Le puy de Charmont et le puy de Vichatel

Nous voici pour une quinzaine de jour en Auvergne, au centre de la France, d’abord dans le Puy-de-Dôme puis, pour terminer, dans le Cantal. Aujourd’hui, à cause d’une météo capricieuse, notre balade se limite à l’après-midi. Nous ne voulons pas nous éloigner trop du camping pour pouvoir rapidement rentrer en cas de pluie. Stefano nous emmène découvrir le puy de Charmont et le puy de Vichatel.

Nous sommes partis d’Airolo hier, 5 juin, à 8:00 pile ! Le van devrait être bien en-dessous des 3.5 tonnes. Lorsque nous l’avons pesé, lundi, le chiffre de 3160 kg est apparu sur un panneau lumineux, au-dessus de la balance et c’était plutôt une bonne surprise vu que j’y avait déjà mis une grosse partie de l’équipement que nous emmenons avec nous : draps, couettes, linge de maison, quelques provisions, outils, câbles électriques et tuyau pour l’eau… Depuis, tout ce que j’y ai ajouté a été dument pesé et consigné. En revanche, ce matin, les derniers chargements l’ont été à la fraîche mais nous restons confiants quant à ne pas dépasser le poids maximal autorisé.

Nous avons fait une halte pique-nique à l’aire de repos dite de la Pierre Féline, à quelques km de Genève. Ça nous a fait tout drôle car nous sommes passés devant cette aire de repos des milliers de fois, le matin, pour aller travailler. C’est une des rares fois où nous nous y sommes arrêtés et vraiment ça faisait tout bizarre. Ensuite, nous avons traversé la frontière franco-suisse et pris la direction de Nantua puis de Clermont-Ferrand en contournant Lyon. Le trafic fut léger, à part quelques centaines de mètres plus denses, lors de la fusion de deux autoroutes. 60 euros plus tard, nous étions à Lempdes, dans la banlieue de Clermont-Ferrand, dans un hypermarché Carrefour, avec une liste de commissions pour 5 jours. En empilant les provisions dans le chariot, nous espérions que tout tiendrait dans le frigo. Nous avons tellement de choses à apprendre, nous, newbies dans le monde du camping-car et en mode découverte de notre X250. Ainsi, nous avons été tout surpris de ne pas avoir à jouer au Tetris pour tout ranger dans le frigo. Il resta même de la place. 150 litres, finalement, c’est grand !

Il était 19 heures à notre arrivée au camping. Devant la porte de la réception, un tableau blanc sur lequel est écrit en orange, en écriture liée : Bienvenue à Marie-Catherine et Stefano – Joëlle et Jean-Louis. Par chance, la réception est encore ouverte bien qu’une feuille collée sur la vitre annonce : fermeture à 18h. Nous sommes reçus par Florian et Stéphanie sans chichi et avec un grand sourire. La paperasse à remplir est inexistante et nous voilà bientôt en train de choisir notre emplacement. Le premier libre est le bon : plat, grand, avec une prise électrique et une prise d’eau à proximité. Sans parler des sanitaires à une cinquantaine de pas. Le tout dans un cadre de verdure luxuriante. Il nous faudra néanmoins mettre deux cales, pour être plus ou moins horizontal et ne pas avoir le sang s’accumulant dans la tête, une fois couchés. Il est d’ailleurs 22h30 lorsque nous éteignons les lumières, repus et ravis de notre organisation.

Au lever, le ciel est gris-noir et quelques fines gouttes de pluie finissent de détremper l’herbe de notre emplacement. Ce sera une alternance de pluie et d’accalmies jusqu’à environ midi. Nous restons tranquillement à lire dans le van, installés comme des pachas sur nos deux grandes banquettes se faisant face. Cette disposition, peu commune dans les standards des agencements de van, fut le point décisif dans le sélection du X250.

Après le pique-nique de midi, vers 13h, alors que nous sommes en train de nous chausser et d’endosser nos sacs à dos, une dernière averse vient nous rappeler que les prévisions météo restent des prévisions…

Sitôt passés la barrière du camping, la pluie cesse, le vent souffle par brusques rafales chahutant les nuages bas et lourds, permettant à de minuscules trous bleus de se matérialiser sporadiquement dans le ciel tourmenté.

Nous partons vers le nord, avec à notre droite le puy de la Rodde et notre gauche le puy de la Combegrasse. Ici, en Auvergne, le mot « puy » désigne un sommet d’origine volcanique. Ailleurs dans le sud de la France, ce mot désigne un lieu élevé, un sommet montagneux et, par extension, un village haut perché. Les férus d’étymologie, vous diront que le mot «puy» tire son origine du mot latin «podium».

De part et d’autre de la route, des arbres et des prairies. Les herbes sont hautes, très hautes même et les ombellifères dépassent allègrement les 1.50 mètres.

Devant nous, le puy de Charmont. Sa forme arrondie, aplatie au sommet est caractéristique d’un des types de volcan que l’on trouve ici.

Le sable et les cailloux qui recouvrent la piste sont rouges. Je prends un petit gravier dans la main : percé de mille trous, il ne pèse rien. De la pierre de lave. Bien avant le XIIème siècle, des moines ouvrirent des carrières souterraines. En 1248, la cathédrale de Clermont Ferrand fut érigée en partie avec cette pierre. Fait notable, elle n’a jamais dû être restaurée. Avant la fin du XVIIIème siècle, Louis François Ollivier déposa un brevet pour l’émaillage de la pierre de lave et en 1828, il est décidé d’adopter la lave émaillée pour fabriquer les plaques de rue de Paris.

