Tour des 5 lacs depuis le col du Saint Gothard

Le tour des 5 lacs en partant du col du Saint Gothard est une excursion ne présentant pas de difficultés particulières. Aujourd’hui, nous revenons sur nos traces de 2022 mais cette fois avec une différence de taille : un magnifique ciel azur, révélant le relief à l’infini et donnant aux lacs la couleur de l’émeraude ou de la gentiane bleue.

31 août 202523 juin 2022

31 août 2025

Nous glissons la voiture entre deux camping-car, non loin de la piste qui mène à l’entrée de la forteresse Sasso San Gottardo. Le ciel a une belle couleur azur, contrastant du ciel gris et lourd de pluie qui nous a accompagné ces deux derniers jours. La température est fraîche pour la saison, même à plus de 2000 mètres.

En regardant les pales de l’éolienne se mouvoir avec le vent, je ne peux m’empêcher de penser au petit nain orange qui récemment a affirmé que « les turbines sont laides, bousillent le paysage et tuent les baleines ». Ça pourrait être cocasse si ce n’était pas dramatique.

Mes quadri et mes mollets ont gardé un souvenir cuisant de notre petite virée à vélo d’hier. La mise en route est toussotante, même avec les premiers lacets de route qui nous élèvent jusqu’au niveau du barrage.

Nous n’avions gardé aucun souvenir de la route et ce n’est qu’en voyant les panneaux et le sentier s’en détacher que les images nous reviennent en tête.

Du confort de la route goudronnée nous passons sans aucune transition à un sentier étroit et escarpé, où la terre n’est que boue. Ce passage ne dure guère plus de 30 ou 40 mètres mais suffirait à décourager un groupe avec de jeunes enfants.

Dommage car ensuite, le sentier devient large et plat, souvent bordé ou soutenu par un mur.

Sur notre droite, le ballet des engins mécaniques continus, partagés entre la nouvelle route et l’ancienne Tremola. Le sommet, au centre droit, est le Schwarzlochhorn – la corne du trou noir -, à la frontière entre le Tessin et Uri. Mais d’après le nom, il semblerait que ce soit Uri qui se le soit approprié !

Ce n’est qu’après la traversée du riale di Giacobi que la montée commence.

En ce dimanche, dernier jour du mois d’août 2025, nous ne sommes pas les seuls sur les sentiers. Et aujourd’hui, une particularité nous interpelle : pour tous les couples que nous voyons partageant un sac à dos pour deux, ce sont les femmes qui le portent. Serait-ce aujourd’hui la journée internationale des femmes porteuses de sac à dos ? Pour nous, la question ne s’est jamais posée : chacun porte son eau, ses couches supplémentaires, ses 10 essentials, sa nourriture. Enfin presque, car lorsque nous arrivons au col, je me rends compte que j’ai laissé mon sac de Clif bar dans la voiture. Nous n’avons que la ration de Stefano, soit 4 pour la journée, ce qui est peu. Il va falloir se rationner et surtout ne pas dévier de l’itinéraire prévu. Tu as compris, MC, me dit Stefano ? Pas de sommet imprévu aujourd’hui !

Le lago d’Orsino est le second des 5 lacs que comporte le tour. Le premier lac – lago della Piazza – ne compte presque pas, car situé tout près du parking du col. Il est photographié par tout un chacun, sportif ou pas, parfois même sans descendre de voiture.

Ce n’est que lorsque nous le surplombons que la lumière se prête aux photos.

Nous retraversons le riale di Giacobi qui prend sa source quelque part sur le versant du pizzo d’Orsirora. Le gué est constitué de grosses pierres plates si bien ajustées qu’aucune ne bouge à notre passage.

(sens contraire de la marche)

Au franchissement d’une crête, les pierres emboîtées se raréfient et le sentier redevient un sentier de montagne. Sur notre gauche, un des deux laghi d’Orsinora, le plus petit. Le vent dérange la surface de l’eau, annihilant son effet de miroir.

Une centaine de mètres plus loin, nous arrivons au bord du lac le plus grand. C’est l’heure du pique-nique ; nombreux sont les randonneurs assis contre des rochers, à l’abri du vent. Mais une randonneuse tout de rose vêtue, rebelle, n’hésite pas à investir un rocher en surplomb, offrant un joli contraste avec le bleu de l’eau.

Stefano me propose de monter jusqu’au passo d’Orsino. Nous aurons une belle vue sur le canton d’Uri, me promet-il. La proposition est acceptée avec enthousiasme d’autant qu’aujourd’hui le dénivelé total promet d’être faible.

Un petit quart suffit à y grimper. Stefano avait raison. La vue sur les vallées adjacentes du canton d’Uri est splendide. Et, en plus, il y a un joli petit plan d’eau juste sur le replat.

Sur la droite, surplombant la route qui mène au Furkapass, le Tiefengletscher (le glacier) que surplombe le Galenstock.

Wow, encore un beau terrain de jeux !

Sur la gauche, dans l’ombre, nous apercevons ce que nous pensons être le Witenwasserengletscher, sur la même crête que le passo di Cavanna.

