Le Croton

Oui! Promesse tenue. Au lever le ciel est bleu. Cependant, lorsque nous quittons la maison pour aller au Col du Marchairuz, nous constatons que les nuages encombrent les crêtes. Arg : promesse à moitié tenue donc. Mais notre optimisme reste entier et nous nous garons à l’entrée de la route qui mène au Chalet du Pré de Bière.

Les motos défilent à vive allure en vrombissant, troublant le silence.

La balade du jour a été pensée pour nous faire découvrir un coin de la commune du Chenit que nous ne connaissons que très peu.

Nous suivons le petit bout de route qui mène au Chalet du Pré de Bière. Lorsque nous tentons de contourner le chalet par derrière, le terrain recouvert de purin et de bouses nous arrête net. C’est donc par le devant que nous passons, ouvrant et fermant moult clôtures.

La journée promet d’être magnifique.

Petits arbres solitaires non loin du lieu dit La Plateforme.

Le premier bâtiment de la randonnée est un couvert : La Plate-Forme.

La Land-Rover a encore le moteur chaud et affiche un permis de circulation agricole.

Couvert de la Plate-Forme - Le Chenit - Vaud - Suisse

Guidés par deux ornières qui traversent le pâturage, nous arrivons en face d’un mur que nous longeons jusqu’à trouver un endroit où passer. Ici, les propriétaires de pâturages n’ont pas l’air de se faire confiance : il y a une clôture de chaque côté du mur.

Nous rejoignons une route et sommes accueillis par un chalet privé extrêmement mignon : La Casamie. Peut-être une « francisation » de casia mia?

Nous continuons sur la route et arrivons en vue du chalet Les Petites Chaumilles. Le chien du chalet nous aperçoit de très loin et se met à aboyer tout en venant vers nous. Nous ne nous démontons pas et continuons notre avancée jusqu’à ce que nous nous rendions compte que, ce chien, non seulement il est gros, mais aussi que le poil de son cou est dressé. Hum, pas bon signe. Nous stoppons net et attendons qu’il vienne nous sentir, un peu impressionnés quand même. Près du chalet, une silhouette regarde la scène. Après deux ou trois aboiements supplémentaires afin de bien nous faire comprendre que c’est lui le chef, il nous autorise à repartir.

Les bergers sont dehors. Un couple d’une soixantaine d’années, de Gimel. Elle nous assure que le chien est la gentillesse même ce que nous faisons semblant de croire. Ils ont été bergers durant 20 ans aux Crosets Dessus et c’est leur première année ici, aux Petites Chaumilles. Ils gardent une quarantaines de vaches laitières. Vaches qui doivent être traites deux fois par jours, ce qui les obligent à se lever à 2h30 chaque matin (oui oui, vous avez bien lu : 2h30) pour aller chercher les bêtes et les ramener au chalet, une heure à une heure trente plus tard. C’est que le pâturage est grand. Pas étonnant que la sieste soit sacrée. Si la commune du Chenit prend bien soin de ses chalets, c’est seulement à l’extérieur nous assurent-t-ils. Pour preuve, lorsqu’ils sont arrivés, il n’y avait même pas de lit ! Passé ce détail, ils ont l’air de s’y plaire.

Après leur avoir serré la main, nous les laissons aller préparer leur déjeuner et continuons notre chemin vers le nord. Nous avons abordé avec eux le sujet de la gentiane jaune qui envahit de plus en plus les pâturages. Si la législation autorise les bergers à éradiquer le vératre, toxique pour le bétail, par voie chimique, la gentiane jaune ne peut qu’être fauchée. Et comme elle se reproduit par ses racines le résultat n’est pas évident. Petit détail : une gentiane peut vivre 50 ans.

Toutes ces touffes que l’on voit sur la photo ci-dessous sont des plants de gentianes jaunes. La bataille, même si commencée, serait loin d’être gagnée.

Nous arrivons vers un pâturage dont le nom est nouveau pour nous : Le Grand Revers. Deux chalets y cohabitent.

Tout d’abord, un chalet privé, sans nom. Il est en parfait contre-jour.

Il nous faut donc le contourner.

Le suivant s’appelle Daphné.

Il date de 1930 mais est amoureusement entretenu. Qui dirait qu’il a presque 90 ans ?

Toujours sur Le Grand Revers, nous suivons une grande langue de pâturage et rejoignons une route. Route qui nous conduit tout droit vers un autre pâturage, assez boisé.

