Pour notre dernier jour à Leysin, nous partons de La Lecherette pour aller voir le barrage de l’Hongrin. Nous marchons majoritairement sur de l’asphalte, par des petites routes réservées souvent à l’exploitation forestière ou agricole. Commencée dans le brouillard, la promenade se termine sous un grand soleil.
Les petits nains n’ayant pas dévalisé le frigo, notre petit déjeuner consiste des restes d’hier, les fameux gnocchis à la sauce tomate et au thon. C’est un peu bizarre avec le café au lait, mais ça passe quand même. Nous quittons l’appartement vers 8h30, saluons Leysin et partons en direction de Château d’Œx pour nous arrêter à La Lecherette. Aujourd’hui la balade devrait être facile, avec peu de dénivelé et peu de kilomètres.
Le brouillard masque les cimes des montagnes voisines. Le ciel est gris, plombé. Nous traversons la route cantonale pour trouver le sentier n° 46, intitulé « Le tour des Alpes vaudoises ». Nous sommes sur la section n° 3, qui relie Les Mosses à Chateau d’Œx.
Nous traversons le village de La Lecherette. Il y a pas mal de chalets fermés. Le village semble être plus actif l’hiver. Nous marchons sur une route étroite. Un bruit de feuilles froissées nous fait tourner la tête. D’un petit sentier étroit, traversé de racines, émergent un père et son enfant. Le petit chevauche sur une draisienne. Son père le retient par la capuche de son ciré. Sous son casque, la frimousse du petit n’est qu’un sourire. Ses joues sont rougies par le froid. Suprise par sa petite taille, je demande : il a quel âge, 2 ans ? Non, me répond son paternel, 1 an et demi.
Un peu plus loin, nous apercevons un cœur dessiné dans l’herbe à l’aide de fleurs : un contour bleu, puis du blanc et ensuite du rose. Nous nous exclamons. Un monsieur vient vers nous, tout content de nous voir admirer l’œuvre. C’est ma petite fille, annonce-t-il fièrement. Les taupes l’ont un peu abîmé. Bientôt, il sera d’une autre couleur, car elle (sa petite fille) s’est assuré de mettre plusieurs espèces de fleurs fleurissant en décalé. Au fond du jardin, une fontaine taillée dans un tronc d’arbre sur lequel est gravé un cœur (un de plus) et le chiffre 60. C’est encore ma petite fille, pour nos 60 ans de mariage. Je ne puis m’empêcher de dire : elle doit vous aimer votre petite fille ! Oh oui, répond-il attendri. Il nous confie que cette semaine ils quittent le chalet, lui et sa femme, pour aller s’installer dans un appartement protégé, à Charmey. Vous comprenez, j’ai 85 ans, ajoute-t-il. On sent un peu de tristesse et de mélancolie mais il semble sincèrement content du changement. Nous aurons une vue magnifique, conclut-il. Nous lui souhaitons « tout de bon » et continuons notre route.
Le ciel est toujours bouché. Nous sommes restés en tee-shirt, confiants, nous disant que la montée allait nous réchauffer. Mais la montée est douce et le vent, frisquet. La chair de poule recouvre nos avant-bras.
A deux reprises, des tracteurs tirant des remorques remplies de bétail nous dépassent. A la sortie d’un virage, deux poids lourds sont garés. Les vaches, fraichement arrivées, se sont éparpillées dans les prés, écrasant l’herbe.
Le brouillard nous rejoint.
Une étable solitaire.
C’est là que, regardant par hasard dans le pré, sur ma droite, j’aperçois des fleurs blanches. Que je reconnais instantanément. Des narcisses ! Nos premiers ! La Riveria Vaudoise est connue pour ses prés blancs au mois de mai, recouverts de narcisses. Le narcisse est d’ailleurs la fleur emblématique de Montreux. A voir la vidéo des années 1960 sur le site www.narcisses.com. L’époque où le tourisme n’avait pas encore pris conscience des enjeux écologiques et durables.
Premier aperçu du lac de l’Hongrin. A propos de ce nom, lorsque Stefano m’en a parlé il y a quelques jours, dans ma tête, je l’avais orthographié « Long grain ». Ben oui, pourquoi pas ?