Lave ou pas lave, volcan ou pas volcan, les vaches d’ici ressemblent étonnamment à nos vaches du canton de Vaud ou du Tessin !

Notre premier puy de la journée sera le puy de Charmont. Nous quittons la piste et ses cailloux rouges pour une piste d’exploitation forestière. Ici, la terre, la boue et les bouts de branches dominent. De chaque côté, des troncs coupés et de gros amas de branchages.

La piste trace une cicatrice rectiligne et directe jusqu’à trouver un sentier « pelure d’oignon », un de ces sentiers qui font ressembler le puy à un oignon vu du ciel, tournant autour de lui à différents niveaux, se rejoignant parfois mais le plus souvent parallèles.

Les genêts à balais, arbustes dégingandés ornés de fleurs jaunes, bien présents dans les champs, le sont également dans la forêt. Comme leur nom l’indique, ils furent très longtemps utilisés pour la fabrication de balais. Introduit au Canada vers les années 1800 comme arbuste ornemental, il est rapidement devenu une espèce invasive, menaçant les forêts (lire à ce sujet l’article Les destructeurs des arbres : Genêt à balais. Schéma très similaire donc à l’introduction du tamaris dans l’ouest des USA.

Arrivés à ce que nous pensons être le point le plus haut, nous bénéficions d’une mini trouée dans les arbres. Au-delà du puy de la Rodde, il nous semble apercevoir le puy de Monténard. Mais les nuages sont bas, masquant partiellement l’horizon, nous laissant incertains.

Nous trouvons un sentier de VTT qui descend perpendiculairement aux pelures d’oignon. Sur le tracé, notre itinéraire coupe le puy en diagonale.

Arrivés en bas, nous traversons très prudemment la nationale au niveau du col de la Ventouse et nous nous dirigeons vers le puy de Vichatel. Là, les sentiers ressemblent à des « vrais » sentiers et sont beaucoup mieux balisés. Les puristes les qualifieraient d’autoroute à randonneurs mais nous, nous aimons bien car nous pouvons marcher de front, ce qui facilite le dialogue. D’ailleurs, à cet endroit précis, nous en sommes à nous remémorer un restaurant de Bernalillo, NM et sa cabine téléphonique où trônait une immense vache à peluche. C’était lors de nos longues vacances de 2012.

Le puy de Vichatel est un volcan dont le cratère est visible.

Un panneau signalant « vers le sommet » nous guide sur la crête du cratère.

Du sommet, nous contemplons la plaine, entrecoupée de puys.

Sur notre droite, en direction du nord, nous distinguons même le puy de Dôme, aisément reconnaissable aux antennes qui le hérissent – sur la photo ci-dessous, à droite de l’arbre, en arrière-plan.

Le sentier, joliment aménagé, canalise les randonneurs par des barrières basses de bois tressés.

Nous bouclons ainsi le tour du cratère qui reste masqué par les arbres jusqu’à ce qu’un sentier permette d’y descendre.

Qui dire du cratère ? Heu, rien, en fait ce n’est qu’une cuvette recouverte d’un pré, une zone d’estive où viennent paître vaches et moutons l’été.

Nous redescendons par le versant ouest du puy puis retrouvons la nationale.

L’un des seuls panneaux que nous ayons vus, indiquant clairement le nom d’un puy.

Il y a bien ces panneaux, mais ils donnent une direction globale, sans aucun rappel ultérieur. A moins que nous ne sachions lire les signes cabalistiques que nous trouvons parfois dessinés sur les troncs d’arbre.

Nous traversons la nationale au niveau d’une aire de repos, non loin du col de la Ventouse. C’est la parking officiel et départ du sentier. Un panneau didactique donne quelques informations quant à la constitution du puy de Vichatel, et à ses trois éruptions qui lui ont donné sa forme de cône complet. Sans cette dernière, il aurait fait partie des cônes égueulés, un cône dont un des côtés est affaissé, « dégueulant » de la lave. Nous avons aperçu un puy de ce type, non loin, dans une des parties du cône est encore à nu, rouge de la couleur de la pierre de lave.
Le sentier continue entre forêt et prairie non fauchée.

Ici d’ailleurs, l’herbe et le foin ne manquent pas. Pour preuve ces rouleaux de foin séché, alignés abandonnés au bord d’un vaste champ d’herbe haute, où paissent des chevaux qui ont de quoi mangé pour tout l’été au moins. De l’herbe commence à pousser dessus. Le cycle est presque complet.

Nous arrivons au camping alors que le ciel s’est brusquement assombri. Le temps de ranger les chaussures et les sacs dans le garage du van, et la pluie reprend. Et c’est donc sous la pluie que nous partons vers la réception, pour goûter une bière locale. Je tente une bière à la framboise et ne suis pas déçue.

Flore du jour

Doronic à feuilles cordées - Doronicum Pardalianches L.
Doronic à feuilles cordées – Doronicum Pardalianches L.
Doronic à feuilles cordées - Doronicum Pardalianches L.
Doronic à feuilles cordées – Doronicum Pardalianches L.
Doronic à feuilles cordées - Doronicum Pardalianches L.
Doronic à feuilles cordées – Doronicum Pardalianches L.
Géranium - Geranium
Géranium – Geranium
Silène dioïque – Silene dioca
Silène dioïque – Silene dioca

Autoportraits du jour

Au sommet du puy de Vichatel.

Sur le chemin du retour.

Puy de Vichatel - Puy-de-Dôme - France

Références externes

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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