Aujourd’hui, pour notre dernière journée à Gavarnie, nous partons à la découverte du cirque de Troumouse, l’un des trois magnifiques cirques glaciaires de la région et le plus grand des Pyrénées françaises.
Nous quittons le camping Le Pain de Sucre et prenons la direction d’Héas, un petit hameau niché au fond de la vallée éponyme. C’est de là, en effet, que part notre randonnée vers le cirque de Troumouse.
La distance à parcourir jusqu’à notre destination est de seulement 11 kilomètres, mais la route de la vallée d’Héas est en travaux et nous roulons au pas sur de la terre battue pendant un bon moment. Une centaine de mètres après le hameau, nous trouvons une place pour garer le camping-car, à côté d’un California avec des plaques bâloises.
Les dégâts que nous observons autour de nous, en particulier au niveau du lit du gave, sont considérables. Nous apprendrons, lors de la rédaction de ce billet, que dans la nuit du vendredi 6 au samedi 7 septembre 2024, des pluies diluviennes se sont abattues sur les Pyrénées et ont entraîné des inondations et des glissements de terrain dans plusieurs vallées de Gavarnie. Cette nuit-là, la crue du gave d’Héas a profondément endommagé la route d’accès au hameau, a emporté plusieurs ponts, ainsi que de nombreuses voitures.
Une fois enfilées les chaussures, nous suivons la route pendant cinq minutes avant d’arriver au départ du sentier.
D’importants travaux sont en cours pour refaire le pont de la route qui monte jusqu’à l’Auberge du Maillet.
Au loin, l’on devine une partie de l’immense cirque de Troumouse, le plus grand cirque glaciaire des Pyrénées françaises avec ses quatre kilomètres de diamètre, soit cinq fois plus que celui de Gavarnie…
Alors que derrière nous, il faut avouer que le paysage est moins impressionnant.

Allez Stefano, un pas après l’autre !
Alors que jusqu’à présent le sentier longeait le gave de Touyères, nous entamons maintenant, par une série de zigzags, la montée vers le plateau.
Marie-Catherine reprend le souffle après le dernier lacet. Déjà cinq cents mètres de dénivelé, tout de même !
Il faut avouer que quelques minutes plus tôt, nous avions décidé de nous écarter de l’itinéraire initialement planifié, et de monter voir la cabane des Aires.
Il est pratiquement 11h30 lorsque nous arrivons à la cabane. Le cirque est tout autour de nous, et est effectivement très imposant.
Sous le toit de la cabane, on peut lire cette inscription en gascon : « U toy nou cragn qué Diou ets péricles erà lid ! », dont la traduction en français est la suivante : « Un toy ne craint que Dieu, les tonnerres et l’avalanche ! ». Qu’est qu’un « toy » ? Le mot « toy » (ou « tchoy ») signifie « petit » ou « jeune homme » en gascon. Ce terme désignait autrefois les habitants de ces vallées, considérés comme plus petits que ceux de la plaine, puis est devenu le symbole de la région, que les locaux appellent fièrement le Pays Toy.
La cabane étant fermée, nous ne nous attardons pas trop sur le plateau, d’autant plus que des vaches rôdent par-là.
Nous retrouvons le sentier « officiel », ainsi qu’un troupeau de vaches musculeuses qui paît dans une sorte de marécage.
Le sentier passe ensuite par des formations rocheuses assez curieuses.
Puis nous approchons des lacs des Aires. Celui-ci, est complètement asséché.
Peut-être pour éviter les sables mouvants, le sentier contourne la zone qui semble être la plus humide.
En revanche, le prochain lac, contient toujours un peu d’eau, ce qui en fait vraisemblablement une destination de prédilection pour les vaches qui passent l’été en estive.
C’est par ailleurs à cet endroit que nous nous arrêterons pour notre casse-croûte. Marie-Catherine garde un œil sur le troupeau, car il ne serait être question de partager son sandwich avec un bovidé.
