Wildgärst

Magnifique randonnée dans l’Oberland bernois, dans des paysages inhabituels. Partis de Grosse Scheidegg, à 1’962 m, nous montons d’une traite jusqu’au Wildgäst, à 2’890 mètres. Puis le parcours est vallonné, nous menant de lac en lac. Renonçant au bus pour la descente, nous rentrerons à pied au chalet.

Descendus à pied à la gare routière, nous attrapons le bus (La Poste comme on dit ici) à 9h04. Il fait un temps magnifique. La face nord de l’Eiger, qui surplombe Gridelwald, est encore à l’ombre mais la crête commence à s’éclairer. Des nuages blancs s’accrochent encore à quelques sommets mais ils ne semblent pas méchants. Zéro millimètre de pluie prévu.

Le bus se remplit petit à petit au fur et à mesure des arrêts. Il lâche une dizaine de randonneurs à Oberer Gletscher. Nous voyons le sentier qui part, à flanc de paroi, un peu aérien, à la rencontre du glacier. Un jour peut-être…

A intervalle régulier, le chauffeur actionne son klaxon. Trois notes, aisément identifiables, qui retentissent dans la vallée. Avis aux conducteurs qui circulent en sens inverse. Mieux vaut trouver une place d’évitement sous peine d’un face à face inégal. Le bus, qui occupe toute la largeur de la route, ne reculera de toute façon pas. A bon entendeur…

Je suis bien contente d’arriver à Grosse Scheidegg. Il s’en est fallu de peu mais le « mal de mer » n’a pas eu le temps de s’installer. Nous prenons notre temps, laissant les randonneurs partir à leur rythme. Beaucoup suivront le tracé d’une randonnée classique : Grosse Scheidegg – First.

Stefano en a décidé autrement.

Derrière nous, Grindelwald, et la face mythique de l’Eiger, au centre gauche.

Allez, la voilà d’un peu plus près.

Le flot des randonneurs s’est tari. Nous arrivons seuls à la petite cabane, située à une centaine de mètres de l’arrêt de bus.

Enfin, vraiment seuls ?

Non. Cinq génisses sortent de nulle part pour aller s’abreuver.

Nous suivons la route qui descend vers le hameau de Spycherboden, constitué de quelques chalets d’alpage.

A proximité du premier chalet, deux hommes s’affairent à découper des tavillons qui serviront à recouvrir un mur. L’air sent bon le bois fraîchement coupé.

Nous nous engageons enfin sur les sentiers. Que les choses sérieuses commencent, que diable !

Nous allons remonter ce petit ruisseau jusqu’au fond de la vallée, là où on aperçoit la neige.

Le balisage jaune a fait place à celui rouge et blanc. Nous sommes sur un sentier de type « Chemin de Randonnée de montagne ». Finie la rigolade !

Le sentier, tantôt herbeux, tantôt rocailleux, traverse plusieurs fois le ruisseau Geissbach. La pente est raide mais pas insurmontable. Stefano avance à grands pas lents et je n’ai pas trop de peine à suivre le rythme.

Je me force à lever de temps en temps la tête pour regarder autour de moi et profiter ainsi de la beauté des lieux. Sinon, mon champ de vision s’arrête à une paire de chaussures de montagne surmontée de mollets robustes. Joli spectacle, certes, mais…

La pente s’accentue un peu pour nous mener à un premier cairn, symbolisant un « sommet ».

Nous rattrapons deux randonneurs, arrêtés, en train de boire. C’est toujours rassurant de savoir que l’on n’est pas seul.

Nous sommes encore loin de la neige.

Mais tout est une question de temps, avons-nous coutume de dire… Bientôt, le sentier fait un coude vers la gauche.

Nous devinons un col, au loin.

La composition du sol change brutalement.

Du pierrier, nous passons à des pans de rochers inclinés, d’une jolie couleur brune. Certaines parties, plus grises, sont striées de blanc.

Le col est en vu. Devant, un joli névé.

Les deux randonneurs nous ont rejoints. Un père et son fils. Des allemands, souriants et visiblement ravis de vivre ensemble cette aventure. Ils nous proposent de nous prendre en photo avec notre matériel. Nous avons pour principe de ne jamais refuser. Nous leur retournons la politesse.

Sur notre droite, un petit sommet. Un panneau indique : Wildgärst 35 minutes. Comment résister ? Stefano regarde l’heure, me regarde, et accepte le détour.

Il n’a pas l’air terrible, ce Wildgärst hein ?

Nos compagnons germaniques suivent notre exemple. Eux aussi doivent penser qu’il est bon de ne pas être tout seuls…

Nous perdons à plusieurs reprises le sentier à cause de la neige qui cache le marquage. Mais même si nous en avions envie, il serait difficile de se perdre.

Le sommet du Wildgärst est marqué par deux grands cairns.

Une vue plongeante sur les lacs de Thun et de Brienz vient récompenser nos efforts.

Le début de la descente est l’occasion d’admirer les crêtes enneigées alpines.

Mais très vite la neige devient omniprésente, nous obligeant à regarder nos pieds.

Petit coup d’œil à la vallée, là d’où nous venons. Le petit lac s’appelle Hagelseewli. Le « li » est un diminutif.

Nous voici de retour au col. Notre escapade nous aura « coûté » un peu plus d’une heure.

Avant derniers regards sur le Wildgärst.

Ça, c’est le dernier.