Alors que nous arrivons vers le col de Sonlomont, une petite éclaircie vient réchauffer nos vieux os. Elle est brève, certes, mais appréciée.
De l’autre côté du petit raidillon, des pâturages, encore des pâturages. Et du ciel bleu, enfin un peu avec quelques taches de soleil.
Le col de Solomont.
La route descend maintenant tout doucement. Sur notre droite, les crêtes de Panachaux.
Le lac de l’Hongrin se dévoile : un long croissant, orienté ouest-est, avec une grosse épine pointant vers le sud, une plus petite – visible sur la photo – vers le nord.
La route se termine à proximité d’une ferme et se prolonge par un sentier qui se perd dans l’herbe touffue. Nous apercevons la double voute qui constitue le barrage.
Arrivées à une clôture, une drôle de surprise nous attend. Je les avais bien vus de loin et j’avais dit à Stefano : on dirait des buffles. Ce SONT en effet des buffles.
Prudemment, nous franchissons le fil et contournons le troupeau à une distance raisonnable. Ils nous observent du coin de l’oeil, tout comme les alligators nous observaient du coin de l’oeil, lors de nos balades sur les bords des bayous texans.
La descente dans le pré n’est pas très confortable, mais quitte à choisir, elle est préférable à un coup de corne.
Sauvés ! Entre eux et nous, deux fils, même pas électrifiés.
Après quelques mètres dans de la boue séchée martelée par les sabots, entre les branches basses de sapins, nous arrivons enfin sur la route.
Le lieu semble être populaire. Des tentes sont installées sur les berges.
Pour achever de nous mettre en appétit, nous nous offrons un aller-retour sur le chemin au-dessus de la double voute.
Même si la barrière semble solide, nous marchons bien au milieu.
Du barrage s’écoule un tout petit ruisseau.
L’écoulement en cas de trop-plein. La bonde…
De retour sur la terre ferme, nous cherchons un coin tranquille. En venant, nous avons vu une piste caillouteuse partir sur le flanc de la montagne et qui semble ne mener nulle part. Nous allons vérifier. C’est bien le cas. Nous nous promettons de nous rappeler de cet endroit car il est idéal pour y passer la nuit, lorsque nous aurons notre van.
On la voit d’ailleurs, cette petite route, à quelques mètres au-dessus du niveau du barrage, sur la droite.
Nous voici donc sur le chemin du retour. Nous allons longer le lac par le bas pour travers la rivière Hongrin avant de remonter vers La Lécherette.
Wow, je ne savais même pas que de telles choses existaient : des stations de fécondation des reines.
Parce que le ciel est joli…
Nous arrivons tout doucement vers l’extrémité est du lac lorsque le sentier descend pour se rapprocher des rives.
Une belle illustration de « pré fleuri ».
Arbre pieuvre.
La grue, au fond, marque l’emplacement où se jette la rivière Hongrin dans le lac éponyme.
Cherchez l’intrus !
La rivière traversée, nous longeons un moment une gorge (1). La route monte tout doucement, dans la forêt (2). Même si nous avons mis des chaussures légères, nos pieds commencent à s’échauffer à force de marcher sur l’asphalte.
Quelles tristes histoires se cachent sous ces croix (3) ? Le nom gravé sur celle du bas est à peine visible.
Aujourd’hui, la boucle est parfaite. Nous rentrons tranquillement à la maison où nous arrivons 2 heures plus tard, en s’étant arrêté à la Coop du coin pour remplir le frigo. Demain, la journée s’annonce belle et nous nous réjouissons de terminer notre weekend par une balade dans le Jura. Le Jura, c’est reposant !
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Flore du jour
Des bluebonnets…
Identification pas certaine.
Autoportraits du jour
Juste après notre rencontre avec les buffles. Ils ne sont pas loin, ils nous observent du coin de l’oeil.
Sur le barrage de l’Hongrin.
Juste après la pause de midi. Le barrage n’est pas loin et nous avons trouvé un chouette emplacement pour passer la nuit avec notre futur van.
Sur le chemin du retour.
Comme on a coutume de dire, on ne sait pas quand on reviendra. Alors on canarde !