Puy de Sancy et Val de Courre

Nous partons dans l’idée de monter au puy de la Tache puis de nous balader un peu avant de rentrer. La rencontre avec une étudiante, dont la randonnée du jour constitue une de épreuves de fin de BTS, nous rend plus ambitieux. Après le puy de la Tache, nous rejoignons nos traces d’hier pour grimper au puy de Sancy avant de revenir au camping par le val de Courre.

Nous partons du camping dans le sens opposé de notre départ d’hier et longeons, pour commencer, le cimetière paysager du faubourg de Prends-toi-Garde (!), bordé au nord par un affluent du ruisseau de l’Enfer (!!!). Nous pourrions nous attendre à un décor d’Halloween mais, en passant devant les grilles nous ne voyons qu’un lieu aux allures de parc arboré, très vert, parsemé de dalles funéraires.

Le sentier est une portion du sentier des Cascades, très fréquenté durant l’été, qui traverse une forêt de pins aux tronc droits comme un « i » et au sous-bois terreux.

Nous avions prévu de faire un détour par la première cascade, la cascade du Rossignolet, mais des travaux forestiers d’envergure nous barrent le chemin. Alors que je mouille mon tee-shirt dans le fameux ruisseau de l’Enfer, en prévision de la montée qui ne devrait pas tarder, nous voyons émerger d’un tas de branches et de troncs d’arbre une randonneuse solitaire, vraisemblablement égarée. Nous la remettons sur le droit chemin qui, d’ailleurs, correspond à notre itinéraire.

Les genêts à balais sont, ici aussi, très présents et ajoutent une belle touche jaune à tout ce vert.

Le premier panneau indique notre premier objectif : le col de la Croix Morand.

L’air est chaud et sec – il est à peine 10h30 – et le bétail de la ferme de la Tache, que nous apercevons un peu plus loin, reste passif à notre passage. Au centre de la photo ci-dessous, le pic des Capucins, où nous imaginons les deux saguaros de bois aux fleurs de laine, imaginés par l’artiste Matteo Tassin.

Et voici la ferme de la Tache, une belle propriété dans un paysage idyllique.

Nous retrouvons un peu de forêt et profitons de la fraîcheur toute relative. Mon tee-shirt est déjà presque sec. Bientôt nous serons à découvert, à l’assaut des crêtes.

Le sentier rejoint la route et y disparaît, nous laissant marcher sur l’asphalte un peu moins d’un demi-kilomètre, jusqu’au parking du col de la Croix de Morand. Sur la gauche, un peu plus loin, un buron joliment rénové, le buron du Col, une auberge-restaurant. Les burons sont des bâtiments traditionnels en pierre couverts de lauzes ou d’ardoises utilisées par le passé comme « cabane à fromage » et abris pour les bergers. Dans les années 1945-1950, un millier de burons étaient encore en activité. Dans les années 60, ils n’étaient plus qu’une soixantaine.

Nous observons les quelques vans garés pendant que nous nous sustentons d’une clif bar. D’ailleurs, en regardant par hasard l’emballage, nous réalisons que les fondateurs de la marque – Gary Erickson et Lisa Thomas – ont vendu leur société à Mondelez International, déjà propriétaire de la marque Toblerone. Espérons que bientôt d’autres « parfums » arriveront en Europe, pour offrir un peu de variété.

Il ne nous reste plus qu’à commencer la montée vers le sommet du puy de la Tache. Le sentier se distingue facilement, lacérant la pente herbeuse.

A mi-montée, nous avons un joli panorama sur le lac de Guery et, si je ne me trompe pas, la roche Tuillière, dent rocheuse qui contraste avec l’arrondi des puys environnants. La fumée des feux de forêt du Canada occulte encore l’horizon.

Nous nous déportons légèrement vers l’ouest à l’approche d’une zone rocheuse pour profiter du paysage. Le passage répété des bovins ou des ovins strie les pentes.

Le sommet est marqué par une construction inesthétique. Au loin, visibles sur la photo ci-dessous, pile au-dessus du bâtiment, le puy Loup et à gauche du bâtiment, la banne d’Ordanche.

Le sentier continue sur la crête en direction du puy de Monne.

Nous restons en contre-bas, à 40 mètres de son somment, suivant sagement le sentier. Nous rattrapons la randonneuse égarée de ce matin – qui se prénomme Gwen – et en profitons pour faire connaissance. Cette randonnée est une des épreuves de sport du BTS Vins, Bière et Spiritueux qu’elle est en train de passer. Au programme de la journée, 35 km qui doivent la mener au puy de Sancy. Elle nous avoue en baver et ne pas être certaine d’arriver au bout pour 18h, l’heure où le car repartira vers l’école. Nous l’encourageons de notre mieux et la laissons, notre rythme de marche étant un peu plus rapide que le sien.

