La Brèche de Roland depuis le Col de Tentes

Le ciel est azur ce matin, la journée parfaite pour cette randonnée tant attendue que nous avions prévue au programme de nos vacances : aller à la brèche de Roland, cette impressionnante entaille naturelle de 40 mètres de large et 100 mètres de haut environ, située à la frontière entre la France et l’Espagne.

Alors qu’il y a deux jours, nous sommes allés au col de Tentes en montant à pied depuis Gavarnie par le plateau de Bellevue, ce matin nous nous y rendons confortablement installés dans notre camping-car, en montant par la route qui mène à la station de ski de Gavarnie, et qui continue ensuite jusqu’au col.

Lorsque nous arrivons vers 9h15, l’ample parking est déjà pas mal occupé mais nous trouvons sans problème une place pour stationner la « bête ».

La première partie de la randonnée, consiste à rejoindre le port de Boucharo par l’ancienne route départementale D923.

Tiens, ça change de l’autre jour, lorsque nous sommes passés par ici dans le brouillard…

Arrivés au col, nous empruntons le sentier vers la brèche.

Le sentier est large et bien tracé, signe qu’il est très fréquenté. Par ailleurs, nous ne sommes pas seuls ce matin, et devons parfois faire preuve de patience pour prendre des photos sans personne.

On voit bien l’ancienne route D923 ainsi que le sentier, au-dessous, qui monte au col depuis le plateau de Bellevue.

Les paysages sont variés, le sentier alternant passages sur terre et rochers.

Ici, nous venons de traverser un pierrier.

(sens contraire de la marche)

Nous rejoignons le sentier qui part de la vallée d’en bas, à quelques centaines de mètres de la cabane des Soldats.

Lors de la préparation de cette randonnée, nous avions lu que la difficulté majeure de cet itinéraire, consiste à traverser le torrent qui déverse les eaux en provenance du glacier du Taillon. En réalité, ce n’est ni compliqué ni dangereux, mais il y a le risque que ça bouchonne un peu s’il y a du monde.

Marie-Catherine s’apprête à traverser la rivière impétueuse.

Ouf, c’est chose faite.

(sens contraire de la marche)

Le sentier monte et se fait plus raide, et par ailleurs quelques lacets sont encore recouverts de neige.

Alors que nous approchons du col des Sarradets, nous sommes récompensés par une belle vue sur le glacier du Taillon (ou ce qu’il en reste). En haut sur la crête, l’on remarque une sorte de « protubérance », qui est nommé doigt de la Fausse Brèche. Spoiler : ce sera à cet endroit que nous nous installerons pour le casse-croûte.

Arrivés au col, à 2589 mètres, nous apercevons le refuge des Sarradets, notre prochaine étape, ainsi que la brèche de Roland.

Zoom sur la brèche de Roland pris depuis le refuge des Sarradets.

Nous devons avouer que la brèche est impressionnante. Comme nous l’évoquions plus haut, il s’agit d’entaille naturelle, bien que la légende contée dans la chanson de Roland (composée vers 1100), voudrait qu’elle ait été creusée par le chevalier Roland, présenté comme étant le neveu de Charlemagne, alors qu’il essayait de briser sa mythique épée Durandal, pour éviter que cette dernière ne tombe aux mains de Sarrasins.

Comme on peut le voir, il y a encore de la neige à proximité du refuge.

Le sentier remonte la moraine du glacier. Nous opterons pour la variante la plus difficile, qui consiste à monter tout droit dans la pierraille, alors que d’autres préfèrent prendre le sentier plus doux qui comporte quelque lacets.

Et c’est parti !

(sens contraire de la marche)

Allez, il suffit de monter tout droit…

Nous faisons visiblement des émules, car d’autres suivent nos pas au lieu de prendre les lacets que l’on voit sur la gauche.

(sens contraire de la marche)

La deuxième partie du sentier va nous obliger à marcher sur un névé. Oups, on dirait qu’il y a du monde à la Brèche !

Voici une jolie vue sur la face sud du pic des Sarradets. Lorsque nous approchions du refuge, nous avons croisé des personnes équipées de cordes, baudriers et mousquetons. Peut-être allaient-elles escalader cette montagne ?

(sens contraire de la marche)

Étant donné que nous sommes dépourvus de crampons, nous avançons lentement en posant les pieds dans les pas des autres, et pouvons aussi compter sur nos bâtons pour nous aider à progresser.

Il y a un passage assez raide vers la fin, qui demande un peu plus d’attention.

La vue est néanmoins extraordinaire.

(sens contraire de la marche)

Stefano est tout sourire car non seulement nous avons franchi le névé sans nous casser la gueule, mais nous avons surtout atteint la mythique brèche de Roland.

Stefano tout sourire à la Brèche de Roland, Gavarnie.

Nous voici sur la brèche, à 11h50. Tiens, la majorité des personnes que l’on croise, parle espagnol.

On dirait que le côté espagnol est plus aride.

Un sentier part en direction du pic du Taillon et nous décidons d’aller dans cette direction, question d’explorer un peu le coin.

Le sentier longe la falaise, ce qui n’est pas forcément du goût de Marie-Catherine. Mais cela ne dure pas trop longtemps car quinze minutes plus tard, nous arrivons en vue du fameux doigt de la Fausse Brèche que nous avions observé depuis le col des Sarradets.

C’est ici que nous nous posons pour notre casse-croûte. Alors que nous sommes tranquillement installés, voilà qu’arrive un groupe de jeunes, joyeux et débordants d’énergie, avec qui nous échangeons quelques mots. L’un d’entre-eux, et sans doute le plus drôle du groupe, est habillé en rouge et noir, porte des lunettes de soleil bleu-blanc-rouge et arbore fièrement un joli béret avec le blason du Stade Toulousain. D’autres nous avouent que c’est leur première randonnée dans les Pyrénées, et qu’ils sont très contents d’être là. Chouette !

