Paint Mines

Une belle étape pour couper le trajet entre Denver et Alamosa. Paint Mines Interpretive park, petit parc sans prétention, à proximité d’un champ d’éoliennes, est très bien aménagé et permet une belle immersion dans un paysage de badlands avec à la clé des dunes de sable multicolore et des hoodos.

Jeudi 16 décembre marque le premier jour de nos vacances aux USA. Enfin ! Fermées depuis le début de la crise sanitaire, les frontières ont été ré-ouvertes le 8 novembre. Nous n’attendions que ça. Même exigeant (tests négatifs à fournir avant l’aller et le retour), le protocole sanitaire mis en place n’a pas réussi à nous décourager. Le voyage se passe très bien, les avions sont à l’heure, les gens restent plus ou moins masqués et nous arrivons comme prévu à Denver vers 18h00. Nous choisissions une Rogue AWD comme char, noire, toute semblable à celle que Stefano avait à Houston. Good old memories, part 1. Et comble du luxe, l’abonnement à Sirius XM est activé et nous espérons qu’il le reste jusqu’à la fin de notre séjour. Good old memories, part 2. C’est donc au son du canal BPM 51 que nous arrivons à l’hôtel, proche de l’aéroport. Nous dînons au Ruby Tuesday, à 50 mètres de l’hôtel, où nous sommes très agréablement surpris. Le buffet de salade est très varié. A part 3 saladiers contenant des mélanges préparés et assaisonnés, les autres ne contiennent qu’un ingrédient unique. L’escalope de poulet est tendre et la sauce citron qui l’accompagne subtile. Une belle découverte.

La qualité de la nuit était prévisible : effondrés à 21h, éveillés et frais à 3h du matin, rendormis vers 5h pour être évidemment tirés d’un sommeil profond à 6h30 par le réveil. Le petit déjeuner avalé (y’a pas beaucoup de choix), nous filons au Walmart, liste de courses en main, avec, pour chaque article, le numéro du rayon. Stefano a passé deux soirs à préparer notre liste, dans trois magasins différents. Nous commençons par celui chez qui nous allons, en principe, tout trouver. Il nous faut environ 35 minutes pour remplir notre caddy des habituels Clif Bars, céréales dont évidemment des Grape-Nuts (je m’en réjouissais depuis déjà plusieurs mois) et deux ou trois autres essentiels. Tout est là. Nous n’aurons donc besoin de nous replier sur un autre magasin.

Le ciel est bleu limpide, les températures en dessous de zéro, avec un froid sec vivifiant qui vous réveille chaque cellule. Let’s hit the road, lance Stefano.

Ce soir nous dormons à Alamosa, 234 miles plus au sud. Avec un arrêt àPaint Mines Interpretive park, un petit parc sans prétention mais qui vaut largement un détour. Paint Mines fut nommé ainsi car les natives venaient y extraire des pigments et de l’argile pour la poterie. Plus tard, les colons vinrent y retirer de quoi fabriquer des briques.

Nous partons vers le sud, par la I25. Ce n’est qu’après une quarantaine de kilomètres que nous commençons à voir autre chose que des maisons, des zones industrielles qui abandonnées, qui en activité. Enfin arrive la plaine, recouverte d’herbe jaune, immense, plate où rien n’arrête le regard. Nous sommes dans notre élément. Cet élément, nous l’appelons emptiness.

Près de Palmer Lake, nous quittons le confort mais la monotonie de l’autoroute pour nous engager sur des routes plus étroites et plus variées. La diversité vient de la trajectoire car les alentours restent les mêmes. Grandes plaines jaunes, où paissent des vaches et sur lesquelles sont éparpillées des habitations, entre trailers et maisons préfabriquées. Avec, pour tous un point commun : des vieilles carcasses de voitures, de caravanes, de tracteurs, de camping-cars entassées autour. Sporadiquement, des maisons cossues en dur (enfin en bois) avec une allée ouverte sur la route, précédée par un portique métallique ou de bois. Pendu à la barre horizontale, un nom du ranch ou de famille, hâtivement tracé à la main sur un panneau de bois ou, pour les plus pompeux, dessiné avec du fer forgé.

Les deux derniers kilomètres se font sur une piste, ce que le GPS de la voiture ne manque pas de nous faire remarquer, d’une voix désapprobatrice. Sur le parking, nous serons numero due.

Au premier abord, le soleil semble chaleureux. Mais après quelques minutes, le froid pique les mains et les oreilles. C’est donc emmitouflés que nous nous préparons, enthousiastes et euphoriques.

