Nous laissons Aydat pour le Mont-Dore et la région du Puy de Sancy. Pour cette journée de transition, nous parcourons le plateau de Guery, remarquable par ses vastes prairies, ses sentiers multi-pistes, ses puys et terminé, à l’ouest, par la banne d’Ordanche. Le dépaysement est total.
Nous quittons le camping vers 9h30, très contents de la manière dont nous gérons la préparation au départ. Tout est arrimé avec soin et notre check-list vérifiée deux fois. Better safe than sorry nous semble l’adage idéal.
Nous quittons avec regret le camping des Volcans, après nous être arrêtés à la réception remercier une fois de plus Florian et Stéphanie pour la qualité et la propreté des infrastructures. Sans parler du sourire qui ne les quitte jamais.
Notre destination finale est le village de Mont-Dore et son camping municipal mais nous ferons étape au col de Guery pour contempler la roche Tuilière et la roche de Sanadoire depuis le point de vue du parking pour ensuite partir en randonnée vers la Banne d’Ordanche.
Les voici, ces deux rochers, encadrant la vallée glaciaire de Fontsalade. La brume est encore plus épaisse qu’hier.
Souvent appelées les deux sentinelles du lac de Guery, des deux roches, d’origine volcanique, se sont formées il y a 2,2 et 1,8 millions d’années. Les roches Tuilière et Sanadoire sont des protrusions, définies comme suit par Futura-Sciences.
Une protrusion se forme donc dans un contexte éruptif particulier, lorsque la lave a une viscosité si extrême qu’elle a du mal à remonter dans la cheminée volcanique. La progression très lente de la lave va engendrer un bouchon solide dans les conduits, menant à un refroidissement lent du magma bloqué en dessous. Ce bouchon va remonter doucement comme un immense piston sous la pression de la lave continuant d’alimenter le conduit en profondeur et mener à la formation d’une protrusion.
La roche Tuilière, à gauche sur la photo ci-dessus, fut exploitée pour sa lauze qui était utilisée pour la couverture des toitures, d’où son nom. Du fait du lent refroidissement de la lave, les prismes réguliers composant la roche se délitent en plaques minces et régulières. La roche Sanadoire n’est pas en reste car constituée de roche « sonnante » – la phonolite -. Un château, réputé imprenable, était construit au sommet de cette dernière jusqu’à l’effondrement de la partie sommitale de la roche, dû certainement au tremblement de terre de 1477. Il ne reste aucune trace de ce château, qui servit de repaires aux mercenaires amenés par les anglais durant la Guerre de Cent ans.
Nous quittons le parking et les badauds et partons vers le plateau de Guery. En hiver, le plateau est aménagé pour le ski de fond. Aujourd’hui, point de neige, mais un tracé préparé par Stefano pour une balade suffisamment courte pour nous permettre de rejoindre Mont-Dore pas trop tard dans la soirée et avoir ainsi le temps de nous installer.
Il nous faut d’abord nous élever un peu.
Une fois sur le plateau, le sentier rejoint une piste et l’horizon s’ouvre.
Des vaches nous regardent nonchalamment passer. Me reviennent les définitions « élevage intensif » et « élevage extensif » apprises à l’école primaire. Ici, en Auvergne, l’élevage extensif prime.
Au bout de la route, un sentier se sépare en direction du puy Loup. Sur la gauche, il nous semble discerner des habitations.
Il s’agit de la Ferme du Puy May, partiellement détruite par un incendie. Avant de brûler, elle avait été abandonnée après avoir servi de base au Centre National de Vol sans Moteur de la banne d’Ordanche dans les années 30 avant d’être reconvertie en colonie de vacances. Le vol à voile était décidemment une histoire ardéchoise !
La montée au puy Loup comment en parcours d’obstacle.
Puis se transforme en une montée douce et tranquille en suivant les deux ornières laissées par le passage répété d’un véhicule.
Les gentianes jaunes colonisent petit à petit les prairies. Ce qui n’est pas pour nous déplaire, depuis que nous savons que le bétail adore leur croquer la tête. Alors que nous pensions avoir atteint le sommet, le sentier se prolonge vers un autre mamelon.
Encore un petit effort ! Au sommet trône un abri – la tour du puy Loup – de forme cylindrique. Au loin, nous apercevons la banne d’Ordanche, notre prochain objectif.
L’abri est ouvert, propre mais rustique.
Le sentier se dirige vers le col de Saint-Laurent pour, plus loin, mener à la banne d’Ordanche.
Cinq cents mètres plus loin environ, le sentier traverse un enclos de bois, au milieu duquel s’érige une borne. Et pas n’importe quelle borne ! C’est la borne des 4 seigneurs, qui marque la jonction des communes Perpezat, Laqueuille, Murat-le-Quaire et Le Mont-Dore. Rien que ça !
Au début, nous pensons que les 4 blasons, sur chacun des côtés, sont identiques, car les deux premiers que nous voyons sont divisés en quatre. Mais en y regardant de plus près, ils sont tous différents. Je ne décrirai que celui Le Mont Dore car c’est notre prochaine destination.
Écartelé: au 1er d’or au gonfanon de gueules frangé de sinople, au 2e d’azur semé de fleurs de lis d’or, à la tour d’argent brochante, au 3e d’argent à trois flanchis d’azur, au 4e de gueules à la corne d’abondance cousue d’azur déversant des flots d’argent et surmontée d’un mont isolé de trois coupeaux d’or.
Source : L’Armorial des Villes et des Villages de France.
Si nous avions un doute, la banne d’Ordanche, c’est par là, nous indique le panneau peint de rouge. Nous nous étonnons du changement de couleur assez brusque des prés. De vert, ils passent au jaune vif et nous avons hâte de connaître la fleur responsable de cette coloration.
Il s’agit tout simplement de fleurs de pissenlit !
Nous adorons ces paysages ouverts sur l’infini…
Nous voici au pied de la banne. Le mot « banne » signifie, ici dans la région, « montagne à sommet abrupt ».
Le terrain devient un peu plus intéressant, nous forçant à regarder où poser le pied.
Les derniers mètres se font par un escalier de bois.