Marie-Catherine aurait voulu que l’on continue sur le chemin, mais Stefano préfère que l’on revienne sur nos pas car il n’a pas eu le temps d’étudier l’itinéraire vers le pic du Taillon. Après vérification, il s’avérera que l’accès au Taillon ne présente pas de difficultés majeures et qu’il était tout à fait dans nos cordes. Super, nous avons une excuse pour revenir !

Il est presque 13h lorsque nous reprenons le chemin du retour.

La brèche est cachée quelque part par-là sur la gauche, et, au bout de la barre rocheuse, l’on peut voir le casque du Marboré, un sommet de plus de 3000 mètres d’altitude.

La brèche qui est maintenant en vue, par ailleurs.

La voici.

La Brèche de Roland côté espagnol.

Allez, une dernière avant d’entamer la descente côté français.

Stefano est très content d’avoir pu venir par ici.

Alors que sur le névé, Marie-Catherine est plus que jamais déterminée à peaufiner sa technique de descente sur les fesses inaugurée au Mount Rainier

Stefano seul au monde !

Une jolie vue sur le pic de Marboré et le glacier de la Cascade, qui surplombe la cascade de Gavarnie.

Pour la descente vers le refuge, nous choisissons cette fois la variante la plus facile, qui comporte des lacets.

Marie-Catherine très concentrée dans la descente car ici c’est assez raide. Quelques-unes des personnes que l’on voit devant nous, ont par ailleurs pu confirmer que la gravité existe, mais fort heureusement sans casse.

Nous approchons du refuge. Sur la partie de gauche, l’on peut encore voir les dégâts subis en 2019, lorsqu’une avalanche provenant du cirque surplombant le refuge, a arraché plusieurs pans du bardage en acier de la nouvelle extension, alors que les travaux d’agrandissement du refuge n’étaient pas encore terminés.

Allez, une dernière photo du pic de Marboré avec la cascade, est c’est parti.

Le col des Sarradets.

Nous entamons la descente vers la « cascade ».

Mais il y a encore un palier à descendre juste avant.

Nous approchons de la « cascade ». Il faut avouer que cette après-midi, il y a bien plus d’eau qui coule que ce matin, peut-être à cause de la chaleur qui fait fondre la neige du glacier ?

Le passage plus délicat se trouve par ici.

C’est par ailleurs à ce moment que nous faisons une rencontre très touchante, qui restera gravée dans nos mémoires pour toujours, avec un couple qui s’exprime dans un mélange d’anglais et d’une langue slave.

Stefano aide la dame, qui n’a pas l’air rassurée, à traverser la rivière en la prenant par la main, alors que son mari l’aide en la tenant par l’autre main. Parfois, il faut aussi l’aider à poser les pieds au bon endroit pour éviter qu’elle ne glisse.

Après le passage difficile, nous décidons de faire un bout de chemin avec eux.

Le monsieur, d’origine roumaine mais habitant le Royaume-Uni depuis des années, nous explique (en français), que sa femme a été atteinte d’une méningite dans son enfance, qui l’a laissée paralysée d’un côté du visage, et qui lui a également endommagé un œil. Elle ne voit donc pas en 3 dimensions. Il fait tout ce qu’il peut pour lui faire découvrir des lieux aussi magnifiques que la brèche de Roland, même si leur progression est très lente et nécessite beaucoup d’attention. C’est très attendrissant de voir à quel point il prend soin de sa femme !

Nous approchons maintenant du pierrier que nous avions traversé ce matin.

Derrière nous, le sentier que nous venons de parcourir. C’est ici que nous prenons congé de nos compagnons de route.

(sens contraire de la marche)

La rocaille fait gentiment place à l’herbe, alors que nous approchons du port de Boucharo.

Port de Boucharo que nous atteignons à 16h environ.

Il ne nous reste plus qu’à suivre la route qui mène au col de Tentes.

Nous arrivons au point de départ alors qu’il n’est que 16h30. Zut, il y avait amplement le temps pour aller au Taillon !

Du coup, pour le retour au camping, nous prenons notre temps et parcourons en mode « escargot » les 14 km de descente.

Une fois installés à notre emplacement, nous fêtons avec un délicieux apéro, notre randonnée du jour ainsi que notre rencontre inattendue avec le couple d’anglais.

Flore du jour

Géranium Cendré - Geranium Cinereum
Géranium Cendré – Geranium Cinereum
Géranium Cendré - Geranium Cinereum
Géranium Cendré – Geranium Cinereum
Chardon fausse Carline -Carduus carlinoides
Chardon fausse Carline -Carduus carlinoides

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est sur Wikiloc.

Autoportraits du jour

À la brèche de Roland.

Stefano et Marie-Catherine à la Brèche de Roland, dans les Pyrénées.

Au doigt de la Fausse Brèche, à l’heure de déjeuner.

Au même endroit.

Références externes

   
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À propos de Stefano

J’ai grandi dans une petite ferme de Suisse italienne, où j’ai passé les 20 premières années de ma vie. De cette époque désormais lointaine, j’ai gardé une passion pour la nature et les activités en plein air.

Je suis randonneur dans l’âme, photographe amateur et je contribue à l’amélioration de notre site, à la fois en termes de design ou de fonctionnalités. Aussi, je m’occupe de la préparation de nos aventures, de la logistique et du choix des itinéraires de randonnées.

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