Boucle du Sancy depuis Mont-Dore

Nous sommes pour quelques jours à Mont-Dore, une station thermale du Massif Central, située au pied du puy de Sancy. Partis du camping L’Esquiladou, nous effectuons le tour des crêtes entourant le village, empruntant une portion de l’itinéraire dit de la Boucle de Sancy. Les paysages sont splendides. Entre le roc de Cuzeau et le pic du Capucin, nous enchaînons les puys, puy des Crebasses, puy de Cacadogne, puy Redon, … mais ignorons le puy de Sancy, craignant de manquer de temps.

Nous partons du camping à pied. Dans la mesure du possible, nous souhaitons éviter de déplacer le van tous les jours, sachant que, vers la fin de notre séjour, nous n’aurons pas le choix, les départs de sentiers étant trop distants de notre lieu de résidence.

Nous traversons un petit bout de forêt avant d’arriver sur la D996. Le village de Mont-Dore est en contrebas, déjà baigné de soleil.

Stefano me montre les crêtes qui le surplombent et me dit : voici notre terrain de jeux du jour. Il commence à gauche avec le roc de Cuzeau et se termine à droite avec le pic du Capucin. Wow, quel programme !

Nous marchons 200 mètres sur le trottoir, au bord de la départementale, avant de traverser pour nous engager sur un large chemin, le chemin de Melchi-Rose, parfois écrit Melchi-Roze.

Ce chemin est un lieu réputé de promenade car ombragé et accessible. Il fut inauguré en juin 1892, à l’époque glorieuse où les artistes de la Belle Epoque se retrouvaient au Mont-Dore pour prendre les « eaux ». Il fut sponsorisé par quatre concerts donnés gratuitement par deux artistes, le baryton Léon Melchissédec et la cantatrice Marie Roze.

Il se termine pour faire place à un sentier, et la bifurcation est marquée par une pierre sculptée.

La pente se durcit légèrement et après quelques virages, nous arrivons au bas de la Grande Cascade.

Je profite de l’onde pure pour tremper mon tee-shirt, que je réenfile, dégoulinant. Tôt ou tard, nous allons sortir de la forêt et de l’ombre bienfaisante qu’elle procure.

Mais pour l’heure, un escalier de fer nous aide nous élever au-dessus de la falaise.

Vue du village de Mont-Dore, juste avant que nous ne sortions de la forêt.

Nous commençons alors à deviner la crête. Le chemin, tracé dans les prés, longe des clôtures.

Les myrtilliers et rhododendrons se mélangent à l’herbe, prenant souvent le dessus.

Stefano me décrit le chemin à parcourir d’un ample mouvement circulaire de bâton. Il commence à gauche et finit à droite, hors du champ de la photo ci-dessus. J’ai de la peine à croire qu’une telle distance puisse être couverte en une journée. Je ne dis rien mais passe un message silencieux à mes jambes : vous n’avez qu’à bien vous tenir aujourd’hui !

Un troupeau de moutons occupe le sentier. Nous repérons un chien, plus occupé à courir derrière une bête récalcitrante qu’à venir nous croquer les mollets.

Ils sont drôles, ces moutons, avec leur tatouage coloré dont la forme et l’emplacement varient. Nous comprenons fort bien l’utilisation de couleurs différentes pour l’identification des propriétaires. Pour le reste, c’est un peu plus mystérieux. Une personne rencontrée sur le sentier nous a affirmé que ces deux variables permettent de différencier le sexe et l’âge du mouton. Nous n’en n’avons trouvé aucune confirmation lors de nos recherches sur le net.

Oops, nous n’avons pas vraiment contourné le troupeau, mais coupé dedans, doucement et sans brusquer les bêtes…

Nous montons maintenant en direction du roc du Couzeau. Rien ne filtre les rayons du soleil, si ce n’est cette brume qui, au lieu de les atténuer, semble les intensifier. Sur notre gauche, vers l’est, le puy de l’Angle. Stefano m’en promet une visite, demain.

Le sentier n’est pas agressif et se hisse graduellement, via de longues traversées, vers le sommet du roc du Cuzeau.

Au sommet, marqué d’un poteau de bois, deux femmes assises sur des pierres discutent et des centaines de mouches volètent, agaçant gratuitement le randonneur suant et collant. Entre deux mouvements vifs de mains pour nous débarrasser des intruses, nous saisissons d’une oreille des brides de conversation entre les deux randonneuses, dont l’une affirme que les tisanes de tilleul frais ont le même pouvoir excitant que le café. Nos yeux, en revanche, sont rivés sur le sentier qui se déroule à l’infini, longeant la crête, disparaissant brièvement pour réapparaître bientôt, lascif et rassurant.

Nos yeux brillent : nous sommes conquis.

Au col de Cuzeau, qui sépare le roc éponyme du puy des Crebasses, le terrain est plus accidenté et l’érosion découvre la roche. Durant un instant, l’atmosphère change et devient minérale.

Mais très vite nous retrouvons la douceur de la terre et la régularité du sentier qui s’étire dans la prairie.

Nous jetons un coup d’œil derrière nous. Le roc de Cuzeau, qui semble si doux du côté nord, mérite bien son nom de roc lorsque contemplé du côté sud.

(sens contraire de la marche)

Midi a sonné depuis longtemps lorsque nous franchissons le puy de Cacadogne. Il est temps de penser à la pause mais le petit promontoire que nous visions pour l’arrêt sandwich est occupé. Nous trouvons deux pierres non loin du sentier et nous y installons.

Moi, en contemplation du puy de Cacadogne, béate, le ventre plein.

Derrière moi, la vallée de Chaudefour, une réserve naturelle. Stefano m’y promet deux excursions ces prochains jours.

