Hagerman Pass

On prend la même météo qu’hier et on recommence ! Sauf qu’il ne neige pas (encore) mais qu’il a neigé durant la nuit.

Qui a dit que les courbatures sont encore accentuées le second jour après l’effort ? Et bien, il/elle a raison. Hier c’était du pipi de chat comme dirait ma grand-mère ! Aujourd’hui c’est… du sérieux.

Aussi n’ai-je pas de regret lorsque Stefano me dit que nous n’allons pas tenter un 14er mais un des trails prévus en cas de mauvais temps ou pour une marche d’acclimatation.

Il est trooooooop fort, mon Stefano. Nous sommes partis pour 6 jours de randonnées et il a au moins préparé 3 fois plus itinéraires. La ceinture et les bretelles. Jamais pris au dépourvu.

Nous décidons de braver l’interdiction affichée aux abords de Turquoise Lake (voir le billet de la veille).

La route qui passe sur le barrage de Turquoise Lake est dégagée ainsi que les premières centaines de mètres. Une caissière, au Safeway local, nous a dit : avant fin octobre, la neige ne reste pas.

C’est exactement ça, aux endroits que le soleil peut atteindre. C’est une autre histoire ailleurs.

Lorsque nous retrouvons la neige, la route est recouverte d’une bonne douzaine de centimètres.

C’est une dirty road, étroite, sans barrière, surplombant Turquoise Lake d’une centaine de mètres environ. Autant dire que nous n’en menons pas large.

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Nous nous garons une première fois avant l’endroit prévu. À peine sortis de la voiture, un truck passe, à tout allure. Stefano me regarde et dit… Bon, je pense que nous pouvons aller plus loin.

Nous remontons donc en voiture et faisons un peu plus d’un km. Un virage exposé nous fait faire demi-tour et garer la voiture à proximité. Nous n’irons pas plus loin car les Two Swiss Hikers sont raisonnables…

Nous sommes en Keen. Pour les néophytes, les Keens sont des sandales (enfin, au début de la marque). Et comme nous ne sommes pas allemands, les sandales, nous les portons sans chaussette (blanches et montantes…). Lorsque nous descendons de la voiture, la neige vient nous chatouiller les doigts de pieds.

Je vois Stefano traverser la route pour aller chercher une pierre dans le fossé, afin de la mettre sous une roue. Dans le fossé, la neige s’est accumulée et la profondeur dépasse 20 cm. Je regarde Stefano sauter comme un cabri, ne pas réussir à décoller la pierre, scellée pour cause de gel, en revenir en sautillant penaud. Moi, je ris aux éclats. La scène est hilarante.

Là, au premier plan, ses traces de pas.

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L’histoire se termine dans le coffre de la voiture, moi, en train de lui sécher les pieds en pleurant de rire. Lui… rit aussi !

Nous suivons la route. Nous devrions ainsi arriver au Midland Trailhead. Le Midland Trail est un sentier qui suit le parcours d’une ancienne voie de chemin de fer, la Colorado Midland Railroad.

Nous marchons à flanc de montagne. De l’autre côté, nous voyons distinctement la route qui continue. La route a la forme d’une immense épingle à cheveux dont un côté fait près de 4 km.

Nous voici encore sur le flanc sud. Au fond, le virage.

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Nous passons le virage. Non loin, un ancien tunnel ferroviaire, le Busk–Ivanhoe Tunnel, creusé en 1891.

Une partie du tunnel a été reconvertie en conduite d’eau ou utilisée pour faire passer une conduite d’eau. Ce n’est pas très clair.

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Voici le début du sentier.

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Nous renonçons à le suivre. La couche de neige est traître. Assez épaisse pour cacher des pierres, mais pas assez pour les enterrer vraiment. Nous ne voulons pas nous blesser.

Nous continuons donc sur la route. Une dizaine de minutes plus tard, la neige commence à tomber. Le soleil et le ciel bleu ont disparu.

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Stefano nous a trouvé un but… Monter jusqu’au col, qui est aussi la ligne continentale de partage des eaux (Continental Divide).

Avec un but, le temps passe plus vite.

