Gerenpass et glacier du Chüeboden

Ah, le Chüebodengletscher, quel endroit unique et magnifique ! Nous avions tellement aimé la visite de ce petit glacier en juin dernier, que nous nous étions promis de revenir dès que l’occasion se présente, et si possible sans les méchants nuages qui ont quelque peu gâché notre première rencontre. Eh bien, ce sera chose faite aujourd’hui car les conditions météo sont idéales.

Ouf, la nuit a été mouvementée à cause du vent qui secouait la tente. Et c’est sans oublier la température presque hivernale. Bref, ce matin nous émergeons un peu transis de notre tente, et le premier réflexe est celui de nous préparer un café bien chaud.

Fort heureusement il fait grand beau et Stefano prend son petit-déjeuner en se réchauffant au soleil.

Il est pratiquement 8h45 lorsque nous nous garons au parking d’appoint de All’Acqua.

Ce matin, et malgré l’heure relativement tardive, nous sommes encore « numero uno » au parking, si l’on fait abstraction de la pelle araignée, bien évidemment.

Nous entamons la montée par le sentier qui mène à la cabane de Piansecco. Comme vous pouvez le remarquer, les sommets sont bien dégagés.

C’est étrange, mais la montée nous semble plus facile que la première fois. Les premiers lacets nous élèvent gentiment de quelques dizaines de mètres. Nous rencontrons une maman et son petit, arrêtés sur le bord du sentier. Elle est vraisemblablement en train de l’encourager. Nous en rajoutons une belle couche, le traitant de champion. Il retrouve le sourire, quoiqu’un peu timide.

La chaleur s’intensifie. Est-ce à cause de la pente qui se durcit un peu ou du soleil qui monte dans le ciel ? Allez savoir ! Les mains glissent sur les poignées des bâtons et la crème solaire se met à couler le long des bras.

Chaleur ou pas, en moins d’une heure, nous sommes à la cabane, devant le panneau qui signale le départ du sentier « semi-officiel » qui monte au Gerenpass.

Nous profitons quelques minutes du faux-plat, car nous savons que bientôt nous aurons fini de rigoler.

Vue sur le Riale di All’Acqua et le massif du Poncione di Cassina Baggio. MC divise le reste à faire jusqu’au refuge en deux parties. Ses points de repère restent obscurs – un caillou étant un caillou – mais l’essentiel est qu’elle trouve ses marques.

On ne dirait pas vu comme ça, mais pourtant je vous jure que ça monte ! Le terrain est un doux mélange de caillasse et de terre poussiéreuse.

Il est 10h25 quand nous arrivons à l’ancienne cabane militaire, hélas tombée en décrépitude. Elle est référencée sur des anciennes photos comme étant le rifugio Cassina Baggio. Bien entourée par trois murs de pierre, le dernier, maintenant absent, faisant face à la vallée, était une cloison de bois, recouverte de tôle. Tout comme le toit.

La prochaine étape est de monter là-devant, sur le pierrier, afin de parvenir au Gerenpass.

Des bruits de voix nous font scruter le pierrier. Nous y distinguons un groupe de randonneurs qui descend. Par prudence, nous enfilons nos casques d’alpinisme, qui sont toujours aussi immaculés que la première fois. Nous nous méfions des pierres qui roulent. Better safe than sorry, avons-nous coutume de dire. Et puis, MC a affirmé à plusieurs reprises que le ridicule ne tuerait point.

Et c’est parti pour la montée sans fin !

Lorsque je préparais les vacances du mois de juin dernier, j’avais lu le billet d’un couple relatant leur randonnée ici même. La montée finale dans le pierrier était décrite comme éprouvante principalement à cause de la nature du sol. Un pas en avant, trois en arrière ; le terrain n’est que sable et caillasse glissante, écrivait-elle. Cette description nous avait paru un peu exagérée tant la montée avait été aisée. Raide certes, mais agréable. Était-ce l’excitation de la découverte ? Possible. Aujourd’hui, cependant, la musique est différente. Son récit nous semble parfaitement exact, à la virgule près.

La grimpée se fait en silence. A chaque fois que je lève les yeux pour mesurer notre progression il me semble que le col s’est éloigné. Le bougre ! Nous faire ça, à nous !