Nous nous remettons en route. Sans doute à cause de la proximité du téléphérique, les sentiers sont plus fréquentés donc abîmés et un énorme effort de restauration a été fourni il y a quelques années, comme ici, au col de la Cabane.

Les balafres des remontées mécaniques sont maintenant bien visibles. Sans parler des pistes permettant l’accès aux engins d’entretien. L’apparence du sentier qui monte au puy de Sancy, par son côté est nous rebute et nous choisissons l’itinéraire qui coupe son flanc et rejoint l’autre côté, là où se trouve l’arrivée du téléphérique.

Depuis la station d’arrivée, des escaliers permettent de rejoindre une bifurcation. Sur la gauche, ils continuent pour monter au sommet du puy de Sancy et sur la droite, un sentier part sur le fil de la crête. A cause de l’heure – il est presque 14h – et peut-être également à cause du nombre de badauds, nous renonçons à grimper jusqu’au sommet du puy de Sancy. Il faut dire aussi que l’endroit grouille de mouches qui, bien qu’inoffensives, tournent autour de nos visages, n’hésitant pas à pénétrer dans nos oreilles ou nos narines. Nous réduisons notre conversation au strict minimum, peu désireux d’en gober quelques unes.

Au départ du sentier, un panneau en déconseille l’accès aux personnes montées en téléphérique, légèrement vêtues et chaussées. Le dessin est complété par un symbole de danger.

De l’autre côté de la crête, côté sud, le relief est beaucoup plus accidenté. Des aiguilles pointent vers le ciel : ce sont les aiguilles du Diable, un ensemble de dykes avec une structure en orgues volcaniques.

Et c’est vrai qu’à partir de cette bifurcation la largeur du sentier se rétrécit.

Un passage nécessite l’utilisation des mains et une chaine sécurise quelques mètres de descente.

Je vous laisse apprécier la quantité d’objets volants parfaitement identifiés.

(sens contraire de la marche)

Nous ignorons un sentier déviant sur la droite, qui grimpe sur le puy Redon.

Au col de Courre, nous discutons un moment d’hydrographie avec un couple de Belges. Notamment de la Dordogne, qui traverse le village de Mont-Dore et qui devient Dordogne lorsque deux torrents, la Dore et la Dogne, nés sur les flancs du puy de Sancy, se rejoignent. Elle traverse ensuite d’est en ouest la France pour terminer dans l’estuaire de La Gironde, avec la Garonne.

La dame a chuté lors du passage délicat de tout à l’heure et le sang a déjà traversé le bandage serré sur son genou. Nous lui offrons une belle longueur de Tensaplast pour le refaire.

Ils continuent par le val de Courre pour raccourcir un peu leur trajet tandis que nous poursuivons sur la crête.

Nous nous retournons de temps à autre pour observer leur progression. Sur notre droite, la pente qui descend vers le val de Courre est recouverte de pulsatilles soufrées. Nous n’avons jamais vu une telle concentration.

(sens contraire de la marche)

Le puy de Cliergue est la dernière grimpette avant le pic du Capucin et notre descente vers Mont-Dore.

Au moment de commencer la montée vers le pic, nous sommes rejoints par un groupe d’enfant, casque attaché au sac à dos et baudrier entourant leurs cuisses. Ils sont tout excités à l’idée de l’aventure qui les attend, à savoir une via ferrata. Nous nous réjouissons pour eux.

Que dire du pic des Capucins ? Heu, rien. Si ce n’est les deux saguaros fleuris plantés qui apportent une touche un peu délirante.

Nous redescendons au milieu d’un autre groupe d’enfants qui se dilue et que nous retrouverons sporadiquement sur la piste forestière qui revient vers le village. Ils s’arrêtent à un grand bâtiment, qui ressemble à une colonie de vacances, nous laissant seuls continuer vers Mont-Dore. Nous arrivons à l’extrême sud du village et le camping est à deux kilomètres, à l’extrême nord. Le GPS perd un peu les pédales lorsque nous entrons dans une petite épicerie Casino pour acheter des panachés sans alcool et des cacahuètes. Nous repartons en croquant une belle pomme rouge et juteuse, nous imaginant déjà confortablement assis autour de l’apéro, nous remémorant les magnifiques paysages découverts aujourd’hui.

Flore du jour

Oui, elle porte mal son nom car, contrairement au Jura, en Auvergne, elle est toujours violette.

Pensée Jaune - Viola Lutea
Pensée Jaune – Viola Lutea
Anémone pulsatille des Alpes - Pulsatilla Alpina
Anémone pulsatille des Alpes – Pulsatilla Alpina
Pulsatille soufrée - Pulsatilla Alpina subsp. apiifolia
Pulsatille soufrée – Pulsatilla Alpina subsp. apiifolia
Centaurée des Montagnes - Centaurea Montana
Centaurée des Montagnes – Centaurea Montana

C’est une première ! Nous avons trouvé cette fleur dans la forêt, en redescendant sur Mont-Dore.

Pavot d'Islande - Papaver Croceum
Pavot d’Islande – Papaver Croceum
Pavot d'Islande - Papaver Croceum
Pavot d’Islande – Papaver Croceum
Pavot d'Islande - Papaver Croceum
Pavot d’Islande – Papaver Croceum

Itinéraire du jour

C’est ici et c’est sur Wikiloc.

Autoportraits du jour

A la Grande Cascade, au-dessus de Mont-Dore.

Juste après le roc de Cuzeau, avant la remise en route suite à la pause pique-nique.

Quelque part sur les crêtes, entre le col de Cuzeau et le col de la Cabane, avec le puy de Sancy derrière nous. Ou, du moins, l’arrivée du téléphérique.

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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