Nous nous laissons séduire par la description de la randonnée « Puy de la Combegrasse et Narse d’Espinasse » proposée le site du Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne. Le temps de marche indiqué correspond parfaitement à la fenêtre de temps sec promise pour cet après-midi : 3h. Nous renoncerons finalement à la narse, allongeant le pas, tête baissée sous un ciel de plomb, tentant d’arriver au camping avant l’averse.
La matinée a été pire, au niveau météorologique, que celle d’hier. Les averses se sont succédées, tandis que le vent furieux secoue les branches. En mode décontraction absolue, nous prenons les choses comme elles viennent et j’en profite pour rédiger le billet d’hier (Le puy de Charmont et le puy de Vichatel). Stefano ne s’ennuie pas non plus. Car outre ses 3 étoiles amplement méritées, le camping des volcans offre un excellent Wifi.
Vers 14h, nous nous décidons quand même à pointer dehors le bout de notre nez. Quelques trous de ciel bleu confirment – pour le moment – les prévisions météorologiques. Mais prudents, nous choisissons un itinéraire de balade qui ne s’éloigne pas trop du camping, si jamais un repli rapide s’avère nécessaire.
A peine sortis du camping en direction du puy de Charmont, un petit sentier se faufile entre la haie extérieure du camping et le vaste champ où les balles de foin reviennent à leur état initial et où paissent des chevaux, aujourd’hui tous protégés par une couverture. Il faut dire que le froid est vif, accentué par les rafales de vent.
Un panneau, dont la flèche pointe dans le sens contraire de notre marche, annonce notre destination du jour. Etrange…
Nous continuons sur une piste recouverte de pouzzolane, tout aussi rouge que celle d’hier, cherchant en vain du balisage. Nous réalisons que celui-ci, très discret, est conçu pour les randonneurs qui suivent la randonnée dans le sens initialement prévu. D’où la flèche inversée tout à l’heure et des indications qui ne sont visibles qu’après les avoir passées.
C’est donc via le téléphone que Stefano nous guide. A une aire de pique-nique proche d’un bâtiment de tôle vert – qui s’avère être un observatoire -, nous partons vers le puy de la Combegrasse. Nous avons à peine marché 700 mètres.
Le sentier s’élève doucement et je suis en train de raconter à Stefano ce que j’ai appris ce matin, suite à mes googling, sur la pierre de lave, utilisée pour édifier la cathédrale de Clermont-Ferrand lorsque nous arrivons à un bâtiment construit de cette même pierre. Je m’écrie : il ressemble à un temple !
Bon, calmons-nous, ce n’est qu’un édifice technique accolé à un réservoir ! Mais il a de l’allure.
Un peu plus loin le sentier longe une zone de pierre volcanique à vif.
Nous sortons de la forêt pour déboucher sur une prairie où paissent des moutons fraîchement tondus. Une barrière de bois tressé dissuade les marcheurs de suivre l’ancien sentier, encore visible par l’érosion qu’il a provoquée et les canalise vers un joli sentier délimité par des troncs d’arbre.
N’oublions pas que nous sommes dans un parc et qu’un minimum d’aménagement est nécessaire pour contrôler le flot de visiteurs.
Un peu d’histoire et de géologie maintenant. Commençons par l’âge de ce volcan, évalué à environ 40’00 ans. Culminant à 1 120 m, ce volcan de type mixte strombolien et effusif – type similaire à l’Etna ou le Vésuve – a un cratère légèrement égueulé (=ébréché), formé par une coulée de lave volumineuse qui a entraîné avec elle les scories du cône. Lors de l’éruption, le magma fluide n’a quasiment pas formé de cône, donnant à ce volcan sa forme arrondie. Sur le côté ébréché du sommet, là où s’est écoulée la lave, des « tumuli » émergent, formes originales ressemblant à des sortes de bourgeonnements. La lave, tentant de s’échapper de son enveloppe solide, s’est refroidie au contact de l’air, se solidifiant et créant ces tumuli sur le dessus de la coulée.
Au début du siècle passé, seule une végétation rase recouvrait le volcan.
C’est ici que fut organisé, le 19 août 1922, le premier congrès expérimental d’avion sans moteur organisé à l’initiative de l’Association Française Aérienne et l’Aéro-Club d’Auvergne. Le puy devint le point de ralliement d’une trentaine de vélivoles (pratiquants le vol à voile) de la France entière et même des Etats-Unis.
La technique du lancer a été révolutionnée sur ce sommet avec l’apparition du sandow, un câble élastique tiré par plusieurs personnes. Le sommet du puy a été le premier lieu dans le Puy-de-Dôme à accueillir les adeptes de l’aile Delta. La durée des vols n’était que de quelques minutes. Il arrivait que les paysans des environs louent leurs vaches aux pilotes afin de les aider à remonter leurs planeurs au sommet du puy.
Source : Chaine des Puys – Puy de Dôme.
Quelques marches nous amènent au sommet, mis en relief par un petit pin solitaire.
