Aujourd’hui, nous grimpons au puy Mary que Stefano me promet depuis deux jours, sa silhouette, plus ou moins proche, toujours présente dans le paysage. Partis de Lioran, nous rejoignons les crêtes par le refuge Meije Coste, contournons le puy de Peyre Arse pour se positionner sur la même ligne que le puy Mary, coupée par la brèche de Rolland. Une fois au sommet, nous poursuivons vers un petit dôme rocailleux – le suc de la Blatte – avant de revenir par un itinéraire qui entrecoupe celui du matin.
Départ ce matin pour le puy Mary. Stefano évite la direction du bec de l’Aigle, m’évitant ainsi une belle suée dans la forêt puis dans la prairie. Nous partons plutôt en direction du refuge de Meije Coste.
Le sentier, ou plutôt la piste, suit l’orée de la forêt, au-dessus d’un ensemble de maisons et petits immeubles, situé le long d’une rivière, l’Alagnon.
Une ouverture dans la forêt dévoile un sommet sans nom par lequel nous sommes passés il y a deux jours, lors du retour au parking.
Nous sortons de la forêt pour retrouver la prairie pommelée de petits arbres ronds et surtout le panorama sur les crêtes, si caractéristique du Massif Central.
Nous croisons l’adepte de course de trail rencontré hier, en descendant du plomb du Cantal. Il court d’une petite foulée, nous salue, marque un temps d’arrêt au moment où il nous reconnait mais emporté par son élan, nous dépasse sans ralentir.
Sur ces pentes bien exposées, les genêts à balais ont déjà fleuri et les fleurs se sont transformées en gousse contenant les graines. Chaque gousse contient 5 à 6 graines et, à maturation, explose avec un bruit sec, éjectant son contenu parfois jusqu’à plus d’un mètre de la plante. Par année, une plante adulte produit entre 1000 à 5000 graines. Dès lors la bataille est perdue d’avance pour les autres espèces adaptées à ce type de sol et de climat.
Nous arrivons au refuge de Meije Coste, notre premier objectif. Son gardien, un certain Anthony, cantalien d’adoption, propose sa spécialité, la truffade, plat traditionnel auvergnat, à base de pommes de terre et de tomme fraîche de Cantal, souvent accompagné de jambon et d’une salade verte. Une tartiflette à la tomme cantalienne, quoi ! Une bonne odeur de café s’échappe de la porte ouverte, en même temps que des voix. Nous faisons le tour du buron, l’examinant sous toutes ses coutures, sans nous arrêter.
Ce sentier, que nous foulons pour la première fois, va nous mener au col de Rombière. Depuis notre départ, je suis en quête d’un cours d’eau pour mouiller mon tee-shirt. Près du refuge, il y a bien eu deux abreuvoirs en plastique noir mais l’eau stagnante sur laquelle flottent toutes sortes d’insectes noyés m’a découragée. Quelques rus traversent le sentier, au débit trop faible pour former une flaque. Enfin, à mi-chemin entre le refuge et le col, un gargouillis plus soutenu me donne espoir. 100 mètres plus haut, nait l’Alagnon, ce torrent puis rivière qui traverse trois départements avant d’aller se jeter dans l’Allier. Ici, il n’est que ruisseau mais un petit décrochement de relief créée une mini cascade, propice à détremper du tissu.
Me voici parée pour les prochaines heures. Au col, les jerrycans de plastique n’ont pas été enlevés. Au sud, sur notre gauche, le puy Griou avec, à sa droite, son petit copain, le Griounou. C’est chou comme nom !
Nous partons dans la direction opposée, vers le col de Cabre. Ce sentier, nous l’avons déjà parcouru, mais en sens inverse.
Nous poursuivons sur le flanc du puy de Peyre Arse. Nous avons maintenant le puy Mary dans notre ligne de mire.
Derrière nous, le puy de Peyre Arse, par lequel nous sommes passés il y a deux jours, après une montée épique.

En parlant de lieu épique, entre nous et le puy Mary, la brèche de Rolland pourrait en être un. Sauf qu’il ne s’agit pas de la brèche de Roland de Roncevaux (avec un seul « l ») mais d’un certain Rolland (avec deux « l »). Le nom original de cette curiosité géologique est Pourtaou – « portail » en occitan auvergnat -. Le nom brèche de Rolland fut donné du fait de sa ressemblance avec celle de Gavarnie, dans les Pyrénées. Quoiqu’il en soit, avant la construction du sentier la contournant, cette brèche constituait un passage délicat à franchir sur le tracé du GR® 400.
Pour y descendre, il n’y a pas d’alternative. Des escaliers de bois débouchent sur une zone rocheuse mais stable facilement franchissable avec un minimum de précaution.

