1er août. Fête nationale suisse. Nous fêtons notre cher pays à notre manière avec une courte randonnée sur ce magnifique versant qui domine la route du col du Nufenen, après nous être hissés à la Capanna Corno Gries.
Nous avons superposé sur les sacs de couchage toutes les couches possibles et avons eu donc un peu moins froid que la nuit précédente. Sans le vent secouant la tente, la nuit fut plus calme et le sommeil plus « copieux ». Forts de notre expérience d’hier, nous attendons, Stefano les yeux ouverts, moi somnolant, les premiers rayons de soleil avant de sortir de notre abri. Le ciel est magnifiquement bleu et les rayons apportent un peu de chaleur.
Nous avons une demi-journée devant nous, afin de renter tôt, évitant ainsi l’heure d’affluence du retour de ce long weekend. A 7h30, le café est chaud et les céréales prêtes. Et nous, nous profitons à 100% de l’instant présent.
Elle n’est pas belle, la vie ?
Hier soir, alors que nous dinions, est arrivé un vieux bus VW qui s’est posé de l’autre côté de la route gravillonnée. Ce matin, les quatres jeunes émergent, deux du bus, et deux de la tente, montée à proximité. L’un deux fait une photo aérienne de leur campement avec un drone. J’attrape une carte de visite et vais lui demander de faire de même pour notre camp. Il s’exécute visiblement avec plaisir. Nous verrons bien si nous recevons quelque chose. A l’heure où j’écris ces lignes, 14 jours plus tard, toujours rien. Mais l’espoir demeure.
Le départ de la balade se fait depuis notre campement. Nous rangerons la tente à notre retour, lui laissant ainsi le temps sécher. Il y a eu pas mal de condensation et le sur-toit est dégoulinant.
Il n’est pas tout à fait 9 heures et nous voilà partis en direction de la capanna Corno Gries. Nous estimons qu’y monter nous prendra environ une heure.
Nous nous promettons, lors de notre prochaine visite, de suivre le sentier qui monte tout là-haut, au col du Nufenen.
Maintenant y’a plus qu’à ! Mais en comparaison d’hier, cette montée nous semble plus que facile. Fastoche, aurions-nous dit, enfants !
A l’alpe Corno, les bergers éparpillent les vaches dans le pré. Certaines sont réfractaires, en dépit du chien qui s’évertue bruyamment à leur faire prendre la bonne direction. Même les sifflements et menaces de coup de bâton du berger n’y font rien. Las, ce dernier ouvre la clôture pour leur permettre d’aller où bon leur semble.
Certains vont se percher sur la crête.
Au lieu des 1h05 annoncées sur le panneau, il nous faut 55 minutes pour atteindre le « vaisseau spatial ».
Non loin flotte un drapeau énigmatique. Impossible de trouver ce qu’il représente.
Initialement, Stefano avait pensé pousser jusqu’au petit lac, là-bas, au fond de la vallée, avant de revenir sur nos pas et de descendre par le même chemin.
Mais hier, durant le dîner, alors que nous admirions les montagnes et retracions le sentier parcouru à notre retour de la capanna Corno Gries, au mois de juin dernier, nous avons repéré un sentier qui s’en détache et qui permettrait de redescendre plus directement, sans passer devoir pousser jusqu’à All’Acqua. Cette boucle nous semble faisable en moins de deux heures.
Un dernier coup d’œil à la cabane et nous voici partis.
Sur le bord du sentier, deux petites ruines attestent qu’autrefois ce coin de montagne était pâturé.
Nous sommes sur le Pian Tondo. Pian = surface plane ou un plateau.
Le flan de la montagne se fait plus pentu et le sentier s’accroche dans la pente. Nous étions par là-bas, hier, dans les pierriers. Nous avons encore les yeux brillants du merveilleux paysage que nous y avons admiré.
Le petit point jaune, en bas, c’est notre tente ! ;-)
Lors de notre précédent passage, Stefano avait eu un petit coup de stress car, un peu plus loin, le sentier se fraie un chemin au milieu d’une falaise. Mais aujourd’hui, rien de tel. Il sifflote et chantonne, insensible au vide.
L’ébauche de sentier repérée hier existe bel et bien. Nous arrivons maintenant à suivre son tracé et estimons qu’il arrive en peu en contrebas de notre campement, au lieu-dit Paltano.
Le sentier s’avère être un vrai beau sentier, consolidé par des pierres quand nécessaire.
A la sortie d’un virage, nous nous trouvons nez à nez avec un troupeau de chèvres et sa bergère.
La bergère les observe, une cigarette roulée entre les doigts. Stefano engage la conversation en italien. Elle est d’abord peu bavarde mais elle devient plus loquace dès que Stefano commence à lui parler en « dialetto della ferrovia » (ou « dialecte du chemin de fer »), à savoir une version simplifiée du lombard qui permet à tous les tessinois – de Chiasso à Airolo – de communiquer entre eux. Son dialecte à elle, celui de Ambrì, est la variante alpine du lombard, a beaucoup plus de caractère et n’est réservé qu’aux initiés. Stefano fouille dans sa mémoire et essaie de prononcer quelque mots dans le dialecte local, qu’il a entendus de son grand-père quand il était tout petit, mais il échoue lamentablement… (exemple pour chèvre = on dit « kèvra » ? non, on dit « kàura »). Avant de nous quitter, elle nous dit qu’elles sont trois filles à passer l’été un peu plus haut, à l’alpe Crüina et à y fabriquer du fromage de chèvre.
Et voici Paltano, petit coin idyllique, avec son petit lac et sa fontaine.
Nous rejoignons le sentier qui longe la route. La boucle est bientôt bouclée. Nous distinguons la capanna Corno Gries. Dire que nous ne l’avons repérée que durant notre dernier séjour, alors que nous passons ici régulièrement depuis une vingtaine d’années.
Nous nous installons confortablement pour déguster le dernier casse-croûte de notre idyllique weekend du 1er août. Au dessert, deux pêches muries à point grâce à la chaleur de la voiture.
La tente est soigneusement pliée et rangée, bien sèche. La voiture chargée, nous vérifions que nous n’avons rien oublié. Le terrain est aussi propre que lorsque nous l’avons trouvé. Nous avons appliqué à la lettre les consignes Leave no trace.
Nous avons déjà hâte de revenir…
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.
Flore du jour
Autoportrait du jour
A la capanna Corno Gries.