Repus, nous reprenons le chemin, avec comme idée de faire le tour du lac.
Les eaux sont cristallines.
Voici une sublime photo prise depuis le bout du lac, avec le cirque en arrière-plan.
Marie-Catherine est intriguée car l’eau du lac, qui alimente le gave de Touyères déjà mentionné plus haut, semble provenir de nulle part. Curieuse, elle contourne la roche, débusque deux randonneurs confortablement installés à l’ombre, sandwichs à la main, et constate que l’eau s’échappe d’une fissure sous la roche.
Ensuite, nous prenons de la hauteur et retombons sur le sentier « officiel ».
Après avoir marché un bon moment sur un replat, nous prenons le sentier qui doit nous amener à notre prochaine étape, à savoir la statue de la Vierge de Troumouse. Mais avant, nous passons devant la Cabane de la Vierge, un petit refuge ouvert au public, sauf erreur de notre part. Un troupeau de vaches monte la garde et il a fallu les contourner.
Photo du même refuge, prise à proximité.
Nous montons en suivant le sentier et approchons de la statue. Puisqu’il y a quelques personnes au sommet, nous nous contenterons de cette photo.
Arrivés à la statue, Marie-Catherine consulte la table panoramique qui se trouve à proximité, et qui indique les noms des sommets qui entourent le cirque. Par exemple, cet éperon rocheux que l’on observe en haut à gauche de la photo, s’appelle le Pic de Gerbats, puis sur la droite se trouvent le Petit Pic Blanc et le Pic Heid.
Nous allons nous balader un peu en hauteur, question de pouvoir prendre quelques photos avec davantage de recul, comme celle-ci, par exemple.
Puis revenons sur nos pas et passons le troupeau qui se trouvait à côté de la cabane.
Sur les chemins, nous croisons davantage de monde. Cela peut être expliqué par le fait que nous approchons de la station du train de Troumouse (oui, car il y a un « train » qui monte jusqu’à ici, pendant les mois d’été).
Pendant ce temps, Marie-Catherine découvre un petit ruisseau bordé par des linaigrettes. Sur la photo, l’on peut observer tout au fond, une ouverture, qui porte le curieux nom de la Brèche de la Clé du Curé.
À côté du parking du train, un panneau et un chemin que l’on voit partir vers le fond de la vallée, attire notre attention. Il s’agit du départ du sentier qui monte au Port de La Canau, un col qui servait autrefois de lieu de passage et d’échange de marchandises entre les deux versants des Pyrénées. Marie-Catherine voudrait bien y aller, mais nous décidons de garder cette randonnée pour la prochaine fois que nous revenons par ici.
Nous donnons un rapide coup d’œil à l’intérieur de la gare du train, et tout ce que nous observons, ce sont des banquettes pour que les passagers puissent attendre le « train » à l’abri du soleil, mais point de train en vue, ni de rails d’ailleurs. Mystère…
La première partie de la descente vers le Plateau du Maillet, se fait sur la route.
Alors que nous venons de reprendre le sentier, nous entendons un véhicule à moteur qui monte. Parbleu, c’est donc ça le Petit train de Troumouse ! Un tracteur avec des remorques pour les passagers. Nous éclatons de rire comme des gamins.
Et j’entends siffler le train…
Avec un brin de mélancolie, Marie-Catherine regarde en haut, vers le Port de La Canau.
Alors que nous approchons de l’Auberge du Maillet, un petit panneau avec écrit Dalle Paget attire notre attention, et nous décidons d’aller voir. Il s’agit d’une dalle à la mémoire d’Henri Paget, dit Chapelle, un guide de montagne mort en 1874 lors d’un bête accident de chasse, que le célèbre alpiniste et pyrénéiste anglais Charles Packe a fait graver et poser à cet endroit. Chapelle est le seul guide pyrénéen dont la mémoire a été honorée par une dalle en pleine montagne, semble-t-il.
