L’objectif du jour est de rejoindre Piora puis le lago Ritom tout en faisant un crochet par l’alpe di Lago pour aller contempler le petit lac qui s’y niche et surtout évaluer la couche de neige encore accrochée aux pentes. Notre humeur vagabonde et le temps qui file toujours plus vite que prévu nous amènent finalement à Föisc par Pian Töi.
Une fois de plus, nous pouvons partir de la maison sans prendre la voiture. Chic ! La première étape consiste à monter à Böcc da Ce. De là, divers sentiers permettent d’aller un peu partout, que ce soit à Föisc, vers le fond du val Canaria, Piora, le lago Ritom, … Et la liste est loin d’être finie.
Pour rejoindre Böcc da Ce, là encore, nous avons plusieurs options. Nous choisissons la plus efficace en termes de durée, à savoir, depuis Frasnè di Fuori et ce joli sentier que nous avons déjà parcouru, dans le sens de la descente.
Vue depuis Madrano des crêtes sud de la Haute Léventine.
Et là, le joli hameau de Frasnè di Fuori.
Si la marche d’approche s’est faite sous le soleil, le sentier monte dans forêt encore à l’ombre. La température est donc idéale pour l’effort requis.
Le premier arbre tombé se passe en écartant les branches, comme on écarterait un rideau. Avec un peu plus de difficulté quand même, ces dernières étant rigides et hérissées de petites branchettes. Le bois n’est pas encore assez sec pour que nous arrivions à les casser. Les autres troncs en travers du chemin ont déjà été façonnés par les passages répétés et sont beaucoup plus amicaux.
A part ces obstacles naturels qu’un coup de tronçonneuse suffirait à oblitérer, le sentier est une pure merveille. L’eau et l’homme l’ont enfoncé dans le sol et parfois il ressemble à une piste de bobsleigh d’été.
Un de nos passages préférés…
La montée se fait à un bon rythme et nous arrivons très vite à Tecc en contrebas des prés du Böcc da Ce.
Nous nous installons quelques minutes sur un mur bordant une des maisons pour notre première barre de la journée.
Nous nous remettons en route nous dirigeant vers l’alpe di Lago. La déclivité est importante mais la nature du terrain permet une progression agréable. Ce, jusqu’à une croisée de chemins, au lieu-dit Frana di Ce. « Frana », en italien, signifie « éboulement de terrain ».
Effectivement, nous devons franchir un éboulis de terre et de pierre. Une cinquantaine de mètres, pas plus. La zone est dégagée et nous avons une vue plongeante sur Airolo.
Le sentier est large mais de récents éboulements l’encombrent. A cet endroit, la pente aval se perd dans le vide. Ce chemin est à la dérive, à la merci du prochain glissement de terrain et nous nous demandons si, dans quelques semaines, le bétail sera en mesure de rejoindre l’alpe di Lago. Pourtant, le berger est optimiste, au vu des fils bordant le chemin.
Nous retrouvons une zone boisée et le sentier est maintenant parallèle aux courbes de niveau. Enfin, plus ou moins, car nous prenons un peu d’altitude et nous rencontrons nos premières plaques de neige.
Puis s’ouvre devant nous une large zone de prairie, où l’herbe, encore jaune et aplatie, témoigne de la présence encore récente de la neige. Les crocus pointent à peine le bout de leur nez.
Nous qui pensions en avoir fini de l’hiver !
C’est lorsque nous franchissons un petit monticule que nous apercevons le laghetto dell’Alpe.
Oh, il n’est pas bien grand, à peine 200 mètres dans sa zone la plus longue. Le halo qui entoure sa surface encore gelée à la couleur bleue de la glace. Nous nous déportons vers son extrémité est tout en restant à belle distance. Un petit promontoire nous permet de l’admirer sous un meilleur angle.
Ce bec de rocaille et de terre a très certainement émergé de la neige il y a quelques semaines. Les crocus ont disparu et les pulsatilles de printemps ont pris la relève. Il y en a des centaines, à tous les stades de développement.
Déjà 13 heures. Déjà 3 heures que nous sommes en route. Nous pourrions tenter de poursuivre vers la bocchetta di Föisc pour redescendre vers le lago Ritom mais l’abondance de neige nous en dissuade. Nous repartons donc vers la bifurcation de sentiers à la frana di Ce.
Cette fois, nous prenons la direction de Pian Töi. Nous admirons une fois de plus le chalet du piano dei Sciüch. Depuis notre dernier passage, les géraniums fleurissent la façade et la barrière.
Arrivée sur Pian Töi.
Nous suivons la flèche Ritom-Piotta 30 min.
Nous parcourons ainsi un peu moins d’un kilomètre sur un joli sentier, en traversée. Piora est tout proche, à portée de pas. Mais c’est sans compter sur une intersection de sentiers. Un panneau annonce « Föisc 50 minutes« . Föisc… Un unfinished business. Que nous arrivons peut-être à terminer aujourd’hui. Qui sait ? Pourquoi ne pas tenter le coup ? Un échange de regards scelle la décision.
Après une série de zigzags étroits, les traversées s’allongent et, au sortir de la forêt, se dressent, sur les pentes, des pare-avalanches. Nous leur attribuons des versions. La version 0 n’utilise que du bois, comme ceux-ci.
La version 1.0 utilise des piliers de métal sur lesquels sont appuyées de barres de bois. La version 2.0 est uniquement constituée de métal.
Arrivés au bout d’une traversée, nous avons une belle vue sur le lago Ritom.
Nous marchons un moment sur une crête et apercevons le rifugio Föisc, juste sous le somment matérialisé par une croix. Nous y sommes presque.
Fernanda, notre guide locale et charmante voisine, nous avait dit que le refuge est ouvert toute l’année. Effectivement, la porte n’est pas verrouillée. Tout y est. Une belle cuisine, des provisions, et 3 mokas pour préparer du café, sans oublier des WC.
Le dortoir, spacieux et lumineux, peut accueillir 6 personnes et les prix affichés sont imbattables. 4 CHF pour un coca, moins cher que dans le restaurant du village. 12 CHF pour une nuitée, vraiment rien à dire.
Bon, maintenant, il nous faut rentrer. Mais par quel chemin ? Descendre à Piora nous ferait arriver à la maison à la nuit tombée. La meilleure option est de redescendre sur Pian Töi. Mais pas par là où nous sommes venus. Ce serait trop facile et aussi plus long. Nous décidons de couper dans les prés pour rejoindre le piatto dei Larici puis Pian Töi.
Nous suivons de manière opportuniste des social trails, la principale difficulté consistant à ne pas trébucher sur les branches tombées de mélèzes.
Retour sur le droit chemin.
Juste avant d’arriver à Pian Töi, nous rencontrons un couple en train de ramasser les bourgeons de mélèzes, d’une belle couleur rose-rouge. Nous en faisons un sirop pour la toux, nous expliquent-ils. Ce sont les heureux propriétaires du chalet de Pian dei Sciüch. Ils nous partagent leur recette. Je me promets d’essayer l’année prochaine.
Nous continuons notre descente qui nous mène vers Cé.
Nous renonçons à descendre vers Rütan da Ce puis Brugnasco puis Madrano ce qui rajouterait pas mal de kilomètres pas très intéressants à la balade. Nous optons plutôt pour un retour par le même sentier qu’à l’aller.
Nous prenons notre temps et arrivons à la maison un peu après 18 heures. Voilà une journée bien remplie, comme nous les aimons !
Flore du jour





Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Autoportraits du jour
A l’alpe di Lago.
Au même endroit, avec une autre perspective.
A Föisc.