Zabriskie Point

Il y a toujours une première fois. Aujourd’hui, c’est notre première randonnée dans la Vallée de la Mort, en Californie. Nous partons de Zabriskie Point par le Golden Canyon et revenons via le Gower Gulch. Le paysage est lunaire, sensation exacerbée par l’absence de végétation.

Mais avant cela… Ce matin, à Las Vegas, le réveil nous a sortis de notre sommeil à 5h45. Nous ouvrons les rideaux et le ciel est… noir. Mince, il fait encore nuit !

À 7h15, nous fermons les portières de la voiture et partons en direction de la Death Valley, en Californie, par la State Route 160 (NV-160), soit 115 miles (environ 185 km). Le ciel est bleu, le soleil brille mais la température dépasse à peine 0° C. Selon les endroits, elle est même négative. Le vent, déjà fort hier, a redoublé de violence et deux ou trois fois la voiture est déportée à cause d’une rafale plus costaude que les autres.

Nous nous arrêtons à Pahrump, toujours dans le Nevada, pour prendre de l’essence et surtout gonfler les pneus. Le froid en a réduit la pression et la voiture pigne. En fait, elle se plaignait déjà hier, lorsque nous en avons pris possession, mais bon… les loueurs de voitures sont ce qu’ils sont.

Lorsque nous ouvrons les portières, un air glacial nous accueille. Nous qui voulions fuir la chaleur de Houston, sommes servis.

Impossible de se servir de l’appareil pour gonfler les pneus. Après y avoir mis les 1.50 USD requis, nous nous rendons compte que le tuyau est coincé et ne sort que de quelques centimètres. Crap ! Le pompiste nous dira que des adolescent s’amusent à sortir le tuyau et à y faire des nœuds. Y’a des claques qui se perdent, je vous dis. Nous nous rabattons sur un vendeur de pneus qui nous ajuste gracieusement la pression.

Nous reprenons la route, passons un petit panneau minable qui nous annonce que nous sommes en Californie. Certes, ce n’est pas la première fois que nous allons en Californie, mais c’était avant la naissance des Two Swiss Hikers.

Nous y sommes… Enfin presque… Nous sommes à l’entrée du parc.

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Il me faut encore quelques minutes de patience pour atteindre notre destination : Zabriskie Point. Depuis que nous sommes partis, je bats des mains à intervalle régulier. C’est que je suis TELLEMENT contente ! Stefano, philosophe, attend que ça passe.

Le parking est bien occupé et les places libres se paient chères. Nous attendons quelques minutes et profitons du départ d’une voiture.

La première opération consiste à enfiler nos leggings, puis, pour moi en tout cas, protéger les oreilles. Après, nous prenons notre temps pour nous préparer : chaussures, allumage du Garmin, vérification des appareils photo, … bref, notre routine.

J’ai ressorti ma softshell WildRoses, achetée pour notre ascension du Kilimandjaro en 2012. Elle était au fond de l’armoire, oubliée depuis… presque 3 ans. C’est la couche idéale. Coupe vent, elle retient un peu la chaleur et n’entrave pas les mouvements. Que du bonheur.

Le view point est surpeuplé. Nous n’y restons que quelques minutes, le temps de chercher le départ du sentier. Bon, sur ce coup-là, nous ne faisons pas très fort et partons sur un sentier à priori fermé.

Voilà notre terrain de jeu du jour.

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Idyllique, n’est-ce pas ? Nous suivons le sentier visible sur la photo ci-dessus mais nous nous rendrons compte que le réel sentier est au fond d’un wash.

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Honteux et contrits d’avoir bravé un interdit, nous le rejoignons au plus vite.

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Ce qui nous surprend le plus, c’est l’absence totale de végétation. Pas un seul brin d’herbe. Le désert absolu.

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Nous nous retournons. Zabriskie Point est là, au loin. Sur la dune la plus haute, quelques silhouettes sont discernables.

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Les rangers sont en pleine réfection de panneaux indicateurs. Celui va vraisemblablement être mis à la retraite car il gît au sol. La balade du jour est une boucle : nous allons rejoindre la route qui longe la vallée via le Golden Canyon puis revenir par notre point de départ le Gower Gulch.

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La fameuse vallée citée plus haut est visible sur la photo ci-dessus : elle est parsemée de grosses taches blanches, qui sont des résidus de sel.

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On peut également y constater les effets du vent : ce qu’on pourrait croire être de la brume est en fait du sable soulevé par le vent dont la force est toujours importante. La preuve… Je suis emmitouflée et si je n’ai pas les gants c’est uniquement parce que les manches de ma softshell sont suffisamment longues pour me protéger les mains.

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La première partie de la balade consiste à rejoindre ce grand pic blanc, sur la droite.

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Au gré du sentier, nous marchons sur les crêtes des dunes puis descendons abruptement dans un wash pour le suivre sur quelques centaines de mètres. Nous soupçonnons les rangers d’en avoir pensé le tracé afin qu’il dénature le moins possible le paysage. Le plus souvent au fond des wash, car là, toute trace de passage est effacée avec la pluie. C’est moins scénique pour le randonneur mais il est vrai que sur les crêtes, la balafre du sentier est visible à des kilomètres.

Difficile d’imaginer des mineurs s’affairant et travaillant ici. Pourtant, de 1882 jusqu’aux années 1920s, l’activité minière fut assez intense. Le minerai extrait était le Borax, utilisé par exemple dans la fabrication de fibre de verre, détergents, poterie, … Zabriskie Point tire sont nom de Christian Brevoort Zabriskie, qui fut le vice président de la société Pacific Coast Borax Company qui exploitait des travailleurs chinois, traités à l’époque comme de véritables esclaves.

