La vallée de Chaudefour est un endroit agréable pour y passer une petite demi-journée. Plus que ses cascades, plutôt insignifiantes, à part peut-être la cascade de la Biche et ses orgues volcaniques (que nous n’avons pas vues), ce sont les aiguilles de lave, les dykes et les crêtes du Sancy qui rendent cet endroit pittoresque. Le clou de la journée est l’eau de la source Sainte Anne, vieille de plusieurs siècles, dont nous buvons quelques gorgées.
La journée commence par la préparation du van car nous changeons de lieu de résidence. Nous vérifions consciencieusement tous les points de notre checklist, appliqués comme de bons élèves. Et, pour avoir l’esprit tranquille, nous refaisons une nouvelle fois l’exercice. Ce soir nous dormirons sur les hauteurs du lac de Chambon et, entre-temps, nous irons découvrir la vallée de Chaudefour.
Le ciel est bleu limpide et sur le parking, récemment aménagé et… payant, les arbres sont encore des arbustes. L’ombre qu’ils procurent rase le sol, cachant le bitume brûlant sur moins d’un mètre carré. Quelques groupes de personnes convergent vers le départ du sentier qui s’avère être une belle et large piste. Sur la droite, un restaurant qui paraît définitivement fermé.
Sur une pierre, une stèle au nom de Georges Mauras rappelle aux passants que le Massif Central fut un haut lieu de résistance, sévèrement sanctionnée par les troupes d’Hitler. En recherchant plus d’information sur cette personne, je découvre l’existence du Maitron, un ensemble de dictionnaires biographiques, dirigé par l’historien Jean Maitron. Un de ces dictionnaires, en cours d’écriture, est dédié aux « Fusillés, guillotinés, exécutés, massacrés – 1940-1944« .
A quelques mètres du parking, la Maison de la Réserve naturelle de Chaudefour, un beau bâtiment au toit recouvert d’ardoise et aux portes grandes ouvertes, propose toute une série d’expositions. Nous nous promettons de nous y arrêter au retour.
La balade commence dans la forêt, sur un large sentier. En bordure, un pré où deux vaches solitaires ruminent, allongées sur l’herbe grasse et abondante.
Nous voyons un jeune homme pressé dévier pour prendre un sentier plus étroit. Nous comprendrons, au retour, que ce sentier est un accès à la cascade de la Perouse.
La première bifurcation permet de choisir quelle prochaine cascade aller admirer : la cascade de la Biche ou la cascade du Moine. Cette bifurcation est aussi un point de vue sur les aiguilles de lave et les dikes qui bordent la vallée de Chaudefour.
A gauche, la crête de Coq qui est une aiguille de lave tandis qu’au centre la dent de la Rancune est un dyke. Géologiquement parlant, une aiguille de lave est une formation volcanique en forme de tour, résultant de la solidification de lave visqueuse dans la cheminée d’un volcan. Cette lave, trop rigide pour s’écouler, forme un pilier qui s’élève de manière abrupte au-dessus du cratère. Un dyke est un filon de roche qui s’insère dans une fracture de roche, traversant plusieurs couches géologiques. L’érosion le libère ensuite des roches dans lesquelles il s’est faufilé. A l’œil nu, la distinction entre ces deux formations géologiques n’est pas évidente.
Entre la crête de Coq et la dent de la Rancune, au loin, le puy de Cacadogne, en contrebas duquel nous sommes passés lors de notre boucle du Sancy il y a deux jours.
Nous choisissons d’aller découvrir la cascade du Moine. Le sentier suit le fond de la vallée, traversant de nombreux ruisseaux. Les pâturages disparaissent et laissent place à une végétation d’arbrisseaux comme le genêt à balais et le noisetier.
Nous dépassons quelques randonneurs, surpris par l’inclinaison de la pente. Je me félicite d’avoir trempé mon teeshirt dans un des ruisseaux. Puis, le sentier s’arrête net. Sur la gauche, un bruit d’eau et un replat. Nous nous penchons et apercevons la cascade qui, entre nous, ne nous laissera pas un souvenir impérissable. En faisant fi de l’interdiction d’aller plus loin, nous aurions certainement pu trouver un meilleur point de vue. Encore que…
Un peu penauds, nous faisons demi-tour, nous disant que la prochaine cascade ne pourra qu’être plus spectaculaire. Et puis, comme dit l’adage, « l’important ce n’est pas la destination mais le voyage ». Et c’est vrai qu’ici, dans la vallée de Chaudefour, le paysage est splendide.
Nous dérivons légèrement pour suivre un moment le cours d’un petit torrent, profitant la fraîcheur qui règne sous les arbres.
Les vaches ont colonisé le pré autour de la bifurcation, là où la vue est la plus belle. Et non, je ne suis pas une vache ! Elles sont derrière l’arbre.
