Partis sous les nuages, nous traversons la narse d’Espinasse, une zone marécageuse située au pied du puy de l’Enfer. Puis, la météo s’améliorant, nous poussons jusqu’au puy de Monténard qui offre un sommet dégagé et ouvert, avec un magnifique panorama sur la chaîne des Puys, les monts Dores, et le massif du Sancy.
Le mauvais temps nous retient encore la matinée en compagnie des mouches (voir le billet d’hier) dont le nombre décrémente trop lentement à nos yeux. Les attrape-mouches font nonchalamment leur travail en retenant les malchanceuses qui les frôlent de trop près. Ma mixture vinaigre balsamique et savon de vaisselle n’a guère eu de succès : les deux mouches d’hier flottent toujours toutes seules. En revanche, j’ai découvert une nouvelle arme assez redoutable pour les assommer avant de les jeter dehors : les gants de ménage. Ils sont si rapides que, à condition de bien viser, peu en réchappent. Le vaillant petit tailleur n’a qu’à bien se tenir. Une volée de moineaux attend devant la porte du van, bec ouvert.
Malgré le confort du van, nous sommes un peu dépités : les prévisions météo annonçaient une belle journée jusqu’à hier mais la matinée fut pire que les deux précédentes. Cependant, vers 11h, n’y tenant plus, nous décidons que la pluie doit cesser et nous préparons.
L’objectif du jour est, en premier lieu, de retourner vers le puy de l’Enfer pour découvrir ce que cache la narse d’Espinasse. Puis, en suivant le tracé concocté par Stefano, nous poursuivrons en direction du puy de Monténard.
Nous partons à rebrousse-poil de notre sortie d’hier. En passant, nous faisons un petit clin d’œil au puy de la Combegrasse. Il est si chou, à moitié pelé.
Le ciel est gentiment en train de virer au bleu. Enfin !
Puis, au lieu de rejoindre le chemin de l’Enfer, nous taillons une diagonale nord-ouest vers la limite est de la narse.
Là, c’est clair : il ne faut pas emprunter ce sentier si l’itinéraire est de couleur jaune. Comme nous marchons dans l’autre sens, le « X » est dans notre dos !
Vu du sol, le puy de l’Enfer n’est qu’une moitié de mamelon recouvert de forêt.
Nous longeons d’ailleurs la limite des arbres, sur le côté est. Le sentier est presque absorbé par les hautes herbes.
Nous évitons de penser aux tiques et autres bestioles qui s’y cachent.
Nous avons maintenant une vue de la narse d’Espinasse : un espace à la végétation dense et basse.
C’est vu du ciel que les deux compères – le puy de l’Enfer et la narse d’Espinasse – se contemplent le mieux. Car tous deux sont inséparables. Il y eut d’abord un maar, formé lors de la rencontre du magma et du cours d’eau La Veyre. Voici une explication de la notion de « maar » fournie par Wikipedia :
Pour les maars, le phénomène est le suivant : le magma, en remontant vers la surface, rencontre dans le sous-sol une nappe phréatique ou un cours d’eau souterrain. Une partie de cette eau se vaporise alors sous l’effet de la chaleur, ce qui entraîne une importante augmentation de la pression dans le sous-sol, au point que les roches en surface sont soudain éjectées à la manière d’un bouchon de champagne. Généralement, la nappe phréatique ou le cours d’eau souterrain qui a contribué à la formation du cratère alimente ensuite un lac dans le bassin ainsi créé. Les maars sont donc très souvent des lacs de forme circulaire aux pentes plus ou moins abruptes.
Alors que le puy de l’Enfer entrait en éruption, les explosions du maar emportèrent la partie sud du puy de l’Enfer. D’où cette moitié de mamelon qui se termine dans la zone marécageuse de la narse.
Un panneau vert à demi enfoui dans les herbes marque une intersection de sentier et invite le randonneur intrépide – la trace est à peine perceptible – à découvrir la narse.
Un petit coup d’œil au GPS confirme que le sentier existe bel et bien sur une carte – c’est une bonne chose – et qu’il coupe plus loin le chemin que nous avons parcouru hier, à la sortie d’Espinasse. Sans réfléchir plus, nous nous y engageons.
De la narse, nous ne verrons pas grand-chose. Du vert, beaucoup de vert. Les chants d’oiseaux couvrent le bruissement de l’herbe que nous écrasons.
Par moment, les arbres nous laissent apercevoir des zones planes, recouvertes de toupets d’herbe : les tourbières.
L’endroit est presque oppressant, tant la place réservée à l’humain est inexistante. Si je n’ai aucun souci à me promener des heures dans un désert sec et aride, sans personne autour, je me sens comme une intruse dans cet amas de végétation couplé au bourdonnement incessant des insectes.
Nous rejoignons le chemin de l’Enfer, accueillis par une croix.