(sens contraire de la marche)

Tandis que nous marchons vers le prochain puy, le puy Barbier, je demande à Stefano un peu plus de détails quant à l’itinéraire prévu. Une fois au col de la Croix Saint-Robert, me répond-il, nous rentrerons tout doucement. Je me remémore notre balade du jour précédent. Je me rappelle que, alors que nous traversions le troupeau de moutons, après la grande Cascade, le col de la Croix Saint-Robert était un peu en contrebas. Je repense également au parcours que doit effectuer Gwen. Nait alors dans ma tête l’idée de prolonger l’itinéraire et de pousser jusqu’au puy de Sancy, que nous avons dédaigné hier.

Midi approche. Ou plutôt est largement passé. Le puy Barbier n’offrant pas de rochers où poser nos sacs, nous poursuivons notre chemin.

(sens contraire de la marche)

Après le puy Barbier, nous arrivons sur un petit sommet sans nom, mais néanmoins orné d’une croix tordue. L’endroit idéal pour la pause sandwich car comme le dit si bien notre ami Alain Visinand, « C’est bien connu qu’en arrivant à un sommet il faut absolument rester coller à la croix pour le pique-nique, sinon avec l’altitude la digestion est impossible ».

Gwen passe et nous souhaite bon appétit. Nous la voyons descendre vers le col de la Croix Saint-Robert où un van est censé l’attendre pour le casse-croûte.

Nous nous remettons en route sans trop tarder et c’est durant la descente que j’évoque mon projet d’itinéraire. Stefano jette un coup d’œil à sa montre, regarde devant les crêtes infinies parmi lesquelles émerge le puy de Dôme. C’est ambitieux, dit-il, mais faisable. Dans ce cas, nous descendrons par la val de Courre, là où sont descendus les Belges que nous avons rencontrés hier.

Du coup, inconsciemment, nous allongeons le pas. Derrière nous, le puy de Mareilh, où nous n’avons fait qu’effleurer le sommet.

(sens contraire de la marche)

Deux personnes – une femme et un jeune – travaillent à poser des rigoles de bois transversales pour guider l’eau hors du sentier et éviter ainsi qu’elle ne le creuse. Nous nous arrêtons pour les saluer et les remercier pour leur travail. Lui est apprenti, pioche à la main, visiblement ravi de se trouver ici par cette belle journée. Elle nous explique que les sentiers sont inspectés deux fois par ans et améliorés, comme ici, lorsque l’érosion commence à trop abîmer les chemins.

La dernière section du sentier avant d’arriver au col a d’ailleurs été recouverte de cailloux. Ce n’est pas très confortable comme terrain mais très efficace contre le ruissellement.

Il ne nous reste plus qu’à traverser la route et à rejoindre le sentier en provenance de la grande Cascade. Je contemple la longue série de puys qui mènent au puy de Sancy et doute de ma décision : il me semble si loin !

(sens contraire de la marche)

Nous ne saurons jamais ce qui provoque l’immobilité de ce mouton. Nous l’avons aperçu de loin, immobile et amorphe. Il ne bougera pas, ne nous regardera pas lorsque que nous passerons derrière lui.

Lors de la montée vers le roc de Cuzeau. Il est 14h23. Hier, lorsque nous sommes passés ici, il était 11h33. Nous n’avons pas intérêt à trainer.

Je passe devant et j’accélère. Stefano, tout surpris, ne dit rien et se cale dans mes pas.

Les puys s’enchaînent. Nous faisons un peu moins attention au paysage puisque nous sommes passés ici hier. Je suis toujours devant, avançant à longues enjambées, évitant de trop faire monter le cardio. Parfois je regarde avec effroi la distance qui nous sépare du puy de Sancy. Mais Stefano reste imperturbable et confiant. Nous pouvons le faire, dit-il à plusieurs reprises.

Vue sur la vallée de Chaudefour, où nous serons d’ailleurs demain.

Petit introduction sur cette vallée dont je reparlerai certainement lors d’un prochain billet. Majestueusement encadrée de roches escarpées, d’aiguilles et de murailles, la vallée de Chaudefour est une réserve naturelle où les chiens sont interdits. Sa flore et faune sont exceptionnelles, dont un papillon endémique, l’Apollon ou encore des espèces d’oiseaux rares comme le Monticole de roche.

