part à cause de la délicatesse des pattes et d’autre part par les oiseaux en plein vol, dessinés entre chacun d’eux.

Nous traversons la highway 313 pour rentrer dans Sevenmile canyon.

Nous nous faufilons entre la paroi et une barrière en suivant des traces fraîches de pas.

Le premier panneau est très rapidement à portée de vue.

Les dessins sont anciens. A noter un loup-chien-renard à partir duquel Walt Disney s’est très certainement inspiré et un pied dans le nombre d’orteils nous donne des sueurs froides.

Près de jolis cottons wood trees.

Nous sommes en mode suiveurs. Les traces des randonneurs qui nous ont précédés nous amènent tout droit vers le Kokopelli panel.

Pas facile, avec l’éloignement obligé et le manque de lumière. Mais oui, ce sont bien eux, ces kokopelli courbés, à la posture espiègle et facétieuse.

Moi, en train de déblayer un mur de tumbleweed avec deux branches.

Tout ça pour aller voir des pétroglyphes très atypiques.

En plus d’être originaux, ils ont été criblés de balle.

Stefano, en mode observation.

Vue de Sevenmile canyon depuis le Centipede panel.

L’endroit sur lequel a été dessiné le centipède et l’anthropomorphe qui l’accompagne est improbable. D’abord par la qualité passable, voire médiocre du support, puis, son accessibilité.

Encore moi, et mes amis, les cotton wood trees.

Le prochain panneau sera le Lonesome Shaman panel. Nous avons perdu les traces et sommes en mode recherche.

Stefano se rappelle plutôt bien la configuration de l’emplacement et le trouver se révèle être un jeu d’enfant.

Le shaman solitaire.

Du vert, du rouge et du blanc. Le blanc, difficilement visible, avec la lumière environnante.

Nous redescendons prudemment dans le canyon.

L’ultime panneau de Sevenmile canyon est le Guardian panel. C’est un unfinished business, comme nous avons coutume de dire. La dernière fois, il était coupé en deux par l’ombre et la lumière. Nous avions vainement attendu, mais, à bout de patience, avions renoncé. Stefano regarde le ciel et me dit, les yeux rieurs : au moins, aujourd’hui, nous n’aurons pas le même souci !

Sauf que… Déception ! Avec ou sans soleil, coupé en deux ou en entier, la silhouette du Guardian panel n’est qu’une forme vague et grossière. Pas besoin d’en faire tout un foin !

Nous enjambons la chaîne pour continuer l’exploration de Sevenmile canyon, même si nous savons qu’il n’y a que peu de chance d’y trouver quelque chose.

Nous trouvons un joli arbre, avec un trou béant qui pourrait faire la joie d’une colonie de… petits animaux. Des bourgeons occupent les extrémités des branches, attestant de la vie qui l’habite encore.

Encore moi, avec mes potes.

Après environ 15 minutes, nous opérons un demi-tour. A l’entrée de Sevenmile canyon se trouve un panneau très très intéressant : Snake in Mouse panel. Nous dépassons nos traces du matin et avons la surprise de croiser un cycliste, qui semble ravi de l’expérience qu’il est en train de vivre. Il nous dit néanmoins avoir renoncé à monter voir le panneau. Nous comprenons très rapidement pourquoi. La pente qui y mène est recouverte d’une petite couche de neige qui nous semble tout ce qu’il y a de plus traître. Nous nous contenterons de notre zoom.

Qui nous permet, sans être trop exigeant, de constater la présence du serpent – de couleur verte – dans la bouche de la forme anthropomorphique de droite.

Arrivés à la voiture, comme il est encore un peu tôt, nous longeons le Colorado pour aller voir le Birthing panel et surtout aller constater par nous même les dégâts subis fin avril dernier. Entre le lundi soir et le mardi matin, 26 ou 27 avril 2021, des vandales ont enjambé la barrière qui entoure le monolithe et ont tracé, avec une pierre, des mots obscènes, ont dessiné un pénis et ont écrit white power par-dessus deux formes anthropomorphiques. Là, on ne parle plus de claques qui se perdent. On parle de coups de fouet, de préférence incrusté de clous. Reste à retrouver les coupables pour infliger la peine.

Révoltant.

Heureusement, la face la plus riche n’a pas été trop abîmée.

Ravis de notre journée volée à la météo, nous rentrons à l’hôtel avant de repartir, 3 minutes plus tard, pour notre cantine préférée de Moab.

Autoportraits du jour

Près du Centipede panel.

Mais comme on ne le voit pas très bien, seconde tentative plus réussie.

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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