Fromagerie des Loges

Hier soir, Stefano a repéré le tracé et fixé la destination : La Fromagerie des Loges. C’est un coin que nous ne fréquentons que très rarement, tout simplement à cause de son éloignement.

Et donc, pour avoir suffisamment de temps, nous jouons les fainéants et montons le plus haut possible. Nous passons Bassins, Les Platets, continuons… jusqu’à ce qu’un panneau nous interdise d’aller plus loin. Garés sur un terre plein, tandis que nous enfilons nos chaussures, nous avons tout le loisir d’observer le non-respect du panneau. Disons que sur 4 voitures, 1 seule s’arrête, les autres passant outre, effrontément.

Nous suivons tantôt la route, tantôt un sentier parallèle qui nous permet de couper un ou deux virages et de gagner un peu de temps.

La Fontaine des Rochers est à sec (ou quelqu’un a fermé le robinet, allez savoir !).

Confiants, nous laissons le Chalet du Crot pour le retour et restons focalisés sur notre destination. Les places de camping parallèles à la route qui mène à La Bassine sont prises d’assaut. Un des emplacement est même saturé et abrite deux camping cars et trois ou quatre voitures, dont deux ont des tentes perchées sur le toit. Une bonne odeur de bois vert brûlé (hein Stefano ?) flotte dans l’air.

Nous quittons la route lorsque nous arrivons à l’embranchement de la route menant à La Bassine à droite et aux Pralets à gauche.

Nous, c’est simple, nous continuons tout droit, par un petit sentier qui ne ménage pas mes mollets. Ils ont beau crier, hurler, rien n’y fait. Je ne m’arrête pas et ils me le font bien payer. En arrivant sur la piste forestière, nous dépassons un couple de randonneurs que nous saluons. Le salut du monsieur consiste en une question : mais mais, vous avez un train à prendre ? C’est vrai que nous marchons d’un bon pas tout simplement car la boucle prévue par Stefano est conséquente. Ce que nous tentons d’expliquer : non, pas de train à prendre mais nous avons de la distance à parcourir…. Au passage, c’est sur ce sentier, l’année passée, que nous avions trouvé des Lys Martagon. Une fois de plus, nous admirons ce joli passage naturel.

Très vite, nous arrivons sur cette magnifique combe que nous appelons Les Bégnignes mais qui est en fait constituée de plusieurs pâturages, séparés par de magnifiques murs de pierre sèche.

Alors, sur la photo qui suit, techniquement nous sommes sur le pâturage du Couchant, celui des Bégnignes commençant après le mur.

Mais bon pour nous, lorsque nous parlons de ce coin, interdit à la randonnée en raquette ou en ski en hiver, nous parlons Des Bégnignes.

Nous partons vers le sud-ouest, en direction du Couchant, que nous trouvons inoccupé. Mais une brouette dehors, ainsi qu’une table nous laissent persuadés que le gardien (un québécois avec qui nous avons discuté à maintes reprises ces deux dernières années) a déjà commencé à préparer la saison.

Derrière nous, Les Bégnignes.

Puisque les vaches sont absentes et que l’herbe est encore bien rase (mais vraiment très très courte) nous nous autorisons la descente dans le pâturage en direction de la Cabane des Électriciens. Et puisque c’est exceptionnel, nous prenons nos aises et nous occupons l’espace.

La Cabane des Électriciens… Presque aussi jolie que le couvert de la Sèche de Gimel. Presque, j’ai bien dit presque. A propos, avez-vous remarqué les méchants nuages noirs, tout là-haut dans le ciel ?

La Combe des Bégnignes, dans toute sa splendeur. Et lorsque qu’elle semble disparaître, là-bas, tout au bout de l’horizon, et bien, c’est pour tromper l’ennemi. Car derrière le chalet des Bégnignes, il y a la Petite Chaux. A vol d’oiseau (as the crow flies comme disent nos amis anglo-saxons), la combe mesure pas moins de 4.48 km.

100% focalisés sur notre destination et suivons la route qui part vers le nord, en direction de la France.

Nous n’hésitons pas une seule seconde lorsqu’il nous faut renoncer à aller voir, sur le pâturage de La Baragne, ce magnifique chalet abandonné au toit orange de rouille.

Nous passons le Creux à la Neige (salutation au passage à Alain Visinand qui connaît, voire a exploré, tous les gouffres du coin) en constatant que les barbelés de protection sont au sol. Le terrain n’est pas encore prêt à recevoir le bétail.