Déjà peu rassurant, le chemin du puy de l’Enfer est également connu sous le pseudonyme chemin des morts car c’est par là que passaient les habitants d’Espinasse pour porter leurs morts au cimetière d’Aydat. Couplé aux marécages non loin, la présence d’une croix ne nous surprend guère, petit moment de réconfort en prévision des épreuves à venir.
Confiants, à la vue du ciel de plus en plus dégagé, nous passons à la seconde partie de la balade : le puy de Monténard.
Nous devons d’abord rejoindre le petit village de Saulzet le Froid, sans autre option que de marcher au bord de la route. Pour la première fois depuis notre arrivée en Auvergne, nous avons un peu chaud, grâce au goudron qui réverbère la chaleur du soleil.
Ce n’est qu’une petite départementale où nous rencontrerons plus de tracteurs que de voitures ou motos. Faux, pardon… j’oubliais le bétail qui délaisse momentanément la pâture pour s’approcher de la clôture. Au fond de la photo ci-dessous, le puy de l’Enfer.
Nous traversons Saulzet le Froid en admirant les maisons traditionnelles.
Le sentier qui mène au puy de Monténard est un peu plus au sud et balisé de bleu. Il s’élève tout doucement dans la forêt où il fait encore frais.
Au sommet, le point géodésique annoncé n’est pas un triangle métallique érigé – comme par exemple au mont Tendre – mais une plaque apposée sur une pierre.
Comme promis sur la page où Stefano a trouvé le tracé, le sommet est effectivement dégagé, au moins sur le côté sud. Et nous avons une belle perspective sur la chaîne de Sancy, même si le ciel est encore un peu brumeux.
Je crois même pouvoir affirmer que le second sommet, en tout dernier plan, en partant de la gauche, est le puy de Sancy.
Je me pose sur une pierre et profite de l’instant.
Des ancolies poussent sur les scories, me rappelant les flancs du Mount St Helens, même si les fleurs étaient différentes.
Nous commençons la descente par le même chemin que la montée.
Nous avons longuement discuté de la signification possible de ces deux lettres « PR ». Après vérification, elles signifient simplement « Promenade – Randonnée ».
Lorsque le sentier se divise, nous choisissons évidemment celui que nous ne connaissons pas. Il nous mène sur une route gravillonnée qui ne semble jamais finir. Derrière nous, le versant sud du puy de Monténard.
Ici, les prés sont fauchés et les balles de foin joliment alignées.
Nous traversons le village de Mareuge. Les maisons sont toutes plus belles les unes que les autres. A part, bien sûr, celles fermées depuis des années et qui le seront encore longtemps.
Puis nous remontons vers Saulzet le froid en contournant, de loin, le puy de Monténard. Nous en aurons presque fait le tour !
Dans le village, j’aperçois un homme en train de travailler sur une vieille voiture. Je crois reconnaître une Citroën Mehari. Je m’approche pour constater qu’il s’agit d’une Renault Rodéo. Nous engageons la conversation. La voiture a traîné dans une grange pendant plus de 30 ans. Il me dit que ce modèle était destiné à concurrencer la Mehari mais qu’il est arrivé beaucoup trop tard. Conçue dans les ateliers de Raoul Teilhol, la Rodéo resta dans l’ombre de sa rivale, la Mehari. La Rodéo qu’il est en train de retaper semble sortie de l’atelier. La capote est impeccable, d’une belle couleur noire et les parties en fibre de verre sont recouvertes de peinture vert sapin. Il est en train de fixer une roue, dont la largeur du pneu me fait penser à celle d’un vélo. La voiture sera remise à son propriétaire dans quelques jours, m’annonce-t-il. Je lui souhaite une bonne continuation par un « tout de bon » qui lui fait lever un sourcil – c’est une expression typiquement suisse – et je rejoins Stefano, toute excitée par cet échange.
Il ne nous reste plus qu’à rentrer sous un beau ciel bleu ! Voici d’ailleurs une belle vue du puy de l’Enfer et de la narse d’Espinasse.
Et comme le camping jouxte le puy de la Combegrasse, nous ne pouvons nous empêcher de gaspiller quelques pixels supplémentaires.
Le beau temps semble définitivement installé. Nous nous offrons une bière locale sur la terrasse de la réception, profitant de la vie et des derniers rayons de soleil.
Les attrape-mouches ont diligemment piégé une dizaine d’insectes. Et comme la température extérieure est plus élevée, nous arrivons à chasser quelques mouches dehors. Il n’en restera qu’une demi-douzaine qui, contre notre gré, passeront la nuit avec nous.
Flore du jour

Itinéraire du jour
C’est ici et c’est sur Wikiloc.
Autoportraits du jour
D’abord le mien, d’où ma crispation, au sommet du puy de Monténard.
Puis celui réalisé par Stefano, beaucoup plus décontracté.