Alors que nous marchons tranquillement sur le sentier, les pauvres moutons qui se reposaient s’affolent en nous voyant approcher, et prennent la poudre d’escampette. Non, mais, voyons, on n’est pas des loups !
Nous arrivons à l’Auberge du Maillet. Il y a un certain nombre de voitures sur le parking de l’auberge (payant), mais peu de clients à l’extérieur.
Il est 15h30 lorsque nous entamons la descente vers Héas par un sentier en plus ou moins bon état.
Ce matin, nous avons marché sur le sentier qui se trouve là-bas, en face de nous.
Par endroits, nous longeons la route et puis lorsque le sentier devient raide, nous alternons route et sentier.
Nous approchons du pont en réfection, et en profitons pour prendre congé du cirque de Troumouse. Mais nous sommes d’accord, ce n’est qu’un au revoir.
Arrivés à l’endroit où nous avions stationné notre camping-car, nous remarquons que nous sommes pris en sandwich par deux fourgons avec des plaques vaudoises. Alors que nous sommes en train de nous changer, un monsieur arrive et ouvre l’un des fourgons. Nous entamons aussitôt la discussion et apprenons qu’il fait partie du CAS Val de Joux, et qu’il est là avec un groupe d’adhérents pour une semaine de randonnées dans les Pyrénées. Nous lui expliquons que nous sommes des ex-vaudois ayant « émigré » en Suisse italienne en début d’année, et que pendant des années nous avons arpenté en long et en large le Jura vaudois. Il s’avère que le monsieur et venu chercher un véhicule car l’une des participantes s’est blessée et doit être amenée à l’hôpital le plus proche. Nous prenons congé du joyeux drille (oui, car il est drôle), puis décidons d’aller visiter le hameau d’Héas.
À part quelques maisons et l’Auberge de la Munia, ayant jadis appartenu au guide Henri Paget mentionné plus haut, il y a une très belle chapelle : la Chapelle Notre-Dame d’Héas.
Sur un panneau posé à proximité de la chapelle, est racontée l’anecdote suivante au sujet de la statue de la vierge d’Héas : « Un petit sanctuaire fut installé, mais où trouver une statue? Par pure dévotion, nos bergers allèrent dérober la statue de Notre-Dame de Pinède, en Espagne (Aragon). Ils pensaient que le motif de leur vol le rendrait excusable. Sur le chemin du retour, nos bergers s’endormirent. Pendant ce temps, les propriétaires de la statue se mirent en chasse et récupérèrent leur madone en apercevant une lumière à une certaine distance. Par miracle le feu de la colère et de la vengeance s’éteignit, ils laissèrent dormir les voleurs. À leur réveil, les bergers furent très déçus, mais ils découvrirent une belle source au-dessous du rocher où ils avaient posé la statue. Miracle ! Une statue aussi belle que la Vierge Marie aragonaise leur apparut. On la mit dans la chapelle. ».
Ha, ha, ha, très drôle !
Il est 16h40 lorsque nous prenons la route. Ce soir, nous changeons de crémerie car nous allons passer quelques jours un peu plus bas dans la vallée, à Luz-Saint-Sauveur.
Tiens, alors que dans la descente vers Luz nous mettons sur le côté de la route pour laisser passer des voitures (car nous roulons pépère au volant de notre camping-car), nous nous faisons klaxonner par le fourgon qui transportait visiblement la dame qui s’est blessée lors de la randonnée. Le conducteur nous salue de la main. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement.
Arrivées au Camping International, nous prenons possession de notre emplacement, puis une fois installés, nous nous offrons un apéritif bien mérité.
Le soleil brille généreusement sur les montagnes environnantes. Marie-Catherine contemple une montagne et s’exclame : « Elle est tellement belle, c’est là où je rêve d’aller demain ! »
Son rêve se réalisera-t-il ?
Flore du jour

Itinéraire du jour
C’est ici et c’est sur Wikiloc.
Autoportraits du jour
À l’heure de la pause, nous contemplons un petit lac anonyme.
Au même endroit.