L’objectif de la randonnée du jour est fixé avant que nous quittions la maison : le Chalet de la Croix. Plus exactement le Chalet de la Croix du Vuarne, mais le « Vuarne » (qui signifie sapin blanc en patois romand) est tombé en désuétude.
Ce chalet, nous ne l’avons vu qu’une fois. C’était cet hiver, lors d’une mémorable balade en raquette où la couche de neige fraîche nous arrivait jusqu’aux genoux. Nos quadriceps s’en rappellent encore. A quoi ressemble-t-il en été ? C’est ce que nous allons découvrir…
Nous laissons la voiture de l’autre côté du Col du Marchairuz, sur le parking de la Grande Rolat, point de départ du sentier qui mène à L’Intercommunal, ce petit refuge découvert ce même jour.
En fait de sentier, c’est plutôt une belle piste forestière qui traverse des pâturages – hélas – laissés à l’abandon.
Les arbres deviennent plus nombreux mais la route demeure.
Moins d’un kilomètre après avoir quitté la voiture, nous arrivons à L’Intercommunal.
Il paraît un peu plus « misérable » que cet hiver. Une vitre est fendue, une autre remplacée par du plastique. Mais comme je dis à Stefano : en détresse, perdus, par une journée d’orage ou coincés par la neige, ce refuge nous semblerait un vrai palace.
Dommage que cet endroit ne soit pas ouvert aux vaches avec cette belle herbe verte et tendre.
Nous sommes déçus de ne pas trouver le chalet Ma Chaumine ouvert. Ça aurait été l’occasion de faire connaissance avec les propriétaires.
L’herbe est beaucoup moins verte sur le plateau de la Sèche de Gimel. Derrière le mur, l’herbe est encore haute car jamais pâturée. Nous échafaudons mille plans pour laisser les vaches s’échapper et profiter de l’offre de la nature.
Lorsque nous marchons sur la fine couche herbeuse, cette dernière « craque », témoignant de la sécheresse qui sévit.
Nous suivons la route qui monte vers le nord, dans la forêt et arrivons au refuge de La Joratte. Là encore, c’est une découverte de cet hiver, lors de la même randonnée qui nous avait mené au Chalet de la Croix.
C’est un peu la copie conforme de L’Intercommunal, mais inversée. Il y a eu un horizontal flip.
C’est incompréhensible cette manie qu’ont les gens de laisser leur nom sur les murs.
Du refuge, toujours dans la même direction, nous parcourons environ 700 mètres avant de bifurquer sur la gauche, sur une route, à peine moins bien tenue que celle où nous sommes.
La route où nous sommes :
Même la TSH Mobile y passerait.
Nous sommes surpris de constater que l’herbe aux alentours du chalet a été fauchée.
Très vite nous constatons que seul l’accès à la porte a été dégagé. Mais ô surprise, l’intérieur est en parfait état, prêt à accueillir le voyageur égaré ou connaisseur.
À croire que la commune du Chenit, après le rachat du pâturage en 1973, a transformé l’ancienne partie habitable du chalet en refuge.
Une échelle permet d’accéder à un galetas où une couverture est pendue au plafond, afin de la protéger de la vermine.
Passé l’entrée, c’est la forêt vierge, là où autrefois il y avait sans doute des pâturages. Parmi ces plantes il y a des orties (nos mollets s’en souviennent encore) et très certainement du fenouil car lorsque nous marchons se dégage l’odeur très caractéristique de ce légume. À moins que ce ne soit une odeur de carotte (voir la section Flore du jour).
Il émerge à peine…
Nous revenons sur nos pas, retrouvons la piste et, marchant toujours en direction du nord, la piste se transforme en une route goudronnée.
Nous apercevons un toit rouillé sur le notre droite. Il ne nous en faut pas plus pour dévier de notre route et nous en approcher.
Un troupeau de génisses, rangées en rang d’oignon, nous regardent passer. Nous sommes l’attraction du jour.
Elles nous suivent du regard lorsque nous passons le mur, très certainement jalouses de constater qu’il ne constitue pas un obstacle pour nous.
A proximité, le Chalet de Lande Dessus.
L’avant-toit abrite une belle série de cloches.
Il y en a pour toutes les occasions : mariages, anniversaires, commémorations diverses et variées…
Non loin, un second couvert où des vaches, imperturbables, nous observent.
Qu’est-ce qui leur passe par la tête ?
Nous retrouvons un sentier balisé…
qui nous emmène jusqu’à la route du Col du Marchairuz.
C’est la première fois que nous faisons ce type de boucle. Généralement nous restons toujours que d’un seul côté.