A mi-chemin, un randonneur, paisiblement assis sur une pierre, observe, le regard perdu, les montagnes. Lorsque nous arrivons à sa hauteur, nous lui posons la question de savoir si tout va bien. Il nous répond qu’il attendait simplement notre passage pour éviter de faire rouler des pierres. Trop chou ! Il s’avère que le garçon en question est Indien (d’Inde). Son sac à dos est volumineux et un matelas en dépasse. Il nous confirme qu’il a passé la nuit devant le petit lac. Quel chanceux !

Ouf, nous y sommes presque. Avez-vous remarqué les deux randonneurs qui viennent d’attaquer la montée ?

Courage garçon, tu es presque au bout de tes peines !

Il est 11h30 lorsque nous arrivons au Gerenpass. Stefano est en extase devant la magnifique vue qui s’offre à lui. À sa gauche, le Chüebodengletscher.

Voici la première d’une longue série de photos du petit lac et des restes des blocs de glace qui se sont détachés du glacier.

Le glacier est moribond. Sa longueur maximale doit être de deux à trois mètres. Dire qu’avant il s’étirait et remontait presque jusqu’au sommet de la montagne !

Vue sur le petit lac, prise avec le grand-angle.

MC s’y met aussi…

Stefano en plein effort.

Et voilà le résultat. Vous aurez certainement remarqué le genou bandé de MC. Ce n’est pas une blessure, mais un bandage préventif à cause d’une douleur survenue hier, lors de la dernière descente. A priori, ce serait le froid a-t-elle dit. Le bandage est donc là pour tenir l’articulation au chaud et surtout rappeler à son genou qu’on s’occupe de lui. A propos de froid, ses mains recroquevillées et cachées sous les manches en disent long…

Sur cette photo, l’on voit bien la partie immergée du bloc de glace en premier plan. On peut donc bien parler d’icebergs.

Un groupe d’une dizaine de randonneurs italiens arrive, et avec eux deux chiens, dont un qui aboie sans cesse, sans doute excité à cause de ce paysage spectaculaire. Du coup, nous décidons de prendre un peu de hauteur et de trouver une place abritée pour casser la croûte.

Mais l’on ne va tout de même pas arrêter de gaspiller des pixels !

La même au grand-angle.

Après le sandwich, nous revenons « gentiment » sur nos pas. Normalement, nous aurions dû monter au sommet du Chüebodenhorn, mais ce sera pour une autre fois. Pas la peine de prendre le risque de trop solliciter le genou de MC.

Nous ne nous en lasserons jamais.

À quoi pense-t-il ? Sans doute à la chance qu’il a d’être ici ! Et de pouvoir contempler ce chef d’oeuvre de la nature qui, dans quelques années, aura disparu à jamais.

Nous pouvons presque les toucher.

En effet, MC est descendue près de l’eau pour prendre quelques photos, comme celle ci-dessus.

Ou celle-ci.

Depuis quelques minutes, nous sommes à nouveau seuls. Nous profitons du silence, et restons là, coi, à imprimer dans notre mémoire cet endroit exceptionnel. Ce paysage est bouleversant et nos yeux brillent, humides d’émotion.

Et comme il est difficile de choisir entre toutes ces photos, en voici quelques-unes de plus.

D’après mes souvenirs, la partie émergée ne représente que 1/7 de la masse totale…

Difficile de s’arracher de ce lieu magique.

C’est pratiquement la dernière.

Allez MC, un dernier souvenir. Il ne lui reste plus qu’une seule couche. Elle a d’ailleurs découpé en deux un tour de cou (si si) pour le partager avec moi. Chaque moitié, cachée sous le casque, protège les oreilles du froid et nos crânes du soleil. C’est que notre dernière coupe de cheveux 3 mm date de moins d’une semaine.

Il est 13h lorsque nous entamons la descente. La glace que l’on voit sur la photo, est un reste de langue glaciaire.

Cette langue du glacier est désormais « orpheline ». Jusqu’en 2008, le glacier recouvrait encore le col du Gerenpass. La fonction « Voyage dans le temps » des cartes topographiques de la Confédération suisse permet de vérifier aisément le retrait du glacier. Une fois la carte affichée, il suffit de décocher l’option « SWISSIMAGE Voyage dans le temps » dans le menu flottant, sur la partie de gauche de l’écran.