Je négocie avec Stefano la remontée la plus directe, par les rochers. Lui en fera le tour. Avec un sac à dos léger, ce passage ne présente pas une énorme difficulté. Il suffit de faire confiance à l’accroche des semelles et savoir où trouver les prises pour les mains.
Dernière ligne droite.
Tout comme le sentier du puy de Sancy, le chemin a été aménagé de manière à réduire l’érosion provoquée par les passages répétés des randonneurs.
Escaliers en bois succèdent à des marches de bois tandis que des cordes canalisent les marcheurs.
La crête est du puy Mary, d’où nous venons, avec tout à gauche le puy de Peyre Arse et tout à droite le puy Griou. Ces deux puys sont omniprésents.
Il y a pas mal de monde au sommet du puy Mary. Des randonneurs et des promeneurs, venant du col d’Eylac ou du parking aménagé, au pas de Peyrol. Nous trouvons néanmoins un petit coin un peu excentré, près d’une croix tordue, pour la pause déjeuner.
Un chemin bétonné avec des marches plus ou moins distantes ramène vers le parking. A intervalle régulier, des bancs. Assis sur l’un deux, à bout de souffle, un couple, d’un âge plus que certain, vêtu d’habits du dimanche, lui avec des mocassins de cuir, elle avec des sandalettes, nous demande : c’est encore loin ? Nous répondons évasivement, n’osant leur dire qu’ils ont à peine effectué un quart de la montée.
En repartant, nous nous demandons si nous n’aurions pas dû leur conseiller de renoncer. Car la descente, sur ce chemin de béton bien pentu, par cette chaleur, risque d’être bien plus problématique que la montée. Nous espérons que d’autres les dissuaderons de poursuivre.
Au col, c’est la foule. La terrasse du restaurant est bondée, d’autant que dans les toilettes publiques une affiche mentionne : « eau non potable ». L’œuvre de Emmanuel Hébrard, « le Vélo », a été installée à l’occasion de l’arrivée du tour de France 2016 au Lioran. J’adore le style. Je voudrais bien la même, plus petite, dans mon salon.
En consultant le GPS au cours du trajet, Stefano m’a montré un nom : Suc de la Blatte. Ça nous a fait rire et nous a donné envie d’aller voir à quoi ressemble ce sommet, car « suc », ici, signifie « petit dôme ou sommet volcanique ». Nous poursuivons donc la balade sur l’itinéraire du GR® 400. En marchant, nous observons avec intérêt quatre parapentistes en train de se préparer, sur un petit replat, en peu en contre bas. Entre la préparation de la toile, des suspentes et les tests de la radio, le dernier s’envole après 30 minutes.
Le versant nord du puy Mary.

Le puy de la Tourte est un passage obligé pour accéder au suc de la Blatte. Il ne présente pas de difficulté particulière, si ce n’est un petit raidillon auquel je ne m’attendais pas.
Voici la vue depuis le puy de la Tourte sur le suc de la Blatte, qui n’est rien d’autre qu’un petit mamelon rocheux et dépourvu, évidemment, de blatte.
Nous y cherchons en vain un éventuel sentier qui nous permettrait de descendre vers la vallée de la petit Rhue pour éviter de devoir revenir sur nos pas. Rien ! Nous faisons donc demi-tour un peu déçu par le suc de la Blatte, dont le nom évocateur n’est qu’un nuage de fumée.
Au pied du puy de la Tourte, le GPS confirme que le sentier partant sur la droite, vers l’ouest, contourne le puy et ramène au pas de Peyrol.
Nous surplombons la plaine Mary où coule Le Mars. Un jour, c’est certain, nous explorerons ces crêtes.
Sur le parking du pas, des bus attendent les voyageurs. Quelques voitures, le capot ouvert et fumant, attendent que le moteur refroidisse ou le dépanneur.
Il nous faut maintenant remonter sur la crête, en évitant, si possible, le puy Mary. Pas besoin de se mettre 150 mètres de dénivelé de plus dans les pattes.
Nous longeons un moment la départementale, sur un joli trottoir recouvert de pierres asymétriques.
Une fois le sentier de l’aller rejoint, le retour n’a plus de surprises.
Nous franchissons tous deux la brèche de Rolland par le sentier alternatif.
Nous ne nous lassons pas d’admirer la magnificence du paysage – on ne s’y habitue pas – sublimée par le changement de lumière. Il est presque 17h et le soleil illumine différemment le moindre relief.
Le silence est maintenant troublé par les passages fréquents d’un hélicoptère qui tourne au-dessus des crêtes.
Nous arrivons sur le parking juste avant 19h.
Flore du jour


Itinéraire du jour
C’est ici et c’est sur Wikiloc.
Autoportraits du jour
Au sommet du puy Mary.