Nous y trouvons le plus chou de tous les chalets, Le Chevreuil. On dirait un petit chalet de poupée.

Le chalet suivant est occupé, ce qui nous contraint à rester à distance. En plus, le soleil vient de se cacher. Donc impossible de savoir s’il a un nom ou pas.

Les vaches nous attendent au chalet Le Croton.

Elles sont même particulièrement amicales, venant vers nous pour chercher une caresse ou pour nous léchouiller. Mais bon, une vache, amicale ou pas, c’est quand même gros, surtout lorsqu’elle a des cornes. Je garde quand même une distance de sécurité entre elle et moi.

Lorsque nous nous remettons à marcher, elles emboîtent le pas. Nous sommes donc contents de passer la clôture et de les laisser derrière nous. Elles nous regardent nous éloigner d’un aire mélancolique.

Le Croton - Le Chenit - Vaud - Suisse

Nous continuons avec assiduité notre exploration de ces lieux inconnus. Arrivés au bout du pâturage et après un rapide coup d’œil sur le GPS, nous dénichons un vieux sentier qui nous fait traverser un bois, le Bois du Croton.

Heureusement que nous sommes là pour entretenir les sentiers car sinon celui-ci aurait bientôt fini d’exister.

Après 200 mètres, nous arrivons sur une route.

Bientôt, les narines sensibles de Stefano détectent une odeur de bois qui brûle. Bingo ! Le Couvert du Poêle Chaud est occupé. Deux voitures stationnent à l’entrée de l’allée.

Comme il ne s’agit pas d’un chalet privé, nous nous approchons discrètement.

Nous le contournons ensuite par la route.

Toujours sur la route, arrivés à une bifurcation, nous laissons celle qui part vers Les Esserts pour nous diriger vers le coin où les noms des chalets et des couverts commencent ou se terminent par Crosets. Il y a les petits, les grands, les dessus, les dessous, celui du boucher, c’est presque comme les zizis de Pierre Perret.

C’était sans compter sur Le Petiot, un petit chalet privé absolument A D O R A B L E. Non mais, vous l’avez vu ?

Non loin, le Couvert des Grands Crosets.

Lorsque nous passons devant L’Arbalète, nos bonjours ne reçoivent qu’un faible écho de la part d’un couple assis à table. Pas de photo donc.

Le chemin que nous suivons se perd dans la forêt. Sur la photo ci-dessous, contre toute attente, le sentier à suivre est le celui (ou plutôt l’ombre de celui) qui part sur la droite.

Mais bon, nous savons qu’il est difficile de se perdre dans le Jura.

Nous rejoignons le plateau que nous avons maintes fois parcourus cet hiver, celui-là même où passe la piste de ski de fond.

Sur notre gauche, le chalet L’Eglantier. Une dame est assise dehors, en train de jouer au scrabble en solitaire.

Tout naturellement la conversation s’engage. Ce chalet, contrairement à beaucoup d’autres, ne s’est pas transmis de génération en génération mais a été racheté par des gens qui eux-mêmes ont vendu des parts. La dame est l’heureuse propriétaire d’une part. Elle nous explique que les autres propriétaires, du Valais, ne viennent jamais mais ne veulent pas vendre leur part. Résultat, le chalet est peu fréquenté et donc plus difficile à entretenir. Elle nous fait visiter l’intérieur : une vraie petite merveille. Tout y est, en version simple. En tout cas quatre couchages confortables, une table et des bancs, un coin cuisine avec un évier et quelques rangements. Sur un mur, une série de photo retraçant l’histoire du chalet, construit en 1935.

Lorsqu’elle nous demande quelle est la suite de la balade, Stefano répond : le Mont Tendre. Chic, me dis-je… Le Mont Tendre, c’est toujours chouette.

Nous nous faisons une petite grimpette sèche de 200 mètres dans la forêt pour « économiser » 900 mètres de sentier encombré de randonneurs. C’est qu’il est possible de monter ici en voiture, ce qui rend l’ascension du Mont Tendre beaucoup plus accessible.

Nous laissons la Cabane du Servan sur notre droite et marchons vers le Chalet de Yens.

Le Mont Tendre est là, enfin presque.

Monter jusqu’au col n’est qu’une formalité.

Nous pique-niquons en attendant patiemment que les randonneurs et touristes libèrent le point géodésique.

Notre patience paye.

Bon, c’est pas le tout, mais faudrait p’être qu’on pense à rentrer, non ? Il est 15h20 et nous avons quitté la voiture un peu après 10h.