Ouf, ça va être long…

On progresse. A l’aller, le sentiment était d’avancer d’un pas et de reculer de trois. A la descente, c’est un peu l’inverse. Par moment, les petits cailloux et le sable, compressés par la semelle de la chaussure, décident d’un commun accord de se transformer en roulement à bille. S’en suit une glissade bruyante, le pied se dérobant la jambe. Les bâtons, rangés pour l’ascension, sont toujours accrochés au sac. Il s’agit donc de rétablir l’équilibre avant que le popotin ne touche le sol.

Tiens, on dirait que nous sommes suivis.

Nous en avions parlé lors de notre première visite. Le sentier qui monte au glacier n’est pas un sentier « officiel », mais il a été soigneusement balisé par des pastilles bleues, peintes à intervalle régulier. Elles ont été placées de telle sorte à ce qu’une trajectoire de 3 à 4 pastilles soit toujours visible, dans la montée comme dans la descente. C’est pour cela, par exemple, que sur la photo ci-dessous, deux pastilles ont été dessinées, sur les deux faces du rocher. L’une est visible à la montée, l’autre à la descente.

Yes, un peu de plat !

Voilà, nous l’avons fait !

Il est temps d’entamer la descente par le sentier. Regardez devant nous, la jolie vue sur l’autre flanc de la vallée.

Pour le contraste : ici la roche est rougeâtre.

Question de varier les plaisirs, pour la dernière partie du sentier, nous prenons une variante qui va nous amener à un petit pont qui traverse le Riale di All’Acqua. Le sentier est visiblement moins fréquenté et nous nous faufilons dans les hautes herbes. Deux tentes esseulées attendent le retour de leurs occupants.

Arrivées au refuge de Piansecco, nous nous posons quelques minutes. Assis un peu en retrait devant un grand verre de jus de pomme, nous observons les autres occupants de la terrasse bondée. Il y a des familles, des randonneurs, des promeneurs. L’ambiance est bonne enfant et le personnel de la cabane s’active à satisfaire tout le monde. Des assiettes chargées de charcuterie ou pâtisseries appétissantes circulent devant nos yeux, nous mettant l’eau à la bouche.

Il est pratiquement 16h lorsque nous décidons de quitter le lieu pour entamer la descente vers All’Acqua.

Moins de 40 minutes plus tard, nous sommes en bas, à All’Acqua. Le sentier passe à quelques mètres de l’hôtel-restaurant où nous avons passés la nuit avant-hier..

Nous regagnons nos pénates et nous nous posons quelques minutes au soleil pour admirer les beaux paysages alentour.

Ce soir le chef nous a concocté un Goulash au poulet, qu’il a fallu compléter avec des biscuits et fruits car l’estomac de Stefano criait encore famine.

Nous passons le reste de la soirée à regarder le coucher du soleil, avant de regagner notre tente et tomber dans le bras de Morphée…

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Flore du jour

Epervière à Feuilles de chicorée - Hieracium Intybaceum
Epervière à Feuilles de chicorée – Hieracium Intybaceum
Gentiane Champêtre - Gentiana Campestris
Gentiane Champêtre – Gentiana Campestris
Trèfle Alpin - Trifolium Alpinum
Trèfle Alpin – Trifolium Alpinum

Autoportraits du jour

Le matin à notre campement, avant le départ pour All’Acqua.

Devant l’ancien refuge Cassina Baggio.

Au Gerenpass. Derrière nous, le petit lac du glacier Chüeboden.

Même endroit, mais en pied. A côté de moi, Robocop !

Parce qu’il est toujours difficile de choisir quel autoportrait publier… Nos bandeaux taillés dans un tour de cou font merveille ! Ils feront désormais partie de nos fonds de sac.

Références externes

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À propos de Stefano

J’ai grandi dans une petite ferme de Suisse italienne, où j’ai passé les 20 premières années de ma vie. De cette époque désormais lointaine, j’ai gardé une passion pour la nature et les activités en plein air.

Je suis randonneur dans l’âme, photographe amateur et je contribue à l’amélioration de notre site, à la fois en termes de design ou de fonctionnalités. Aussi, je m’occupe de la préparation de nos aventures, de la logistique et du choix des itinéraires de randonnées.

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