Nous partons donc vers la cascade de la Biche. Le sentier grimpe dans la forêt, sur les flancs du puy de Campgourdeix. De longues sections boueuses nous obligent à marcher à pas prudents, ou à les contourner.
Le soleil est centré au-dessous de la cascade de la Biche lorsque nous y parvenons. Nous ne distinguons qu’un halo de lumière en lieu et place de l’eau. Un groupe de randonneurs revient par un sentier barré permettant à priori de s’approcher du pied de la chute d’eau. Nous n’irons pas, respectueux des interdictions. Nous descendons de quelques mètres et trouvons des rochers où nous nous installons pour le pique-nique, non loin du ruisseau. Tandis que nous mordons dans nos sandwichs, nous observons le manège des libellules.
Ami lecteur, si tu le souhaites, tu peux te rincer l’œil sur la page suivante : Les cascades de la vallée de Chaudefour. Tu y trouveras photos et vidéo pour rassasier ta curiosité.
Nous revenons sur nos pas. Stefano me confie que nous passerons certainement par-là demain, lorsque nous ferons le tour de la vallée, par les crêtes.
Le passage du torrent La Biche qui recueille l’eau de la cascade, tout près de la bifurcation.
Nous prenons gentiment le chemin du retour. Après le passage d’un pont ou le torrent La Biche devient la Couze de Chaudefour, Stefano m’entraîne vers un sentier perpendiculaire. Nous arrivons au bord du torrent où un petit bassin de pierre déverse de l’eau par un tuyau métallique rouillé : la source Sainte Anne.
Les dépôts qu’elle y laisse sont d’une belle couleur orangée. Je parviens à trouver une explication quant à l’origine de cette eau. L’eau de pluie s’infiltre et se réchauffe en s’enfonçant sous terre, se chargeant de sels minéraux dissous. Ici, en région volcanique, le gradient géothermique est de 10 degrés par 100 mètres. Elle s’approche du magma, peut-être 20 km plus bas, et se charge en gaz carbonique avant de remonter vers la surface à la faveur d’une fracture dans la roche. Ce cycle s’étale sur une période de plusieurs siècles, voire de milliers d’années.
Je m’approche du bassin, joins mes mains en coupe, recueille un peu d’eau transparente et la porte à mes lèvres. Elle est légèrement salée et pétillante, un peu acide et possède surtout un fort goût de fer. Je replonge mes mains, cette fois franchement et en avale deux ou trois gorgées.
Stefano se lance aussi.
Nous repartons, moi excitée et enthousiaste par l’expérience vécue. Notre dernière cascade, la cascade de la Pérouse, a le mérite de pouvoir être photographiée mais, là encore, ne marquera pas nos mémoires au stylo indélébile.
Devant la Maison de la Réserve, une jeune ranger salue les passants. Nous restons près de 30 minutes à discuter avec elle de son travail, de la faune et de la flore et de mille autres choses. Elle nous confirme que l’eau de la source Sainte Anne est bien potable (ouf) mais qu’il ne faut pas en abuser. Il fut question, au début du XXème siècle d’exploiter cette eau vertueuse, réputée pour soigner les maladies de l’estomac, sans parler de guérir de l’emprise de certains maléfices (!). La construction de bâtiments – hôtels, villas, pont – commença mais fut interrompue en 1914 pour ne jamais se terminer. Ce n’est que dans les années 1980 que toutes traces des bâtiments furent effacées. La Maison de la Réserve fut au préalable la Maison du ski de fond, à l’époque ou l’enneigement était encore abondant. Nous abordons également la présence invasive des genêts à balais. Elle confirme qu’ils participent à la lutte contre l’érosion et explique qu’il y a deux ou trois ans, suite à un été très sec, alors que toute la végétation avait été brûlée par la sécheresse, ils se dressaient encore, vert, seule source de nourriture obligée pour les ovins.
Sur le parking, le soleil mord. Le van a réussi néanmoins à conserver une température relativement fraîche. Nous reviendrons ici demain, me promet Stefano, mais cette fois nous monterons d’abord sur une crête avant de faire le tour de la vallée.
Nous découvrons le camping Serrette et sa gérante, la dynamique Dominique. Notre emplacement est tranquille avec une belle vue sur le lac de Chambon. Nous faisons le bilan de notre journée tranquillement assis à l’ombre, un verre de bière locale et fraîche à la main.
Flore du jour





Itinéraire du jour
C’est ici et c’est sur Wikiloc.
Autoportraits du jour
Dans la vallée, avec, en fond, des aiguilles de lave, des dykes et la crête des puys du Sancy.
A la cascade de la Perouse, la seule que nous ayons pu photographier.