L’accès sud au puy de Sancy se fait par un sentier consolidé, bordé de murets, dont les abords sont tapissés de cordages retenus par des piquets de bois afin de renforcer le terrain et faciliter la repousse de la végétation après des années de passages répétés des randonneurs. Au moment de la rénovation, effectuée en 2015, les zigzags du sentier étaient coupés d’une longue cicatrice rectiligne creusée par les coureurs de la course Sancy-Puy de Dôme qui dévalaient la pente, cherchant la trajectoire la plus directe.

Le GR suit cet itinéraire.

Au sommet, une vaste plateforme de bois accueille les visiteurs qui bénéficient d’un panorama à 360 degrés. Chaque cime visible (ou invisible à cause de la brume) est dessinée et nommée sur des tables en demi-cercle.

Ci-dessus, la ligne de crêtes que nous allons suivre pour le retour.

Là, la ligne de crêtes d’où nous venons. Au centre, le roc de Cuzeau et légèrement à gauche, le puy de Mareilh.

Au-dessus de nous, des oiseaux à l’envergure imposante planent, en grands cercles. Tandis que d’autres sont agglutinés sur un éperon rocheux. Nous apprendrons le lendemain, au visitor center de la vallée de Chaudefour que ce sont des vautours, attirés sans doute par une carcasse.

Il est quatre heures moins le quart et il est grand temps de commencer le retour.

Nous empruntons les escaliers qui desservent le côté nord du puy.

Jusqu’à l’embranchement vers le val de Courre, nous savons à quoi nous attendre. Un sentier parfois étroit, ouvert sur une prairie abrupte qui s’aplanit pour former un plateau ouvert à l’infini et traversé de rus.

Nous arrivons au passage le plus technique de la balade. Une courte zone de rochers où il faut s’aider des mains pour monter. La descente a été aménagée et des chaînes sécurisent le tout. Derrière nous, les orgues volcaniques du puy de Sancy.

(sens contraire de la marche)

Le versant est du puy de Sancy, ponctué d’aiguilles et de murailles, est beaucoup plus accidenté que son versant ouest.

Rapidement, nous rejoignons le col de Courre et bifurquons sur le sentier qui descend dans le val.

Des murailles verticales jaillissent de la prairie, parfaitement rectilignes. Ils nous rappellent les murs près de Shiprock, mais à l’échelle française !

Le paysage est à couper le souffle et nous fait oublier l’inconfort du terrain. Encore un sentier qu’il est préférable d’emprunter dans le sens de la montée. Mais bientôt la pente s’adoucie, les cailloux se font plus rares. De nombreux ruisseaux traversent le sentier.

Les nuages s’amoncellent sur les crêtes. L’air devient pesant.

(sens contraire de la marche)

Une barrière marque la limite du val de Courre, zone également protégée et interdite aux chiens. Nous arrivons vers un départ de remontées mécaniques. La source de la Dordogne est toute proche, à la fusion des torrents La Dogne et La Dore. Un buron, dont seule une moitié a été conservée, abrite un mémorial et une plaque gravée.

Ici ont été assassinés et brûlés trois de nos meilleurs citoyens le 27 avril 1944 par l’ignoble Gestapo alertée par de criminels dénonciateurs. Les villes de Mont-Dore et de La Bourboule commémorent cet acte épouvantable en élevant ce monument dans ce buron incendié. Les générations à venir se souviendront ainsi de la cruauté et de la barbarie des bandes à Hitler. Que ceux qui viendront ici sachent que Marcel Bouchaudy, Raymond et Abel Rozier ont été sacrifiés parce que résistants et aussi pour avoir voué leur vie à la liberté et à la république.

Nous sommes au kilomètre 21.4 de notre randonnée. Il est 17h32. La partie la moins fun est devant nous : le retour au camping, par une alternance de route et de sentiers parallèles à cette dernière. Nous n’avons maintenant plus qu’un seul objectif : arriver au Casino de Mont-Dore avant 19h, afin de pouvoir acheter des canettes de panaché sans alcool et quelques cacahuètes, histoire de fêter notre ascension du puy de Sancy. Nous y arrivons à 18h23. Mission accomplie ! A 18h50, Stefano éteint le GPS qui annonce 27.2 km et 1616 mètres de dénivelé. Ouf, nous avons mérité notre dîner !

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est sur Wikiloc.

Autoportraits du jour

Sur la pente du roc de Cuzeau.

Roc du Cuzeau - Mont-Dore - Puy-de-Dôme - France

Au sommet du puy de Sancy.

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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