Après une descente un peu sèche sur un sentier aux pierres mouillées, nous arrivons sur une zone dégagée : Les Loges. Ici aussi, (et même si c’est beaucoup moins scénique que la Combe des Bégnignes), les pâturages s’enchaînent, parallèles à la Vallée de Joux : plus de 7 km de pâturage qui se terminent par la route du Marchairuz.

Ici, les chalets privés, pour beaucoup anonymes et tous construits de pierre, sont légion, certains entretenus, d’autres semblant à l’abandon.

Nous ne pourrons en faire une énumération précise mais celui-ci est particulièrement mignon.

Nous traversons une zone boisée, ce qui nous fait dire que nous changeons de pâturage. D’après le panneau, nous quittons Les Loges Dessus.

Pouchichaka, dirait Stefano. C’est un mot que lui et ses frères utilisaient lorsqu’ils étaient enfants pour désigner la boue. Un mot inventé bien sûr…

Contrairement à toute attente, le pâturage suivant est s’appelle Les Petits Plats. Nous aurions plutôt opté pour Les Loges Dessous. Allez comprendre !

Là aussi, les chalets ont poussé comme des champignons.

Les murs de pierre sèche sont partout.

Il y a même des puits.

Nous avons beaucoup aimé ce chalet bicolore.

En fait, ils ont tous un certain charme.

Mais celui qui remporte la palme du plus original et du plus ancien est celui qui répond au nom de Chez Bonaparte.

Son toit, qui semble avoir été martelé à la main, est tout simplement incroyable.

1895 grammes pour faire des photos somme toute bof ! Je suis très déçue mais je dois ne m’en prendre qu’à moi-même car, ayant arrêté de l’utiliser depuis plus d’une année, j’ai perdu tous mes réflexes et chaque changement de réglage est un cauchemar.

Oui, nous sommes bien sur Les Petits Plats.

De chalet en chalet, nous arrivons Aux Grands Plats du Vent. Le parking vomit des voitures et il y a foule. Point de photo donc.

Par contre, nos amies les vaches sont là.

Sans nous poser de question, nous suivons la route qui nous mène Aux Grand Plats de Bise. Allez comprendre, car la bise c’est bien le nom d’un vent, non ? Faut croire qu’ici elle est plus agressive qu’Aux Grands Plats du Vent.

Le bétail est également dehors. Il y a une vache d’un brun singulier, qui semble complètement ahurie.

Stefano dira qu’elle ressemble à un gnou.

Les Grands Plats du Vent.

Il y a des petits veaux qui ont été baptisés : Minute, Muscade. Tous les noms commencent par M.

Bon. A partir de là, il n’y a plus de route. Ce qui ne nous empêche pas de continuer dans la même direction. D’abord, nous longeons une clôture…

… puis descendons au fond du trou où un petit marécage nous attend, en témoignent les Populages des Marais.

Une belle montée nous ramène au niveau de la combe et nous arrivons au chalet Le Cerney. Sur le parking, à l’arrière du chalet, une Subaru est garée, décorée d’autocollants représentant des edelweiss. Juste à côté, un monsieur aux cheveux argentés. Dans sa main il tient, il tient… Devinez quoi ? Deux autocollants jaunes, avec un petit randonneur noir, ceux-là même utilisés pour le balisage des sentiers.

Flambant neufs, pas encore utilisés. Vous imaginez ?

Je perds un peu de mon self-contrôle et les montre du doigt en m’exclamant. Je ne sais plus trop ce que j’ai dit mais il m’en tend un que j’attrape avidement. J’ai le sourire jusqu’aux oreilles et ne peux m’empêcher de lui faire un hug.

Suite à ça, forcément, nous engageons la conversation. C’est un vétérinaire à la retraite, qui s’est reconverti en baliseur de sentier. Il a tout le secteur du Chenit, soit 100 km de sentier qu’il doit parcourir une fois par an, dans les deux sens. Baliseur… C’est quelque chose à laquelle nous avons pensé pour notre retraite. Il nous dit que sur certains secteurs il y a des listes d’attente et que connaître un chef de secteur aide beaucoup. Soit. 10 ans,  nous avons donc 10 ans pour trouver un chef de secteur et nous en faire un ami.

Nous le quittons à regret.

A partir de là, nous changeons radicalement de direction : du nord est, nous partons vers le sud est. Stefano me dit : tu ne devineras jamais là où nous allons arriver. Heu, non… Au refuge de La Pierre à Écusson. C’est là que nous pique-niquons.