Nous sommes au pied du pizzo dell’Uomo, un des sommets préférés de notre gentille voisine. Nous nous promettons d’y aller avec elle pour notre première. Nous faisons demi-tour pour rejoindre le sentier principal et reprendre notre tour des 5 lacs.

C’est en continuant la balade vers les laghi della Valletta que nous sommes interpellés par une dame, au moment de la croiser. « Ah, voi siete i Two Swiss Hikers! ». Nous nous arrêtons, stupéfaits. Ce type de rencontres nous était arrivé ou fois ou deux dans le Jura, mais ici, au Tessin, alors que nous ne sommes installés que depuis quelques mois et que le blog a été très laconique en début d’année, c’est surprenant. Nous réalisons alors à quel point Airolo est un petit village. Nous avions rencontré deux randonneurs très sympas lors d’une rando sur les hauteurs de Chironico (voir billet Ces – Doro – Cara). La dame que nous rencontrons en est une cousine, ancienne maitresse d’école du village, amie de la voisine avec qui nous randonnons parfois. Ouf. Que de recoupements ! Nous restons une belle dizaine de minutes à papoter, parlant des racines des familles, du dialecte d’Airolo pour lequel, nous apprend-elle, il existe un dictionnaire, et de plein d’autres choses. Quelle belle rencontre !

Nous arrivons en surplomb des laghi della Valletta. Vu d’ici, les deux lacs ont l’air de se toucher. Mais sur le terrain, ils sont séparés de deux cents mètres environ, mais connectés par un ruisseau qui devient, au sortir du second lac, le riale del Sasso della Meda.

Voici le premier, le plus petit, vu de sa rive est.

Nous abandonnons un moment le sentier pour rejoindre le second lac en longeant le ruisseau. Les berges sont marécageuses et nous sautons de pierre en pierre, en ratant parfois une, provoquant un grand splash lorsque le pied atterri dans la mousse détrempée.

Revenus sur le sentier, nous longeons le lac par son côté est puis, arrivés au bout, nous nous mettons en quête d’un endroit abrité du vent et des regards qui me permettrait de faire trempette.

Le vent semble arriver de tous les côtés. Mais nous dénichons un petit coin d’eau cristalline, avec une large pierre idéalement placée. Je n’hésite pas une seconde et me plonge quelques minutes dans l’eau glacée.

Revigorée, l’air extérieur me semble beaucoup plus doux. Après un dernier replat, au terrain marécageux, nous commençons la descente vers le lago di Lucendro.

Les fortes pluies de derniers jours ont transformé de longues sections du sentier en petits rus, rendant la descente fastidieuse. Heureusement le magnifique panorama l’adoucit un peu !

Je regarde au loin le passo di Lucendro et, les yeux brillants d’envie, demande à Stefano d’y aller dès que possible.

Nous revenons à la voiture tranquillement par la route.

Au col, une belle brochette de camping-cars a investi le parking, rangés en rang d’oignons près du lago della Piazza. Nous les étudions un à un, pour le plaisir. Heureux, nous descendons sereinement – au grand dam des autos qui nous suivent – vers Airolo, discutant des modalités de l’apéro qui va suivre, histoire de fêter cette belle journée.

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Autoportraits du jour

Sur le sentier-route qui va du lago d’Orsino aux laghi d’Orsirora.

Entre les deux laghi della Valleta. Oui oui, vous avez bien vu ! La doudoune, en tout cas chez moi, est de rigueur. J’ai même relevé quelques minutes la capuche !

23 juin 2022

Ce billet est un revenant. Il avait été omis du récit de nos vacances à Airolo en 2022. Pourquoi ? Je n’en ai aucune idée. Tout cela pour dire que, 3 ans plus tard, les détails de cette randonnée ont pour la plupart été oubliés mais heureusement, il reste les photos. Ce dont je me souviens est que la veille, le 22 juin 2022, en raison d’une météo exécrable, nous avions été visiter la forteresse Sasso San Gottardo, ancien bastion militaire top-secret creusé dans la montagne. Je me rappelle aussi que, au moment de nous enfoncer encore plus profondément dans la montagne en embarquant dans le petit train, une employée nous avait proposé des polaires épaisses. Nous avions hésité avant d’accepter. Grand bien nous prit. Car, dans les entrailles de la terre, la température ne dépasse guère 6°.

Nous laissons la voiture sur le parking, tout près du musée et des vendeurs de raclettes et de cervelas.

Le ciel est bleu mais devrait se couvrir dans la journée. Les hélices des éoliennes tournent nonchalamment, produisant un bruissement régulier. Je les trouve majestueuses.

La première partie de la balade consiste à monter au niveau du barrage du lago di Lucendro. Il nous faut pour cela longer la route avant de trouver le sentier qui recoupe la même route un peu plus loin.

Les motos et voitures sportives se succèdent, leurs vrombissement couvrant le bruit des éoliennes et ricochant le long de la vallée, résumant bien le col du Saint-Gothard. Le paradoxe entre la haute montagne et la circulation routière de loisir.