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Nous marchons tranquillement, émerveillés par la beauté du paysage. Si durant quelques-unes de nos randonnées dans les wilderness areas du Nouveau Mexique comme De-Nah-Zin ou Bisti, nous avons pensé marcher sur la lune, ici l’impression est vraiment réelle, exacerbée par l’absence de tout organisme vivant.

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Ceci dit, ce n’est pas tout à fait vrai. Nous croisons sporadiquement des personnes. Utiliser le terme randonneur serait erroné car en l’absence de sac à dos et même d’eau, seul le mot « touriste » nous vient à l’esprit. Beaucoup d’entre eux sont des asiatiques… Chinois, dirions-nous.

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Un wash un peu plus conséquent abrite quelques buissons… Oui, nous sommes encore sur Terre !

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Nous sommes maintenant au pied du pic blanc. La lumière du soleil se reflète sur la pente, nous aveuglant presque.

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Voici d’où nous venons…

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Nous poursuivons notre chemin et prenons un peu de recul.

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Sur notre droite, au pied d’une falaise rose, une tâche attire notre attention. Un humain ? Des traces de pas quittent le sentier pour suivre un wash, allant dans cette direction.

N’étant pas vraiment à court de temps, nous partons en exploration.

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Le wash se rétrécit. Nous avons même droit à un peu de scrambling. Sans surprise, nous arrivons au pied de la falaise.

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De là, la vue est extraordinaire. Malheureusement à l’ombre, toute une partie du flanc de la montagne est striée obliquement de bandes de sable multicolore.

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Nous suivons la crête pour redescendre et rejoindre le sentier officiel.

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Nous voici de retour dans le droit chemin… Peut-être échapperons-nous à l’enfer.

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Nous tentons une autre escapade dans un canyon parallèle mais sommes très vite arrêté par l’étroitesse de ce dernier.

Dommage, les couleurs sont extraordinaires.

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Nous croisons de plus en plus de personnes, touristes pourrais-je dire. Nous ne sommes sans doute plus très loin du parking de Golden Canyon.

Bingo !

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Au loin, la Badwater Road s’étire à perte de vue.

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Nous longeons la route sur quelques centaines de mètres afin de rejoindre l’entrée du Gower Gulch.

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Le Gower Gulch en question. Le sentier s’enfonce, par là.

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À quelques mètres la route. Pas de pont. Ce qui veut dire que lorsqu’il pleut, la route est impraticable.

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Un premier raidillon nous permet de passer un pour-off. Quelques mètres nécessitent l’utilisation des mains et d’avoir de graaaaaaaaandes jambes. Que faire si les jambes sont petites ? Accepter la main tendue de Stefano qui me permet de passer la difficulté dignement.

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Nous nous rendons vite compte que le retour sera bien moins scénique que l’aller. Il semble bien que nous allons rester dans le wash.

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C’est pour cela que, sitôt que nous voyons un sentier monter sur une crête, nous nous sentons presque obligés de le suivre…

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Un vrai bonheur. Le sentier traverse le flanc de la montagne. C’est un peu aérien mais tellement beau.

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Hélas. Une fois sur la crête, le sentier redescend pour rejoindre le parking. Tant pis.

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Nous faisons un autoportrait, un panorama et revenons sagement sur nos pas.

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Une entrée de mine de borax. Lorsque nous nous approchons de la porte, nous sentons de la chaleur en sortir.

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Dès lors, la prise de photo devient un véritable casse-tête. Le soleil se rapproche de plus en plus de l’horizon et allonge les ombres. Avec nos grands angles, prendre une photo sans s’attraper la tête ou un bout de corps devient mission impossible.

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Une fois de retour au parking de Zabriskie Point, nous partons en direction de Furnace Creek puis Stovepipe Wells.

Aujourd’hui, nous dormons dans le parc, au Stovepipe Wells Village Hotel. Nous avons un peu cassé notre tirelire, mais nous n’avions pas envie de rester qu’un seul jour à Death Valley ou encore moins de faire l’aller-retour Death Valley / Las Vegas tous les jours.

La chambre est fort correcte, et une douche à l’italienne en pierre naturelle finit de nous conforter dans notre choix. Nous dînons au restaurant de l’hôtel et discutons avec un charmant couple australien. Demain, nous comptons bien nous réveiller aux aurores pour profiter d’un lever de soleil sur des dunes de sable. En parlant de sable, le marchand de sable n’a pas été en retard…

Flore du jour

Alors que nous longions la route pour rejoindre le Gower Gultch.

Une surviror…

Booth's Evening Primrose - Camissonia Boothii
Booth’s Evening Primrose – Camissonia Boothii

Autoportraits du jour

Premier de la journée… Nous venons d’atteindre le fond du wash.

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Au bas du fameux pic blanc.

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Lorsque nous avons suivi le sentier montant sur une crête, au retour.

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Devant une bière bien méritée (une bière se mérite toujours !).

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À propos de Marie-Catherine

Randonneuse, blogueuse et photographe amateur chez Two Swiss Hikers.

En phase de préparation de voyage, je m'occupe du choix voire de l'achat du matos et organise les bagages. Ma principale activité consiste à me réjouir des vacances qui arrivent ! Je deviens plus active au retour : il faut trier les photos (et des photos, il y en a...) et rédiger les billets de ce blog.

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