Très vite nous tombons sur un joli couvert. Voici une des ces faces…
et voici l’autre : sur ces deux photos hors contexte, qui pourrait penser que c’est le même ?
Il nous faut maintenant descendre dans la vallée. Le sentier est raide mais bien balisé : impossible de se perdre.
Nous passons sous des remontés mécaniques…
et arrivons en vue de La Meylande du Télégraphe.
A peine nous ont-elles vus arriver que les génisses accourent. Je ne suis pas rassurée car elles sont très entreprenantes. Elles commencent à lécher nos sacs, nos mollets et lorsque nous leur tournons le dos, elles emboîtent le pas. Une génisse, passe encore. Mais 10 génisses, c’est beaucoup. Alors que dire de 15 ? Beaucoup de poids, de muscles, de sabots. Et c’est d’autant plus inquiétant qu’il y a un effet de masse. Stefano fait un geste involontaire un peu brusque et les voilà qui nous contournent en galopant.
Nous rentrons les épaules, baissons la tête pour tenter de nous rendre invisibles. Ça marche plus ou moins et elles arrêtent de nous suivre. Ouf.
Alors que nous sommes devant le chalet de La Meylande du Télégraphe en train d’admirer la cheminée recouverte de tavillons joliment disposés, nous entendons des bruits de pas traînants venant de l’intérieur et le propriétaire sort sur le pas de la porte.
Il nous invite gentiment à rentrer et nous fait visiter son château. Il en est très fier. Le chalet est magnifiquement entretenu et la majeure partie des pièces d’origine (murs, cheminée, …) a été conservée. Les poutres portent les marques des années et les murs intérieurs ont été débarrassés de tout enduit afin de laisser apparaître les pierres d’origine.
Le propriétaire nous raconte l’histoire de la vallée, l’époque de l’industrie du fer, florissante jusqu’à ce que le fer importé d’Allemagne, meilleur marché, n’en provoque la disparition. La reconversion qui s’en suivit fut dans le domaine de l’horlogerie. Les familles Meylan et Rochat sont légion ici, au Brassus.
L’étable a été reconvertie en une bibliothèque douillette et confortable. Nous sortons du chalet pour aller admirer le potager où il s’essaye à la permaculture en prévision du cataclysme prochain (!). Nous ne rebondissons pas sur le sujet et passons aux au-revoir tout en le remerciant chaleureusement de son temps et de nous avoir ouvert ses portes.
Commentant notre visite, nous continuons vers le nord-est, sur la route goudronnée. Derrière nous, La Meylande du Télégraphe ; le hameau en contre-bas est le hameau dit Le Rocher.
Le prochain chalet est La Meylande Dessous.
L’entrée barrée et le jardin et les fenêtres fleuris nous font comprendre que le chalet est désormais privé ; nous gardons donc nos distances.
Et voilà La Chirurgienne ! Encore consacrée à l’élevage bovin, semble-t-il.
Seul regret : le canapé en simili cuir qui traîne devant.
Lorsque nous arrivons au Vieux Chalet, nous sommes accueillis par le bruit d’une pelle ramassant des graviers. Effectivement, les extérieurs du chalet sont encore en chantier.
Ni une ni deux, nous en faisons le tour pour aller à la rencontre du travailleur de samedi. C’est un grand monsieur, portant un tee-shirt de l’armée, dans la soixantaine environ ce qu’il confirmera en faisant mention de sa retraite.
Le chalet a été entièrement rénové. Construit sans fondation, pour éviter que les murs ne s’écartent sous le poids de la toiture, le propriétaire nous explique qu’ils ont creusé sous les murs par intervalle de deux à trois mètres, injectant dans les cavités du béton et recommençant jusqu’à ce que tout le tour soit fait. Il y lui-même posé les tavillons. Le mur de pierre sèche n’existait tout simplement pas et a été construit dans le cadre de la rénovation. Exploitant également de la Plate-Forme (d’ailleurs la même Range-Rover que celle aperçue là-bas est garée pas loin – voir le billet Le Croton), il nous raconte que le nom Le Vieux Chalet vient de son petit fils de 4 ans, qui demandait, lorsque ces parents et grands-parents parlaient du chalet : on va où, au vieux chalet ? Car ce dernier était envahi de toiles d’araignées, ce dont le petit garçon n’était pas friand.
Repartis, la route que nous suivons est une véritable aubaine pour les amateurs de chalets comme nous.
Celui-ci s’appelle Les Molards sur le Campe.
Ici aussi, il a été privatisé.