Une magnifique vue s’ouvre à 180° vers le nord
A droite, en premier plan, le puy de Charmont, où nous étions hier. A gauche, également en premier plan, ce bout de forêt légèrement surélevé est également un puy, le puy de Boursoux. Sur la même ligne, en second plan, le puy de la Toupe dont un des versants est à vif, exploité par une carrière.
En dépit de la présence d’un panorama, nous n’arrivons pas à identifier de façon catégorique d’autres puys.
Le sentier se prolonge dans les hautes herbes vers un second panorama, orienté vers le sud.
Du promontoire, nous pouvons contempler les nuages, puis les nuages et puis vaguement quelques puys.
Nous revenons sur nos pas, bousculé par le vent. Voici la crête qui mène au panorama précédent, marquée par un petit arbre isolé. L’herbe y est abondante, haute et épaisse et ondule, telles des vagues, sous le vent.
Vers l’est, le lac d’Aydat.
Nous essayons toujours de nous familiariser avec le balisage des sentiers et d’y trouver une logique. Quand nous les repérons ! Celui-ci indique la randonnée jaune et la randonnée verte mais disparaîtra bientôt, avalé par la végétation.
Tout à coup, Stefano se retourne, mettant son index devant sa bouche : chut, dit-il, je vais faire quelque chose qu’il ne faudra dire à personne… Ce sera un secret aussi bien gardé que celui de la recette de l’Appenzell. Chut… Je vais mettre un bonnet ! J’éclate de rire ! Moi, sans complexe, j’ai mis le mien depuis un moment déjà.
Nous descendons en tournant autour du puy de la Combegrasse sur son côté est par un sentier envahi par les genêts à balais.
Le sentier nous ramène à l’aire de pique-nique et l’observatoire, tout proche.
Nous croisons notre trace de tout à l’heure pour rejoindre le parking de départ de la randonnée. Nous avons tout faux, l’ayant commencé par un autre bout.
Nous traversons la D983 et continuons sur une piste. Stefano a dû sortir son GPS pour confirmer l’itinéraire à prendre car nous ne trouvons aucune indication.
Heureusement qu’un tracteur est récemment passé, écrasant les herbes, notamment les orties !
Quelques tumuli sont visibles.
Après environs 600 mètres, nous obliquons à gauche, vers le sud. Nous traversons des prairies, balayées par le vent.
Le puy de la Combegrasse est encore bien visible. Il faut dire que c’est le seul relief significatif des environs.
Toujours à l’aide du GPS, confirmant nos choix de direction en nous retournant, à la recherche des traits horizontaux dans la direction d’où nous venons, nous arrivons au village d’Espinasse. A l’entrée du hameau, sur un terrain vague, un tas de balles de foin enroulées dans des feuilles de plastique. Il y en a des dizaines, empilées sur 5 épaisseurs, tel un rempart. Nous traversons le village, aux maisons traditionnelles, aux toits pentus et aux pierres apparentes.
Par un chemin parallèle à celui emprunté à l’aller, nous contournons le puy de l’Enfer, au pas de course, ignorant la narse d’Espinasse, souhaitant ardemment pouvoir revenir au camping avant la pluie. De bleu parsemé de nuages blancs, le ciel s’est soudainement revêtu de noir. Les nuages sont bas et menaçants.
Mission accomplie ! Nous arrivons au van avant la première goutte de pluie.
La chasse aux mouches est ouverte. Comme des bleus, nous n’avons pas fait attention et laissé la porte du van ouverte trop longtemps. Attirées par la température intérieure plus élevée que celle de l’extérieur, les mouches agglutinées sur la carrosserie blanche, se sont engouffrées à la moindre occasion. Hier, nous avions déjà une dizaine d’invitées et aujourd’hui, nous ne les comptons plus. Elles sont partout, les bougres.
A midi, avant de partir, j’avais découpé une bouteille en PET pour n’en garder que le fond que j’ai rempli de vinaigre balsamique et de produit vaisselle. Une recette de grand-mère pour un attrape-mouche bio. De retour de notre balade, deux malheureuses mouches s’y sont noyées. Deux sur trente ou quarante. Efficacité à revoir.
Alors que nous faisons la vaisselle, Florian, le gérant du camping, arrive pour sa tournée de contrôle de propreté des sanitaires. Nous échangeons quelques mots et à tout hasard, je lui demande si, dans son petit coin épicerie, à la réception du camping, il ne vend pas des attrape-mouches. Non, me répond-il, mais je peux t’en passer un. Il revient un moment plus tard et me tend deux petits rouleaux. Le Graal ! De retour au van, nous déroulons avec circonspection les bandes collantes. Pour moi c’est une première. Pour Stefano, pas vraiment. Son grand-père mettait des bandes collantes dans l’étable qui, à la fin de l’été, étaient noires de mouches. Nous en fixons une au rétroviseur (qui d’ailleurs ne sert à rien) et une au-dessus de l’évier. A l’extinction des lumières, une ou deux heures plus tard, quatre mouches constellent les pièges. Nous ne crions pas victoire mais c’est un bon début…
Autoportraits du jour
Au sommet du puy de la Combegrasse.