Histoire de laisser derrière nous le flot de personnes, nous descendons par le sentier le moins fréquenté. Il y a d’abord, bien sûr, le Couvert du Mont Tendre.

Nous filons en ligne droite, marchant à bonne allure.

Près des Rochettes. Nous faisons un crochet pour revoir le lieu de notre première rencontre avec le bossu du Jura. C’était cet hiver. Depuis, nous avons fait deux autres belles rencontres.

Passage presque obligé par Le Sorcier.

Nous retrouvons le sentier plus « officiel » et arrivant à Pierre à Coutiau.

Son antenne, un peu ugly mais que nous aimons bien quand même.

De là nous suivons les sentiers que nous avons suivis cet hiver, en ski ou en raquette. Sauf qu’en été, les sentiers sont bien visibles et surtout bien indiqués.

En plus, l’été, il y a moins de risque de mourir de faim.

Tôt ou tard, nous allons devoir redescendre vers le nord, vers la France, vers le pays qui fut le mien (et qui techniquement l’est encore d’ailleurs).

Nous passons le Grand Cunay

… et continuons vers son petit couvert. Nous devons nous rendre à l’évidence. L’arbre tombé depuis presque deux ans restera pourrir sur place.

Du couvert, nous descendons à « la fraîche » dans la forêt jusqu’à retrouver un sentier.

Nous discernons la voiture au loin, tâche claire, seule sur le parking. Mais il nous reste encore un bon bout à parcourir avant de la rejoindre.

Nous faisons un crochet par le Pré de Denens, histoire de  voir si le chat est toujours là. De chat, point, par contre les vaches nous font la fête.

Et quand je dis « nous », c’est bien aux deux qu’elles font la fête.

Le Chalet du Pré de Denens, qui nous fait plus penser à une colonie de vacances qu’à un chalet

Il n’y plus qu’a suivre la route qui nous mènera à la route du Marchairuz, au lieu dit de la Fontaine Froide. De là, pas d’autre solution que de marcher quelques minutes sur la route pour rejoindre le parking.

Dernier regard sur notre terrain de jeu d’été et d’hiver.

Le soleil est encore haut dans le ciel lorsque, à 18h, nous arrivons à la voiture. Vu du ciel, notre tracé est une belle boucle et nous avons encore plus envie d’aller découvrir d’autres pâturages, plus au nord. Notre exploration du Jura est loin d’être terminée.

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Flore du jour

Anémone à fleurs de narcisse - Anemone Narcissiflora
Anémone à fleurs de narcisse – Anemone Narcissiflora
Anémone à fleurs de narcisse - Anemone Narcissiflora
Anémone à fleurs de narcisse – Anemone Narcissiflora
Anémone à fleurs de narcisse - Anemone Narcissiflora
Anémone à fleurs de narcisse – Anemone Narcissiflora
Centaurée des Montagnes - Centaurea Montana
Centaurée des Montagnes – Centaurea Montana

Il n’est pas en très bon état mais il est magnifique par son imperfection.

Géranium des Bois - Geranium Sylvaticum
Géranium des Bois – Geranium Sylvaticum
Aquilegia Vulgaris - Ancolie Commune
Aquilegia Vulgaris – Ancolie Commune
Aquilegia Vulgaris - Ancolie Commune
Aquilegia Vulgaris – Ancolie Commune
Lin d'Autriche - Linum Austriacum
Lin d’Autriche – Linum Austriacum
Lin d'Autriche - Linum Austriacum
Lin d’Autriche – Linum Austriacum
Géranium des Bois - Geranium Sylvaticum
Géranium des Bois – Geranium Sylvaticum
Compagnon Rouge - Silene Dioica
Compagnon Rouge – Silene Dioica
Aquilegia Vulgaris - Ancolie Commune
Aquilegia Vulgaris – Ancolie Commune
Anémone des Bois - Anemone Nemorosa
Anémone des Bois – Anemone Nemorosa
Trolle d'Europe - Trollius Europaeus
Trolle d’Europe – Trollius Europaeus
Anthyllide Vulnéraire - Anthyllis Vulneraria
Anthyllide Vulnéraire – Anthyllis Vulneraria
Anthyllide Vulnéraire - Anthyllis Vulneraria
Anthyllide Vulnéraire – Anthyllis Vulneraria
Campanule en Thyrse - Campanula Thyrsoides
Campanule en Thyrse – Campanula Thyrsoides

Autoportraits du jour

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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