Pssst ! Vous avez vu le bel autocollant jaune ? Et bien j’ai le même dans mon sac, bien à l’abri…

Pour la suite de la balade, nous sommes en terrain connu. C’est sous le soleil que nous passons le mur d’enceinte de la Sèche des Amburnex. Ah, un peu de chaleur, qu’est-ce que ça fait du bien !

Après quelques consultations du GPS, Stefano décide du chemin du retour : le chalet de La Pierre à Lièvre, puis le chalet à Roch Dessus, la Vue de Genève

Le sentier qui nous mène au chalet de La Pierre à Lièvre est très agréable. Sur la route (enfin, la piste forestière), en contre-bas, deux voitures sont garées : il y a donc du monde au chalet comme en témoignent les volets ouverts.

Une petite montée nous amène au Chalet à Roch Dessus, qui côté nord, ressemble à un chalet quelconque.

C’est sa face orientée à l’ouest qui fait toute la différence.

Dans la continuité, nous allons saluer les deux petits chalets privés situés à quelques centaines de mètres. Si le premier n’est pas de nom…

… le second s’appelle Le Caprice et nous a accueilli cet hiver, pour un pique-nique.

Champ de gentianes printanières sur fond de gros nuages noirs.

Une autre montée un peu plus conséquente nous mène à la Vue de Genève.

Puis au chalet privé Les Planes, construit en 1948 et situé à 1495 mètres d’altitude.

Nous trouvons un peu de neige en quittant le chalet.

C’est également ici que nous amorçons le retour. Nous retournons voir ce joli refuge, La Place d’Armes.

Sans surprise, nous arrivons à Petite Chaux. C’est sur ce trajet que, cet hiver, nous avions fait une incursion involontaire dans la zone de tranquillité du Noirmont.

Nous traversons le pâturage pour rejoindre l’autre côté de la combe et la forêt.

Nous pensions échapper au passage infernal. Mais non, la barrière est fermée et il ne nous reste plus que le passe-mur.

Descente vers le pâturage de La Rionde Dessus. Nous ne sommes pas rendus. La voiture est derrière la seconde crête.

Le couvert de La Rionde Dessus.

Nous faisons un petit détour par la Rionde Dessus (ou Riondaz Derrière)…

… puis, histoire de ne pas faire de jalouse, nous suivons sagement la route…

 

 

 

… pour arriver à la Rionde Dessous, qui soit dit en passant, est en parfait contre-jour mais sans qu’aucune voiture ne vienne la défigurer. On ne peut pas tout avoir…

Il est 17h30. Ca fait plus de 7 heures que nous sommes partis. Marchant un peu au ralenti et mécaniquement, nous suivons la route. Cela nous permet de marcher côte à côte et de bavarder.

Toujours franchement en direction du sud, nous arrivons à la Perroude du Vaud. Nous n’avons pas le courage de nous en approcher et suivons le sentier. Ne trouvez-vous pas que le ciel est un peu beaucoup noir ?

Nous abandonnons la route afin de raccourcir notre retour et tenter d’arriver à la voiture avant la nuit. Nous coupons à travers champ sans manquer d’admirer ce magnifique mur refait tout récemment à neuf.

Au loin, Le Planet. Il n’y a pas si longtemps, nous nous étions pris une averse de grésil et de neige (voir notre billet Le Planet) mais nous avions pu jouir également d’une lumière incroyable et magnifique.

Le Planet, version été.

Nous descendons par le sentier qui mène au chalet Le Crot mais nous l’ignorons. Il est trop tard.

Sans surprise, la TSH Mobile est toute seule et abandonnée sur le parking. Toute seule ? A première vue, certes. Mais une multitude d’insectes s’est installée sur la carrosserie, la prenant sans doute pour une fleur.

Il est 18h50. Nous sommes absolument ravis de notre journée, de nos 8h15 de marche et des 28.4 km parcourus. Quelle journée ! Et, fait marquant, nous sommes restés au sec.

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Faune du jour

Linda, la vache au regard un poil dédaigneux. Je dirai que c’est une vache Holstein.

Roméo, l’escargot de Bourgogne.

Flore du jour

Cardamine des Prés – Cardamine Pratensis
Cardamine des Prés – Cardamine Pratensis

Du bois-joli… au parfum délicieux mais aux baies rouges mortelles.

Bois Joli – Daphne Mezereum
Drave des Rochers – Draba Aizoides
Pulmonaire Officinale – Pulmonaria Officinalis

Autoportraits du jour

Au chalet Les Planes.

Avatar for Marie-Catherine

À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

Galerie d’images