Nous remontons sur les crêtes du Sancy mais cette fois pour tourner autour de la vallée de Chaudefour. La marche d’approche, depuis le camping Serette nous « coûte » 1h30. Au pied du puy de Sancy, nous partons vers le puy de la Perdrix, avec un détour par le « capitaine et ses trois filles » avant de redescendre vers la source Sainte Anne. A la maison de la Réserve, au kilomètre 19, 6 de plus nous séparent encore du van.
Pour notre balade du jour, il était question de déplacer le van pour revenir sur le parking, à l’entrée de la vallée de Chaudefour. Mais hier soir, après une discussion avec les gérants du camping, ceux-ci nous ont donné un itinéraire permettant de rallier la vallée depuis le camping. Ils estiment le temps nécessaire à une quarantaine de minutes.
Ravis de l’aubaine, nous nous préparons tout joyeux, admirant au passage la belle vue sur le lac de Chambon.
Sur la gauche de la photo ci-dessus, le château de Murol, une forteresse médiévale érigée sur un piton volcanique.
Lorsque nous passons devant la réception du camping, Dominique, la gérante sort nous souhaiter une belle journée et nous avertir que Météo France annonce de gros orages après 16 heures. Ne trainez pas dehors après, nous prie-t-elle.
Nous longeons d’abord la départementale avant de bifurquer sur un chemin agricole, plus ou moins parallèle à la route.
Le soleil est voilé par des nuages d’altitude mais l’air est pesant. Au loin se détachent des silhouettes de puys qui nous semblent familières.
Nous devons d’abord rejoindre Chambon des Neiges.
En traversant le hameau Les Cros, nous sommes surpris par le nombre de maisons construites au milieu de nulle part. Il y en a pour tous les goûts : murs de bois ou de pierre, toit de tuiles ou d’ardoises, finies, en cours de finition ou chantiers abandonnés. La plupart de celles achevées sont fermées. Des voitures aux plaques étrangères sont garées dans la cour de celles ouvertes. Pour certaines, la végétation est si dense qu’une machette serait nécessaire pour accéder à la porte. Il y a eu clairement un promoteur immobilier qui a promis de beaux rendements. Peut-être est-ce la proximité de Chambon des Neiges, une station de ski rattrapée par le réchauffement climatique, dont les installations ont été démantelées en 2005 ?
De la station de ski, nous ne voyons rien, si ce n’est un grand parking et un gros complexe hôtelier. Quelques vans sont garés. A une fontaine – où je mouille mon tee-shirt, une dame se brosse les dents. Non loin, une ferme – la chèvrerie des Moneaux – propose des produits locaux en libre-service. Stefano me raconte avoir lu, sur des sites comme park4night, qu’un détraqué traverse le parking en voiture le soir vers minuit, klaxonnant comme un fou et hurlant « Manouche, manouche… ». Pourtant, aucune interdiction n’empêche les campeurs d’y passer une nuit. Au bout du parking, un restaurant propose des mets du terroir.
C’est là, après 40 minutes de marche, que commence notre randonnée dans la nature, même si nous ne sommes pas encore techniquement sur les crêtes de la vallée de Chaudefour, mais plutôt à mi-chemin.
La piste, large et caillouteuse, nous élève dans la forêt, majoritairement à l’ombre. Quelque part, sur notre gauche, le puy Jumel comme absorbé par la forêt. C’est qu’il nous faut atteindre la crête qui surplombe le côté nord de la vallée de Chaudefour.
Nous voici arrivés à un embranchement.
Un sentier part sur notre gauche, descendant dans la forêt pour arriver dans la vallée de Chaudefour, à la croisée des chemins menant soit à la cascade de la Biche, soit à la cascade du Moine, soit ici même. Si nous nous étions garés au parking comme prévu, m’explique Stefano, nous aurions pris ce sentier lors du retour, en fin de boucle, pour arriver là où nous nous tenons. Cependant, du fait du changement d’itinéraire, nous allons faire la boucle en sens inverse. Il pointe un sommet arrondi et me dit : là-haut, nous retrouverons le sentier des crêtes qui devrait t’être familier car nous l’avons parcouru hier et avant-hier.
Effectivement, au fur et à mesure que nous grimpons, je me repère. Le puy Mareilh et le puy Barbier au loin, et plus proche, le roc de Cuzeau.
Le sommet arrondi que Stefano m’a montré tout à l’heure est en fait le puy des Crebasses. Si, depuis le col de Cuzeau le sentier qui y mène est doux, nous y arrivons par une série de zigzags qui sur la carte ressemble à un croquet, chaque longueur nous hissant de 10 mètres.
De là, effectivement, nous pouvons contempler la vallée de Chaudefour, ses aiguilles de lave et ses dykes. Même à contre-jour, nous y distinguons la dent de la Rancune et la crête de Coq.
Derrière nous, le roc du Cuzeau, le col de la Croix Sant-Robert et, peut-être, si mes yeux ne me jouent pas des tours, là-bas, tout au fond, un peu sur la droite, plus élevé que tous les autres, le puy de Dôme.
Hier, en grimpant au puy de Sancy, dans notre dos, se dressait le puy Gros et une petite chaîne de rochers émergeants. Comme une enfant, je les avais pointés du doigt, piétinant d’impatience, et répétant : je veux aller là, je veux aller les voir… Demain, avait répondu Stefano, patient.
Demain est arrivé. Regarde, me dit-il, là-bas, au col de la Cabane, nous partirons vers la droite pour aller les voir, tes rochers. Mes rochers, comme il dit, ne sont pas de simples cailloux, mais représentent un « capitaine et ses trois filles ».
Avant de nous éloigner de la crête, nous jetons un dernier coup d’œil sur la vallée de Chaudefour. La « fameuse » bifurcation des sentiers est bien visible. Le sentier qui suit la vallée part vers la cascade du Moine. Celui qui part vers le versant opposé conduit à la cascade de la Biche mais également sur la crête opposée. Nous reviendrons par-là, annonce Stefano. Enfin, la troisième branche, celle qui se dirige vers nous, correspond au sentier que nous aurions pu prendre, tout-à-l’heure, pour descendre.
Le col de la Cabane est maintenant derrière nous, tout comme le sommet du puy de Sancy.