Comme nous aimons : n’en déplaise aux sceptique de la rotondité de la terre, seule la courbure terrestre limite notre vision. Allez, je vous l’accorde, la pollution y joue également une petite part.

Durant les derniers kilomètres, nous nous demandions où nous allions arriver et où pouvait se cacher ces badlands, terres ingrates et impropres à l’agriculture, argileuses ou marneuses, ravinées par la pluie et le vent.

Elles sont là, en contrebas d’un champ d’éoliennes, dont la société exploitante a participé à l’élaboration du parc et contribue à son entretien. Des petits patchs de terrain découvert, sur lesquels Mère Nature, excentrique, a laissé libre cours à son imagination.

Le sentier est en réalité une allée gravillonnée, par endroit bordée de pierres alignées, pour dissuader les visiteurs d’en sortir. Un rappel des instructions données par les divers panneaux. Pour ceux qui ne sauraient pas lire.

Des sentiers perpendiculaires, plus rustiques, permettent d’aller explorer plus détail une zone, avec une consigne nettement affichée, ne pouvant être ignorée que par une mauvaise volonté flagrante : ne pas grimper sur les formations, afin de ne pas y laisser des empreintes.

Nous prenons un peu de hauteur pour appréhender les différents points d’intérêts et faire un pré-tri. Nous n’avons pas plus que deux heures devant nous, alors autant sélectionner ce qui nous semble plus plus intéressant et photogénique.

Notre choix fait, nous nous enfonçons dans un petit canyon multicolore.

Ce parc est vraiment un badlands miniature, concentrant sur quelques hectares, un bel échantillon de couleurs et de formes différentes.

Tout y est.

De quoi donner envie à des néophytes de voir du plus grand et du plus beau encore.

Le soleil et les ombres ne nous facilitent pas la vie, mais comme dit Stefano, les meilleurs souvenirs, sont ceux imprimés dans le cerveau.

Non loin « du » sapin, le seul arbre digne de ce nom de tout le parc, nous voyons un lapin détaler. Au gré de nos déambulations, nous croisons et recroisons un couple paisible. La première fois, nous échangeons le Hi, how are you traditionnel. A la troisième fois, elle nous demande d’où nous venons, nous ayons entendu parler français. Le fin mot de l’histoire est qu’elle habite à Genève, en visite chez son père qui lui est de Denver. Ciel, le monde est tout petit. Tout comme cette zone du parc, pourtant une des plus grandes.

Mais si belle.

Deux familles sont arrivées, avec des gosses pleurnichards. Stupéfaits et outrés, nous les voyons enjamber une barrière, passer sans broncher devant un panneau précisant que l’accès est interdit, et couper dans la pente pour rejoindre le sentier.

Nous reprenons gentiment le chemin de parking. Une partie du ciel est maintenant recouverte d’un gros nuage sombre, presque noir, longiligne. Le soleil n’était pas caché, il nous offre un joli contraste.

Les éoliennes, impassibles, continuent leurs petites affaires. Nous les trouvons élégantes et majestueuses, n’impactant en rien le sentiment d’espace, ne défigurant pas l’horizon.

Même très photogénique, nous espérons que le ciel ne nous tombera pas sur la tête.

Il est environ 15h30 lorsque nous reprenons la route. Arrivés à Walsenburg, nous obliquons résolument à l’ouest. Nous roulons à présent dans une zone montagneuse et la route nous emmène toujours plus haut. Il fait maintenant nuit mais la lune, presque pleine, se reflète sur les montagnes voisines enneigées. La route brille et le thermomètre est déjà au-dessous de zéro, flirtant avec la vingtaine (Farenheit).  Inutile de préciser que nous roulons très très prudemment. C’est à proximité du col, qui culmine à 2895 mètres d’altitude que le Sangre Cristo creek prend sa source. Celui-là même qui a donné son nom (ou vice-versa) aux montagnes qui surplombent et entourent Great Sand Dunes, où nous passons la journée demain.

Nous arrivons après 20 heures à Alamosa. Le réceptionniste de l’hôtel nous prévient que les restaurants alentours ferment très tôt, avant 20h. Nous sommes un peu incrédules mais n’ayant ni envie de rouler encore pour chercher une auberge, nous nous rabattons sur le Wendy’s, égal à lui-même pour ce qui est des salades.

Autoportraits du jour

Sur le parking, emmitouflés.

Au retour, avant de repartir. Et si on jouait aux jeux des 7 différences ?

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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