Pour rentrer, Stefano me propose un autre itinéraire qui commence par une descente abrupte, le long d’une clôture avant de s’assagir pour mieux remonter.
Cet itinéraire a l’avantage de nous offrir une vue différente de la banne d’Ordanche et de ses éboulis.
Ici, sur le plateau de Guéry, les clôtures se franchissent avec des échelles. Le signe blanc et rouge est le marquage utilisé pour les GR, les chemins de grande randonnée.
Nous longeons ainsi le bord ouest du plateau pour arriver au sommet du puy Gros.
Nous en descendons rapidement, car, soyons honnête, ce puy est tout à fait banal.
C’est le sentier qui en repart qui lui, n’a rien d’habituel : de loin, il ressemble à de la dentelle, ses lignes parallèles ondulant dans les prés.

Lorsque la banne d’Ordanche n’est pas visible, je perds tout sens de l’orientation et suis incapable de pointer la direction du parking. Le dépaysement est total.

Je me laisse donc guider les yeux fermés (c’est une façon de parler, bien sûr) et suis toute surprise lorsque nous arrivons dans une forêt.
Le sous-bois est recouvert de pétasites, aisément reconnaissables à leurs larges feuilles.
Nous arrivons au parking tandis qu’un bus déverse un flot de voyageurs qui se dirige vers le point de vue. Le van est toujours là et nous sommes agréablement surpris de la température encore fraîche à l’intérieur.
La lumière est un peu différente de ce matin et les roches Tuilière et Sanadoire sont un peu plus photogéniques, à condition de faire abstraction des mouches !
15h30. Nous sommes pile dans les temps. Nous partons vers Mont-Dore et son camping municipal où nous trouvons un chouette emplacement, non loin des sanitaires. Nous y resterons pour les 3 prochaines nuits.
Itinéraire du jour
C’est ici et c’est sur Wikiloc.
Autoportraits du jour
Sur le parking du point de vue des roches Tuilière et Sanadoire. Je reconnais, on ne voit pas grand-chose.
Mieux ! Mais ciel, que l’horizon est bouché !
Au sommet de la banne d’Ordanche.