Passo di Lucendro

Lors de notre dernière balade – le tour des 5 lacs depuis le col du Saint Gothard -, j’avais pointé du doigt un large « U » au pied du pizzo di Lucendro et émis le souhait qu’il soit mis comme objectif d’une prochaine randonnée. Non seulement la balade du jour nous y mène mais, cerise sur le gâteau, nous descendons par les laghi Scuri et le lago di Fieud, que nous avions ratés lors de notre virée au passo di Cavanna.

Il y a à peine 3 jours, en descendant vers le lago di Lucendro, je montrais à Stefano le passo di Lucendro, le doigt pointé vers son univers minéral, en disant : je voudrais vraiment beaucoup aller là.

Ce matin, au petit déjeuner, alors que nous regardons les montagnes environnantes baignées de soleil, je demande à Stefano : on sort aujourd’hui ? Oui, me répond-il. Je propose d’aller au passo di Lucendro. Je bats des mains, tout excitée à l’idée de découvrir ce nouveau coin de paradis.

Nous laissons la voiture non loin de la galleria dei Banchi, là où nous l’avions laissée lors de notre balade vers le passo di Cavanna. Sauf que là, au lieu de partir vers l’ouest, comme la dernière fois, nous partons à l’opposé.

(sens contraire de la marche)

La route se termine dans la cour d’un bâtiment militaire aux volets qui ressemblent à des demi-boîtes de métal.

Nous suivons l’itinéraire vers le passo del San Gottardo.

Plus nous avançons, plus le sentier devient étroit et nous sommes pris entre les falaises à notre gauche, qui, à en croire les nombreux cailloux qui jonchent le sol sont tout sauf stables et, à notre droite, le grand vide qui débouche sur la route. Par contre, nous avons une magnifique vue sur la Tremola, l’ancienne route qui menait au col, encore ouverte aujourd’hui et qui fait la joie des amateurs de pavés et de virages serrés.

Le sentier reprend une largeur respectable lorsque nous approchons du pare-avalanche qui protège la route.

Juste avant le col, un parking et un panneau Grand Tour. Le Grand Tour de Suisse est un road trip de plus de 1 600 km à travers toute la Suisse, passant par tous les points forts du pays et révélant les plus beaux lacs, les cols alpins et tous les sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Nous sommes au point dit « La Tremola » et effectivement, le panorama n’a d’yeux que pour elle.

La prochaine étape doit nous conduire au lago di Lucendro. Plutôt que de nous diriger vers la foule et les parkings, nous traversons la route, décidés à rester éloignés de la civilisation. Bien que les majestueuses éoliennes nous rappellent quand même qu’elle n’est vraiment pas loin !

Nous rejoignons la via dell’energia, un parcours didactique composé de 7 étapes mis en place en 2021. Nous apprenons ainsi qu’une éolienne est presque trois fois plus haute que la tour de Pise – 144 m contre 56 – et que l’envergure de ses pales est à peine plus petite qu’un terrain de foot – 92 m contre 105 – mais plus grande que la longueur d’un Boeing 747 – 70 m -. Vues du bas, elles nous semblent énormes, ces éoliennes, mais ces chiffres confirment leur gigantisme.

Nous « débusquons » deux groupes distincts d’amateurs de bouldering, cette discipline qui consiste à escalader des blocs de rocher avec pour seul matériel un peu de magnésie et un matelas posé au sol pour amortir une éventuelle chute.

Bientôt, nous marchons sur la route en direction de l’alpe di Lucendro.

Au passage du Gotthardreuss, qui devient un peu plus bas le Furkareuss qui se jette dans l’Aar. Ce dernier quitte la Suisse à Koblenz et se jette presque immédiatement après dans le Rhin.

A part un bâtiment, un peu en retrait, toutes les constructions du bout du lac sont des anciennes bâtisses militaires aux volets fermés.

C’est là que commence vraiment la montée vers le passo di Lucendro. Je m’étais imaginé que le sentier passait au bord du torrent Gotthardreuss, au fond de la vallée. En réalité, il reste à bonne hauteur, sur les flancs du pizzo della Valletta. C’est un magnifique sentier construit, très certainement par les militaires.

Il alterne des portions parfaitement pavées et des portions de « vrai » sentier de montagne, rocailleux à souhait, où il faut parfois lever le genou très haut et se hisser à l’aide d’une main.

Bientôt, nous perdons de vue le lago di Lucendro. Un méchant nuage blanc et solitaire flotte dans le ciel, immobilisé par des courants d’air, tantôt bloquant les rayons du soleil, tantôt les atténuant pour ensuite ne les libérer que quelques minutes.

Une plaque rappelle que, malgré sa beauté, la montagne est une dame dangereuse.

L’univers est minéral, exactement comme je me l’étais imaginé.

Nous arrivons sur un replat. Au pied d’un pierrier, un plan d’eau et une stèle, marquant la naissance du Gotthardreuss dont j’ai parlé plus haut.

Lorsque le nuage daigne libérer le soleil, l’eau prend des couleurs bleutées mêlées à du vert.

Je grimpe sur un rocher afin de capturer le panorama du côté nord.

Le col est encore un peu plus haut, à proximité de deux baraques où nous rencontrons un randonneur solitaire.

Parvenus sur la crête, nous pouvons voir le versant sud du val Bedretto. Nous sommes plus ou moins en terrain connu, même si nous n’avons jamais posé les pieds sur le sentier qui descend vers les laghi Scuri, puis plus loin, le lago di Fieud. Car non seulement nous avons pu découvrir le passo di Lucendro, mais en plus, le tracé va être une belle boucle dont la fermeture sera la baraque militaire au bout de la route, non loin de la voiture. Chic alors !

En voici un petit aperçu.

La traversée, sur le flanc de la Fibbia puis du poncione di Fieud, est longue d’environ 3 km. La pente est douce et le sentier, bien qu’étroit, ne donne aucun sentiment de malaise. Au loin, nous distinguons la strada dei Banchi.

A cette jonction de sentier, nous continuons à flanc de montagne vers le Belvedere.

MC en mode lézard, le ventre collé sur une pierre chaude.

Il nous faut remonter un petit peu et passer un petit col, où subsistent les ruines de constructions militaires. Voici d’où nous venons. Au fond, le pizzo di Lucendro. Le nuage est toujours coincé à l’aplomb du pizzo.

(sens contraire de la marche)

Derrière le col, un chalet et, au loin, le barrage du lago della Sella, passage obligé pour monter au Giubin.

Nous discutons un moment avec l’occupant des lieux, dans un allemand approximatif. Si nous avons bien compris, il vient ici pour boire. Tout un programme.

La balade est loin d’être terminée. Il nous faut encore descendre de près de 400 mètres pour rejoindre la route.

Les petits lacs – laghi Scuri et lago di Fieud – ne nous laisseront pas un souvenir extraordinaire. Voici par exemple le lago di Fieud. Il ressemble plus à une mare qu’à un lac !

Nous bouclons la boucle à 17h25 et arrivons à la voiture à 17h40. Elle est à l’ombre mais, pour notre plus grand bonheur, l’intérieur est encore chaud du soleil de l’après-midi.

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Autoportraits du jour

En arrivant sur la route, près du col du Saint Gothard.

Col du Saint Gothard - Airolo - Tessin - Suisse

En montant au passo di Lucendro.

Passo di Lucendro - Airolo - Tessin - Suisse

Au passo di Lucendro.

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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