Devant, le capitaine – on ne sait pas trop quel rocher le représente – et ses trois filles, les trois derniers rochers de la crête aiguillée du puy Gros.
Nous nous approchons des aiguilles, plus intéressés par trouver un endroit propice au pique-nique que pour les contempler. De près, elles perdent un peu de leur magie.
Nous dénichons l’endroit idéal, entre deux aiguilles. D’un côté, nous contemplons les crêtes du puy de Sancy, de l’autre, des pentes herbeuses d’un joli vert soutenu, entrecoupées des remontées mécaniques de Super Besse.
Nous revenons vers le sentier principal en contournant les aiguilles par le bas.
La montée reprend après une longue traversée sur les flancs du puy de la Perdrix. Arrivés au sommet, une barrière nous empêche de rejoindre le sentier en contrebas et nous oblige à la suivre le long de la crête afin de la contourner. Cette barrière délimite la réserve naturelle de la vallée de Chaudefour.
Le sentier se fond dans un pierrier. Un jeune, pelle à la main, est en train de travailler. Non, il ne répare pas le sentier mais l’améliore pour une course de descente VTT. Nous regardons, songeurs, la piste, les cailloux, l’absence de virage pour adoucir la pente et nous disons qu’il y a vraiment des téméraires !
Sur notre gauche, en arrière, les crêtes, mais avec une perspective différente.

Face à nous, une longue descente.
C’est au puy de Champgourdeix que se détache le sentier qui descend vers le fond de la vallée de Chaudefour.
De prairie, la végétation devient un peu plus haute et bientôt nous sommes à l’orée de la forêt.
Nous retrouvons nos traces d’hier et arrivons à la source Sainte Anne ou nous nous délectons de cette eau un peu magique, au goût si inhabituel.
Arrivés au parking, Stefano me montre le reste à faire, à savoir un peu moins de 6 km pour revenir au van. Le temps est orageux, même s’il ne pleut pas encore, et nous avons l’impression d’avoir des plaques de plomb sous nos chaussures. Mais tout est une question de temps. 1h30 plus tard nous arrivons au camping, la peau moite, ne songeant qu’à deux choses : une bonne douche et une bière fraîche. Il est 17h30 et l’orage n’est pas encore là même si nous l’entendons gronder au loin. La pluie ne viendra que dans la nuit, et encore, ce sera une toute petite averse.
Flore du jour


Itinéraire du jour
C’est ici et c’est sur Wikiloc.
Autoportraits du jour
Près du capitaine et de ses trois filles.