Il neige de plus belle. Je vois Stefano pivoter sur lui même à plusieurs reprises en scrutant le ciel. Pas d’amélioration en vue.

Le paysage est monochrome.

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Nous devons passer à plusieurs reprises sous des lignes à haute-tension. Les flocons de neige les font crépiter. À chaque fois, nous accélérons le pas, pas très rassurés.

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Nous arrivons en vue du col.

Là, c’est la surprise. Le soleil apparaît. Quelle récompense !

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Nous quittons le sentier-route pour nous diriger vers le point le plus haut.

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Des petits sapins gelés nous accueillent.

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Nous restons là, une quinzaine de minutes, nous chauffant, tels des lézards, au soleil.

Le paysage est grandiose.

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Nous envoyons le message SPOT du jour.

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Nous décidons de continuer sur le plateau pour aller voir un bâtiment et les antennes qui l’entourent.

Nous marchons un peu puis abandonnant l’idée d’aller voir la civilisation, nous obliquons en contrebas, vers la route et le col.

Nous sommes sur le Continental Divide.

Tous les ruisseaux, torrents, fleuves, jusqu’à la moindre goutte de pluie qui partent ou tombent à gauche se jettent dans l’océan Pacifique, les autres dans l’océan Atlantique. C’est important de savoir dans quel océan va arriver son pipi, non ?

11’925 pieds, soit 3’634 mètres.

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Tout à coup, prise d’un doute, je regarde Stefano et lui demande : a-t-on repris le SPOT ? Il me regarde, les yeux ronds et me dit : ooops, non, il est resté là haut !

C’est la toute première fois que cela nous arrive. Oublier le SPOT ! Nous retournons le chercher. Et comme nous étions descendus pour arriver au col, il nous faut donc… remonter.

Ce qui est rassurant c’est qu’il n’a pas bougé…

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Nous reprenons le sens de la descente, cette fois pour de bon.

Les quelques minutes de soleil ont déjà fait fondre la neige.

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La vue est dégagée et même si nous ne bénéficions pas d’une tempête de ciel bleu, nous découvrons des paysages qui nous avaient été dissimulés.

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Tiens, un petit lac. Au fond, le flanc de montagne où la voiture est garée. Nous avons encore du chemin !

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À quelques dizaines de mètres de la route, en amont, Stefano aperçoit une construction.

Il s’agit plus d’une construction en fait. Il s’agit d’un magnifique refuge pour chasseurs et amateurs de randonnées.

Jugez plutôt !

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Nous faisons le tour du propriétaire : deux dortoirs, quelques chambres individuelles, deux salles communes, des double-vitrages, bref…. De la belle construction.

Maintenant que le soleil est plus présent, nous passons du monochrome au multicolore.

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Nous marchons, chantons, papotons, restons silencieux tour à tour. Nous mettons en scène des scénarios catastrophes dans lesquels la voiture a glissé (malgré la fameuse pierre), et s’est retrouvée, après plusieurs tonneaux, dans le lac. Des vrais gamins.

Mais, des gamins HEUREUX.

Nous passons le virage de l’épingle à cheveux. Des géomètres y font de relevés, non loin de l’entrée condamnée de la mine.

La voiture est là (enfin, peut-être), au bout de la route.

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Comme hier, à plusieurs reprises, nous entendons le bruit de voiture alors qu’elles sont en train de rouler sagement derrière nous, au pas, attendant patiemment. Comme hier, les conducteurs et passagers sont hilares.

Turquoise Lake est en vue avant que la voiture ne le soit.

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Nous repartons de plus belle dans nos scénarios. C’est bon de se faire peur !

Tout en sachant, qu’inévitablement, au détour du virage, nous allons trouver… une voiture, nous attendant.

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La pierre, salvatrice de tous les dangers !

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Nous allons dîner au Golden Burro, et prenons exactement le même plat qu’hier. Non contents d’être monopistes en snowboard, nous sommes également monoplats au restaurant !

Autoportraits du jour

Il neige.

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Au point culminant de la balade du jour.

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À Hagerman Pass, sur la ligne continentale de partage des eaux.

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Références externes

En anglais

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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