La route se transforme en sentier et nous traversons une forêt.
Un toit rouillé nous en fait dévier un court moment. Ce couvert est en piteux état. L’eau, pourtant si précieuse ici, n’est même plus captée.
Ce qui n’est pas le cas du prochain.
La bâtisse suivante est un peu bizarre. On ne sait pas très bien si elle sert d’habitation ou non.
Passage de barrière intelligent : c’est la première fois que nous voyons ce type de mécanisme.
Le chalet suivant a un nom à rallonge : Les Mollards de Chez Villard.
Vu de derrière, il semble délabré. Mais on remarquera la magnifique vue sur le Lac de Joux et la Dent de Vaulion.
Lorsque nous en faisons le tour, nous constatons qu’il est en fait habité et charmant.
C’est ici que nous faisons notre pause-déjeuner. Il est grand temps d’ailleurs : il est 15h30.
Nous rejoignons la route goudronnée : il nous faut remonter si nous voulons rejoindre la voiture.
Les Mollards de Chez Villard, surplombant Le Brassus.
Un petit détour dans la forêt nous amène à un petit chalet : La Sapinière.
Nous avons un peu de difficulté à rejoindre la route alors que nos mollets se font effleurer par des herbes hautes pas toujours amicales.
Je suis toute surprises lorsque nous arrivons Au Grand Revers.
Nous suivons le chemin emprunté il y a quelques semaines, mais en sens inverse.
Nous arrivons tout naturellement aux Petites Chaumilles où le bruit du générateur nous indique que c’est l’heure de la traite.
Le chien est là, mais il est beaucoup moins inquiétant que la dernière fois. Quelques aboiements pour la forme et il vient nous sentir.
Nous allons saluer les bergers et observons le rituel de la traite : 4 emplacements pour 4 vaches. Elles attendent plus ou moins patiemment leur tour à proximité, poussant un peu parfois. C’est que, au bout de chaque emplacement, il y a un seau rempli de « friandise » qui les attend. D’où leur impatience. Ces vaches-là ont des cornes. La mère du propriétaire est là et elle nous explique que c’est une décision de son fils. Décision qui engendre parfois quelques petits soucis supplémentaires mais qui est préférable : une vache avec des cornes, c’est tellement plus joli.
La Casamie, non loin des Petites Chaumilles.
Un peu plus à l’est, un autre petit chalet privé, sans nom.
Cette fois, nous sommes bien décidés à aller voir la Cabane du Bois-Gentil.
La voilà.
Nous descendons rejoindre le pâturage des Grandes Chaumilles.
C’est qu’il y a encore quelques petits chalets à visiter.
Le premier est le chalet privé Aleff y Kass.
Le second, Le Bouvreuil. Nous les avions découverts cet hiver, lors d’une balade en raquette.
Devant la barrière, des chardons bleus (Panicaut des Alpes) et des lys Martagon.
Il ne nous reste plus qu’à revenir vers la voiture à travers les pâturages. Plus vite dit que fait. Le passage du mur qui sépare le pâturage des Grandes Chaumilles de celui de La Perrause se révèle impossible. Nous faisons un grand détour pour finalement revenir à notre point d’entrée. La boucle ne sera donc pas parfaite.
Alors que nous marchons dans une zone plus rocailleuse, nous apercevons un animal assis sur ses pattes arrière et un autre filant, ventre à terre, vers son terrier. Leur fourrure est bicolore, constituée de deux bruns, l’un plus clair que l’autre. Après quelques recherches sur le Web, incrédules, nous nous rendons à l’évidence : ce sont des marmottes, des marmottes du Jura. Wow… Nous étions loin de penser que les marmottes avaient colonisé ces lieux.
Il y a du monde à La Perrause ; nous restons donc à l’écart.
Petit détour par le Couvert de la Plate-Forme, juste parce que nous avons vu son propriétaire précédemment.
Ici aussi, les génisses sont presque trop amicales.
Nous contournons le replat qui a donné son nom au lieu et après quelques centaines de mètres retrouvons la voiture. Nous rentrons en écoutant une chansons de Kiss, I was made for loving you. Stefano en connait tous les détails. C’est très drôle, surtout lors du solo de guitare où il mime (enfin tente de mimer vu qu’il conduit) le guitariste.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Flore du jour
C’est cette plante qui a envahi les alentours du Chalet de la Croix. Elles sentent soi-disant la carotte. Nous nous avons plutôt senti le fenouil.
Autoportraits du jour
Juste avant de traverser la route du Col du Marchairuz.
A La Plate-Forme.