Sur notre gauche, encore à l’ombre, le sommet du Schwarzhoren. Nous voyons des silhouettes qui se détachent sur l’arête, crapahutant précautionneusement. Nous comprenons plus tard pourquoi. Le sentier est marqué de bleu, autrement dit, c’est un « Sentier de Randonnée alpine ». Nous doutons d’être un jour capables d’emprunter de tels sentiers. Nous avons tous les deux le même appétit pour le risque : proche de zéro.

En suivant la crête, nous repérons deux échelles verticales fixées à la roche qui viennent conforter nos doutes.

Sur la droite, le Schwarzhoren. Pour être noir, il est noir.

Nous retrouvons les plaques de roches inclinées. En anglais, nous parlerions de slab.

Comme tout à l’heure, les grises sont striées de blanc.

Voici un des premiers lacs pour lesquels Stefano a choisi la randonnée :  le Häxeseewli.

Nous sommes à contre-jour mais Stefano fait des merveilles.

D’où nous venons.

Nous sommes maintenant hors neige. Nos chaussures, même pourvues d’une membrane Gore-Tex, ne sont pas très résistantes à la neige mouillée. Je sens l’humidité au niveau du pied gauche.

Une petite grimpette, avant d’arriver en vue du Hagelseewli rappelle soudainement à nos jambes ce qu’elles semblaient avoir oublier : les montées ne sont pas finies.

Mais non, je ne suis pas arrivée en haut avant Stefano, voyons ! Je lui ai demandé de redescendre de quelques mètres et lui, gentil comme tout, s’est exécuté. Tout au fond, le col par lequel nous sommes passés. A droite, le Schwarzhoren (2’928), à gauche le Wildgärst (2’890) et toujours à gauche, dans sa continuité, le Gärstenhoren (2’797). Sur ces flancs, nous apercevons des chèvres. Ce sont leurs clochettes qui nous ont permis de les repérer.

Le Hagelseewli.

Nous le contournons pour essayer d’attraper une belle lumière.

Dans ce ruisseau qui l’alimente, je retire deux gros sacs en plastique transparent. Y’a des coups de poing qui se perdent… Ils redescendront (les sacs et les coups de poing) avec moi à Grindelwald.

Le lac, en entier. Avec le soleil dans le dos, c’est quand même mieux.

Clin d’œil à mon p’tit frère, notre fournisseur officiel de bâtons Leki. Y’en a qui gagnent leur vie en restant assis huit heures par jour derrière un PC. Lui gagne sa vie en allant vendre des bâtons ! Qu’il teste soigneusement lors de ses randonnées.

C’est en arrivant ici, à Tierwang, que nous décidons de faire fi des horaires. Il est 16h30. Les dernières télécabines quittent First à 17h30. Le dernier passage du bus à Bussalp est à 17h40. A moins de courir, nous raterons et l’un et l’autre. Alors autant profiter du moment. Nous redescendrons à Grindelwald au pire à pied, au mieux en stop.

Nous suivons le sentier en direction de Faulhorn.

Nous sommes à flanc de montagne.

Avec une magnifique vue plongeante sur le Bachsee.

Et comme notre traversée s’étend sur presque 2 km, nous en profitons. Dire qu’il y a deux jours, les vertes prairies étaient recouvertes de neige !

Bachsee - Grindelwald - Berne - Suisse

Nous arrivons à Burgihitta. Les rives du lac se font désertes.

La montée vers Reetihitta est un peu poussive… C’est ici que nous avons mangé il y a deux jours, nous abritant de la neige et du vent.

Au-dessus de nous, Faulhorn. Nous renonçons à y faire un détour en raison de l’heure : 17h32.

A partir de là commence la descente, la vraie. Avec un « D » majuscule.

Bussalp paraît si loin… Un groupe de quelques chalets, au bout d’une route. Quant à Grindelwald, au fond de la vallée, n’en parlons même pas !

Si je ne me trompe pas, le pic s’appelle Esel et la butte Stollen.

Quarante cinq minutes plus tard, nous atteignons les premiers chalets. Bussalp est encore à 25 minutes. Le bus est parti depuis longtemps.

Nous voyons passer une voiture rouge au loin. Nous avons le pressentiment qu’elle aurait pu être notre taxi et que nous n’aurons pas d’autre opportunité.

Dernière photo de la journée.

Notre prémonition se révèle exacte. Dans l’heure et demi durant laquelle nous marchons sur la route, aucune voiture descendant vers Grindelwald ne nous dépasse.

Mais nous sommes tellement bien qu’il n’est même pas certain que nous levions le pouce si l’occasion se présente. Nous apercevons le grand-père de Heidi en train de ratisser le foin fraîchement coupé avec un large râteau. Avec la lumière du soir, sa silhouette, chemise bleu ciel et pantalon brun, se détache sur le vert vif de l’herbe. Il y aurait eu une magnifique photo à faire. Si j’avais osé lui demander… Timidité et barrière de langue.

6 km plus loin, nous trouvons un chemin qui descend directement à notre chalet Uf em Stutz. Luana nous attend impatiemment, car le dîner est prêt. Y’a plus qu’à mettre les pieds sous la table. Not bad, n’est-ce pas ?

Flore du jour

Aconit Napel - Aconitum Napellus
Aconit Napel – Aconitum Napellus

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est chez Suisse Mobile.

Autoportraits du jour

Au sommet du Wildgärst.

Pas très loin du Häxeseewli.

Et comme nous n’étions pas certains de la réussite du précédent…

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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