L’accès au couronnement du barrage est interdit au public. Dommage.

Nous quittons la route pour un sentier étroit qui descend abruptement pour se stabiliser un peu plus loin, en traversée.

Sitôt que la pente s’aplanit, le sentier s’élargit et s’aplanit. C’est en réalité un chemin d’exploitation permettant le contrôle (et l’entretien) des diverses installations hydroélectriques qui le ponctuent.

Ici, l’installation au niveau du riale della Passera.

(sens contraire de la marche)

Après avoir franchi le riale di Giacobi, le sentier se dirige perpendiculairement à la montagne. Il semble bien que nous devions passer ce petit col.

Deux choses se passent lorsque nous franchissons le col : nous découvrons le lago d’Orsino et le ciel s’est brusquement couvert.

L’eau qui s’en écoule forme le riale di Giacobi. Nous optons pour le sentier qui suit la rive nord du lac, s’approchant de la cascina d’Orsino, pour ensuite remonter et rejoindre le sentier « principal ».

Le sentier « principal » en question est un sentier construit, consolidé par de larges pierres plates. Qui l’a construit ? Pour quel usage ? Touristique, militaire ou élevage ?

Nous franchissons une crête et apercevons, en premier lieu, le plus petit et le plus bas des laghi d’Orsirora.

Il récupère les eaux de plusieurs petits ruisseaux, dont le riale della Passera, alimenté par son grand frère, un peu plus haut. Le sentier se faufile vers une crête.

Parvenu sur la crête, nous apercevons le « grand frère ». Le soleil semble avoir définitivement disparu et les eaux sont grisâtres.

Nous ignorons superbement le sentier qui monte vers le col Gatsholalüke ou plutôt le passo d’Orsirora. Car ce col est à la frontière Tessin-Uri et bien que marqué passo d’Orsinora sur le tracé, il semble que la personne responsable du balisage ait préféré la version allemande. Vu le temps, me dit Stefano, nous ne verrons rien de l’autre côté.

Le sentier continue vers le sud pour arriver à la hauteur d’un des laghi della Valletta. Là encore, l’eau est terne.

Même chose pour l’autre lac, plus grand. Heureusement que nous sommes là pour rajouter un peu de couleur !

Voici un joli petit coin marécageux. L’herbe y est vert pomme, ce que la photo n’arrive pas à rendre.

Bientôt commence la descente vers le lago di Lucendro.

Elle est longue et absolument inintéressante. Nous faisons une petite pause à proximité d’une étable ou d’un refuge, La Ghièna. L’endroit est envahi par le rumex, preuve irréfutable de la présence de bétail plus ou moins récente.

C’est avec soulagement que nous rejoignons le confort de la route. Dans le ciel, des trous de ciel bleu s’agrandissent. Nous en profitons pour allonger la balade et partir à l’opposé du col du Gothard, vers les bâtiments de l’alpe di Lucendro.

A la traversée du Gotthardreuss.

C’est là que nous nous rendons compte que le niveau du lac est au plus bas.

C’est sous un soleil voilé que nous reprenons la direction du barrage. La route est agréable à la marche, bordée à gauche de roches où s’épanouissent toutes sortes de fleurs (voir la section Flore du jour).

Les goretex ont été remisées dans le sac.

Au parking, intrigués par une statue, au grand dam de nos quadriceps, nous n’hésitons pas à monter les quelques marches pour aller la contempler de plus près.

Elle est magnifique, pleine de réalisme et représente le général Aleksandr V. Suvorov qui passa par le col du Saint Gothard.

Ainsi se clôt notre journée, commencée sous un beau ciel bleu et terminée sous de lourds nuages gris.

Flore du jour
Campanule Barbue - Campanula Barbata
Campanule Barbue – Campanula Barbata
Campanule Barbue - Campanula Barbata
Campanule Barbue – Campanula Barbatae
Gentiane Pourpre - Gentiana Purpurea
Gentiane Pourpre – Gentiana Purpurea
Gentiane Pourpre - Gentiana Purpurea
Gentiane Pourpre – Gentiana Purpurea
Primevère à Gorge blanche - Primula Hirsuta
Primevère à Gorge blanche – Primula Hirsuta
Gentiane Acaule - Gentiana Acaulis
Gentiane Acaule – Gentiana Acaulis
Gentiane Acaule - Gentiana Acaulis
Gentiane Acaule – Gentiana Acaulis
Orchis à Feuilles Larges - Dactylorhiza Majalis
Orchis à Feuilles Larges – Dactylorhiza Majalis
Campanule Barbue - Campanula Barbata
Campanule Barbue – Campanula Barbata
Orchis à Feuilles Larges - Dactylorhiza Majalis
Orchis à Feuilles Larges – Dactylorhiza Majalis
Grassette Commune - Pinguicula Vulgaris
Grassette Commune – Pinguicula Vulgaris
Itinéraire du jour

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Autoportraits du jour

Au lago d’Orsino.

Au milieu d’une zone marécageuse, juste avant que ne commence la descente vers la route et le lago di Lucendro.

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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