Quatrième jour dans le Cantal. Nous avons biffé de la liste des « must do du Cantal » les sommets principaux autour du Lioran. Heureusement, refaire une même balade ne nous rebute pas, bien au contraire. Surtout un sommet, car en général, plus d’un sentier y mène. Nous voici donc partis pour le puy Griou par un tout autre itinéraire. Nous allons cette fois le contourner par l’ouest.
Nous laissons le van toujours au même endroit, entouré de plusieurs copains, alors que flotte une bonne odeur de café. Cette fois nous partons en direction de Font de Cère, en coupant la route Impériale. Plus au sud, parallèles à notre trajectoire, le tunnel routier et la voie ferrée. Avant la construction du premier tunnel en 1843, le passage du col était réputé infranchissable durant 9 mois dans l’année, principalement à cause de grosses quantités de neige et de congères persistantes. L’été, seules les troupes royales s’y aventuraient car dans la forêt dense du Lioran, les voyageurs étaient une proie facile pour les loups et les brigands.
C’est vrai qu’ici la forêt est particulièrement touffue, mais elle s’ouvre régulièrement sur de vastes clairières.
Un joli buron.
L’hélicoptère qui hier faisait des va-et-vient est de retour. Nous le voyons déposer quelque chose – ou quelqu’un – sur un des flancs du puy Griou. Car oui, le puy Griou est maintenant visible, facilement reconnaissable malgré une perspective différente.
Un traileur arrive en sens inverse. Damn it! Cette silhouette est familière… Nous n’en croyons pas nos yeux. C’est lui, c’est le traileur rencontré il y a deux jours, en contre-bas de l’Aiguillon, puis hier brièvement, au-dessus de Font d’Alagnon. Wow, quel hasard ! Lui – c’est Maxime – est tout aussi surpris que nous. Cette fois nous prenons le temps de discuter. Nous nous étonnons de la longueur de ses courses et des dénivelés. Il répond du tac au tac que nous ne sommes pas en reste avec nos 20-25 km quotidiens. Il s’entraîne pour une course dans les Pyrénées, début juillet, si mes souvenirs sont bons. Nous nous disons aurevoir. Demain, nous quittons la région et il n’y a donc aucune chance que nous nous croisions à nouveau.
Au niveau de la vacherie du Griou, la piste s’arrête laissant place à un sentier plus étroit.
Le puy Griou est maintenant en ligne de mire.
Nous laissons le Griounou sur notre gauche et obliquons vers l’est, en direction du sentier qui mène au sommet du puy Griou. A quelques mètres du chemin, à l’ombre, assis sur des rochers, 4 randonneurs sont en train de déjeuner, les sacs à dos grands ouverts, s’échangeant les victuailles. Après les avoir salués, je ne me rappelle plus vraiment comment le fil de la discussion en arrive au fromage du Cantal et à notre « déception » quant à ceux que nous avons goûtés. Ils s’emballent, commencent à se taquiner, à s’envoyer des vannes, l’un vantant un affineur que l’autre ne juge pas si bon que ça. Ça rigole et se chamaille comme des gosses. Tous les jeudis, nous disent-ils, depuis 15 ans, nous sortons ensemble. S’il pleut, nous nous réunissons dans un restaurant. Sinon, nous randonnons. L’un ouvre un emballage et coupe une bonne portion de fromage du Cantal qu’il nous tend. Mais non, leur donne pas, s’exclame un autre. Il a eu chaud, il va pas être bon ! Chaud ou pas chaud, c’est le geste qui compte et le fromage nous semble « extraordinairement » bon. Nous revient en mémoire un bout d’emmental échangé sur les flancs du mount Elbert. Nous les remercions chaleureusement et les quittons avec un « tout de bon ».
Le Griounou, vu de l’est.

Devant, des silhouettes familières, avec au centre le puy de Peyre Arse.
Face au puy Griou, sur le sentier qui mène au sommet.
Sans le vent qui nous avait malmené lors de notre précédente ascension, la montée au puy Griou se fait sans difficulté, à condition d’avoir de bonnes semelles et le pied sûr.
Cette fois nous pouvons profiter du magnifique panorama à 360° pendant que nous déjeunons, confortablement installés sur des rochers plats.
Comme il est encore tôt, Stefano me propose de poursuivre vers le téton de Vénus. Là encore, sans vent, nous devrions avoir d’autres sensations.
Descendre de notre perchoir ne présente guère plus de difficulté technique que la montée.
Le puy Griou et son petit pote, le Griounou.
Un peu avant le col de Rombière, un troupeau de vaches nous regarde passer, sans broncher. Ah des vaches avec des cornes… c’est quand même plus joli…
A l’assaut du téton de Vénus.
Bon, et maintenant ? Comment allons-nous revenir à notre point de départ ? Une seule solution, me dit Stefano, si nous voulons faire une boucle. Descendre par le bec de l’Aigle. Du bec de l’Aigle je ne garde pas de souvenir particulier. Si ce n’est un passage assez fun de scrambling. Je valide donc avec enthousiasme la proposition.
Le sentier qui descend par le côté est du téton de Vénus n’est pas fermé. Nous y commençons notre descente, sachant pertinemment que, en bas, au moment de rejoindre le sentier principal, une barrière en ferme l’accès.
Aller jusqu’au bec de l’Aigle ne pose aucun souci.
Par contre la descente est un véritable enfer. Le sentier est raidissime, profondément enfoncé dans le sol, et la surface est masquée par les hautes herbes qui le bordent. Je glisse par deux fois, me retrouvant sur les fesses, sans avoir compris mon erreur. Les 40 minutes nécessaires à ce que nous retrouvions un sentier confortable sont interminables. Nous notons de ne jamais refaire cet itinéraire dans ce sens.
Flore du jour



Itinéraire du jour
C’est ici et c’est sur Wikiloc.
Autoportraits du jour
Au sommet du puy Griou.
Au sommet du téton de Vénus.