Möðrudalur. La plus haute ferme d’Islande. Un hameau de maisons de tourbe au milieu de nulle part où les moutons sont plus nombreux que les humains. Une expérience unique, même si la météo ne nous a pas permis d’explorer l’endroit comme nous l’aurions souhaité. Pas grave, nous y reviendrons.
Hier, lorsque nous sommes arrivés ici, à Möðrudalur, après une dizaine de kilomètres sur une piste au milieu de nulle part, nous avons été rassurés en voyant de la lumière et quelques bâtiments. Il y a même plus que cela : en plus d’une église, le village compte un restaurant, une centaine de moutons et de belles maisons de tourbe. Sans parler d’une station essence.
Nous logeons dans un grand bâtiment. Au rez de chaussée, cinq chambres environ, avec une grande partie commune, composée d’une cuisine et d’un salon. Le sous-sol a à peu près la même configuration, mais en version plus rustique. D’ailleurs, étant entrés dans le bâtiment par le sous-sol, la vue des chambres spartiates, aux lits sans drap ni édredon nous a fait une petite frayeur. Cependant, aucun numéro de chambre ne correspondant à celui inscrit sur nos clés, nous avons étendu nos recherches et avons finalement trouvé nos chambres, un étage plus haut. Le temps de déposer nos valises, nous filons diner.
En rentrant, nous discutons avec un Suisse de Vevey, en vadrouille depuis quelques semaines, sac au dos, sans voiture ni vélo. Il se déplace en stop, et essaye de ne pas trop dépenser pour prolonger au maximum la durée de son voyage.
Au petit matin, le ciel étant en un peu dégagé, nous faisons une visite un peu plus approfondie de Möðrudalur.
Situé à une altitude de 469 mètres, c’est la ferme la plus haute d’Islande. Habitée depuis fort longtemps, ce petit hameau se situait sur la route n° 1 avant qu’elle ne soit déplacée plus au nord.
Evidemment, les choses se compliquèrent et les fermiers songèrent sérieusement à quitter l’endroit. Mais le fils de l’un d’entre eux s’entêta, ne pouvant se résoudre à abandonner le lieu qui le vit naître et où ses ancêtres vivaient depuis 1875. Bien que confortablement installé à Reykjavík, il revint au pays pour développer la ferme et la transformer en lieu d’accueil.
De vieilles ruines ont été découvertes au peu au nord de la ferme.
Le nom de Möðrudalur est cité dans des sagas historiques, comme celle de Grettir the Strong, un viking né vers 996. Il fut déclaré hors-la-loi à la suite d’un malentendu qui coûta néanmoins la vie à 12 hommes. Grettir frappa à la porte d’une maison pour demander du feu. Les occupants de la maison crurent voir en lui un troll et l’attaquèrent à coup de tisonnier et de brandons. Grettir, évidemment, se défendit et, dans la mêlée, un incendie se déclara, tuant 12 personnes. Bien qu’innocent, agissant en légitime défense, Grettir fut déclaré hors-la-loi et se réfugia donc en Norvège. De retour en Islande, il réussit pendant presque 20 ans à vivre caché, allant de cachette en cachette, parfois accueilli par des particuliers. C’est de ce long jeu de cache-cache que Grettir tire sa notoriété. Car, la loi d’alors stipulait qu’un hors-la-loi soit pardonné si, au bout de 20 ans, il n’avait pas été attrapé. Il fut tué sur l’ile de Drangey, à peine deux mois avant l’expiration de sa peine. Pas de bol.
La tourbe fut introduite par les Vikings au IXème siècle. En 1910, plus de la moitié des Islandais vivaient encore dans des maisons de tourbe. Prélevée dans les marais environnants, la tourbe était ensuite découpée en bandes avant d’être posée pour former d’épais murs sur une structure généralement en bois.
L’église est en train d’être rénovée. Stefano a discuté avec un Irlandais, responsable du chantier. Il passait quelques jours ici, l’année passée, lorsque, en discutant avec le propriétaire de la ferme, ils en sont venus à parler de l’église. Il fut convenu qu’il reviendrait l’année suivante pour s’occuper du chantier. Chantier qui est presque fini, ils sont en train de démonter les échafaudages.
Encore une !
Même si le confort semble sommaire, passer une nuit dedans doit être une expérience inoubliable.
Un troupeau de moutons paît un peu plus loin. Nous tentons une approche.
Et ça marche plutôt bien !
Nous quittons Möðrudalur un peu avant 10h, nous promettant de revenir un jour ici, pour explorer les environs.